Electricité de Mayotte convertit son siège social à l’autoconsommation solaire

Electricité de Mayotte, société d’économie mixte chargée de la production, de la distribution et de la commercialisation de l’électricité sur le territoire de Mayotte, a démarré la construction d’une centrale photovoltaïque en autoconsommation. Installée sur son siège social, à Kaweni/Mamoudzou, elle se compose d’une ombrière de parking de 1 080 m², pour une puissance de 117 kWc, dont l’exécution a été confiée à l’entreprise spécialisée dans les ZNI, Sunzil. Le montant total du projet s’élève à 485 000 euros, dont 60 % proviennent de subventions européennes du fonds FEDER et de l’ADEME « Le taux d’autoconsommation de l’ombrière sera de 85,1 % et son taux d’autoproduction de 39 %, précise Mamadou Fofana, responsable d’activités photovoltaïques chez EDM à pv magazine France. Elle viendra compléter une centrale solaire déjà en service en injection réseau, qui déploie une puissance de 99,96 kWc pour une production annuelle de 140 MWh ».

Ces centrales entrent dans le cadre du “Plan Solaire” d’Electricité de Mayotte lancé en 2021 et dont l’objectif est de développer 11 MW supplémentaires de photovoltaïque sur l’île d’ici à 2025, principalement en toitures. Ce plan représente à terme une augmentation de 50 % des capacités actuelles d’énergie solaire de l’île (soit 22 MW). « Il s’agit d’un objectif ambitieux mais réaliste, car sur 2023, nous avons déjà 7 MWc de projets qui ont été contractualisés dans le cadre de contrats de gré à gré, d’AMI et des appels d’offres de la CRE », juge Mamadou Fofana.

A Mayotte, la PPE simplifiée sur la période 2024-2027, prévoit deux périodes d’appels d’offres par an, pour un volume total de 6,5 MWc, dont 3 MW au sol et 3,5 MWc sur toitures de plus de 500 kWc. « Toutefois, le tissu industriel sur l’île est majoritairement constitué de petites toitures qui présentent une capacité inférieure à 500 kWc et les surfaces disponibles pour des projets photovoltaïques au sol sont considérablement restreintes », fait remarquer Mamadou Fofana.

Dans le cadre de sa recherche de fonciers disponibles, le service se tourne donc vers l’agrivoltaïsme. « Sur Mayotte, l’agriPV présente un intérêt particulier, car l’île connaît une forte croissance démographique et une agriculture traditionnelle qui doit s’adapter aux nouveaux besoins de la population tout en préservant ses systèmes agroforestiers », décrit Mamadou Fofana. De fait, EDM a lancé un projet de démonstrateur agrivoltaïque qui se composera de cinq serres de 100 kWc chacune en dessous desquelles pousseraient des tomates, des salades et du cresson en hydroponie. « Les 1 156 panneaux sur 2 300 m² de serres auront une production estimée de 779 MWh/an. Notre volonté de mener un projet exemplaire, qui répond aux enjeux de la souveraineté alimentaire et de l’autonomie énergétique de Mayotte », conclut le responsable.

Aujourd’hui encore, Mayotte reste fortement dépendante des ressources fossiles pour un coût de production toutes énergies confondues de 350€/MWh. Cette dépendance souligne la nécessité d’une transition vers des sources d’énergie plus durables. Cependant, le développement de l’énergie solaire à Mayotte fait face à des contraintes significatives liées à la disponibilité des terrains appropriés.

Dans cette optique, EDM a initié des projets pour la construction de deux centrales au sol à Longoni. Une première centrale de 2,1 MWc, sur une parcelle en friche d’un site ICPE. « Il s’agit de projet complexe de mise en œuvre, en effet, il faut prendre en compte la topographie du terrain, qui présente une inclinaison moyenne d’environ 24° soit 44 % de pente, et s’inscrire dans une véritable démarche environnementale “Eviter, Réduire, Compenser” compte tenu des impacts du projet », souligne le spécialiste. Sur des parcelles avoisinantes, des études sont en cours pour étudier la possibilité d’ajouter une centrale au sol de 3 MWc.