EDF Renouvelables a confirmé la fermeture définitive de sa filiale Photowatt, située à Bourgoin-Jallieu en Isère. « La société n’a pas su trouver son équilibre financier sur le long terme, notamment dans le contexte d’un marché mondial du photovoltaïque très compétitif, a indiqué à pv magazine France un porte-parole de EDF Renouvelables. En dépit d’investissements conséquents de la part d’EDF, notamment après 2008 pour repositionner l’entreprise sur l’activité wafers, Photowatt enregistre un déficit structurel, de l’ordre de 20 à 30 millions d’euros par an ».
La deuxième raison avancée par EDF est liée à l’échec des négociations avec des repreneurs potentiels depuis plusieurs années. Le dernier espoir reposait sur la start-up Carbon qui avait émis le souhait de racheter Photowatt et d’investir 40 millions d’euros dans l’outil de production pour passer du sillage de wafers à l’assemblage de modules photovoltaïques.
Pour autant, le projet porté par Carbon, jeune pousse dans le secteur du PV, n’a pas réussi à convaincre les salariés de Photowatt. Ces derniers ayant rejeté en majorité leur intégration à Carbon, le Comité social et économique (CSE) de l’entreprise a émis un avis défavorable, estimant le projet de rachat trop fragile, portant ainsi un coup d’arrêt aux discussions avec Carbon. « Les plans de Carbon reposent sur un investissement de 40 millions d’euros qui fait appel uniquement à des financements externes qui ne sont toujours pas conclus et donc non garantis, peut-on ainsi lire dans un communiqué émis par le syndicat Force ouvrière Isère en septembre 2024. Les salariés ont toujours défendu leur place au sein du groupe EDF et se sont battus à plusieurs occasions contre des projet de reprise non pérennes ».
De fait, malgré les risques de cessation d’activité, « les 162 salariés ont préféré rester chez EDF ou risquer un licenciement économique plutôt que d’être intégrés à une start-up », comme nous l’a confié une source proche du personnel. Ils accueillent donc la nouvelle avec « inquiétude mais aussi soulagement, après ces années d’incertitude ». Désormais, une réunion se tiendra le 4 février avec la direction et le CSE de Photowatt pour définir les conditions d’accompagnement qui seront mises en place : reclassement dans le groupe EDF, départ volontaire, retraite…
Un manque de cohérence au niveau politique ?
Après la faillite de Systovi au printemps 2024, le crépuscule de Photowatt, fondé en 1979 par d’anciens ingénieurs de Philips, témoigne aussi d’un manque flagrant de vision politique. « EDF Renouvelables souhaitait se séparer de longue date de Photowatt et semble profiter aujourd’hui de la vacance du pouvoir et du manque de volonté politique du Président d’Emmanuel Macron : il n’y a plus personne pour taper du poing sur la table », explique une source proche du dossier qui préfère rester anonyme. On se souvient qu’en 2012, c’était le gouvernement et en particulier Nicolas Sarkozy qui avait fait pression pour qu’EDF rachète Photowatt, à l’époque en redressement judiciaire, pour un euro symbolique.
Treize ans plus tard, la faillite de Photowatt montre également une absence de cohérence stratégique sur la politique énergétique française. A l’heure où le continent européen s’est fixé comme objectif de relocaliser 40 % de la production photovoltaïque en 2030, et où deux gigafactories (celles de Carbon et de HoloSolis), bénéficiant de fonds publics, doivent voir le jour en France d’ici à 2026-2027, le pouvoir politique se désengage des derniers fleurons existants. Photowatt aurait pu profiter des ambitions de relocalisation de la filière en France. Au lieu de cela, c’est surtout à la disparition d’un savoir-faire unique que l’on assiste.
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