D’après pv magazine ESS News
En Belgique, le parc d’unités de stockage sur batterie croît à un rythme rapide, notamment grâce à la possibilité d’assurer des revenus contractuels par l’intermédiaire des appels d’offres du mécanisme de rémunération de capacités (CRM). Le 31 octobre dernier, le gestionnaire du réseau belge Elia a publié les résultats de l’appel d’offres organisé par le CRM cette année : au total, 450 MW de BESS ont été retenus. Pour la première fois, deux enchères ont eu lieu simultanément : la dernière enchère (Y-1) pour la période de fourniture 2025-2026 et la première enchère (Y-4) pour l’année de livraison 2028-2029.
Pour l’année de livraison 2025-2026, l’objectif a été atteint : « Un volume suffisant a été contracté et la sécurité d’approvisionnement est donc garantie. » Au total, 100 MW de BESS ont été contractés au cours de l’exercice d’approvisionnement. Pour la période de livraison 2028-2029, une première étape importante a été franchie puisque 350 MW de batteries ont été retenus pour l’enchère Y-4.
D’après les calculs d’Aurora Energy Research, 1,1 GW de nouvelles capacités de stockage sur batterie a été retenu lors des derniers cycles d’enchères du CRM et recevra un soutien financier d’ici à l’hiver 2028-2029. Au cours des quatre derniers cycles d’enchères, 13 nouveaux projets de BESS à grande échelle ont été sélectionnés au total, Engie, Storm, et GIGA Storage ayant remporté les contrats les plus importants.
« Le CRM est en train de “suralimenter” un marché des batteries déjà intéressant en Belgique. D’autres facteurs font de la Belgique un emplacement attractif en termes d’investissements pour les batteries, notamment l’exonération des redevances d’accès au réseau pour les GRT et les revenus élevés issus du marché d’équilibrage (essentiellement FCR et aFRR) », explique Simon De Clercq, associé principal et chercheur chez Aurora Energy Research, à ESS News.
Le soutien du CRM, qui garantit les revenus et réduit le risque d’investissement, est essentiel pour assurer le financement bancaire. Les appels d’offres visent à garantir la sécurité d’approvisionnement de la Belgique après l’arrêt des centrales nucléaires, lequel doit se faire progressivement d’ici à 2025.
« La crise énergétique de 2022 a entraîné une inversion partielle de la sortie progressive du nucléaire en Belgique. La durée de vie des réacteurs nucléaires Doel 4 et Tihange 3, d’une capacité totale de 2,1 GW, a été prolongée jusqu’en 2035. Cette prolongation a réduit les besoins en capacités supplémentaires du système électrique belge, si bien que le CRM n’a octroyé aucun contrat de capacité supplémentaire dans le cadre de son appel d’offre en 2022 », poursuit-il.
Approvisionnements futurs
Deux autres ventes aux enchères sont prévues pour la période d’approvisionnement 2028-2029 : une enchère Y-2 et une enchère Y-1. « On compte plus de 2 GW de projets de stockage sur batterie en cours de développement en Belgique. Ces projets devraient participer aux prochains appels d’offre Y-2 et Y-1 », déclare Simon De Clercq.
Dans le cadre de l’enchère Y-2, une nouveauté organisée en 2025, un soutien pourra être accordé pour plusieurs années, ce qui est particulièrement intéressant pour les projets de batteries. L’enchère Y-1 n’octroie quant à elle que des contrats sur un an. L’enchère Y-1 de 2024 a accordé un contrat d’un an à un projet de batterie, ainsi qu’à des turbines à gaz à circuit ouvert et des turbines à gaz à circuit fermé pour l’essentiel.
Elia publie le cahier des charges (notamment les facteurs de réduction, plafond de prix et volumes) au T1 de l’année de l’enchère. Ces données déterminent dans quelle mesure l’appel d’offres est intéressant pour les batteries. Les enchères du CRM étant technologiquement neutres, aucune durée de stockage précise n’est demandée.
« La durée de la batterie influera sur le facteur de réduction de l’offre », explique Simon De Clercq. Le facteur de réduction est un pourcentage indiquant quelle part de la capacité totale d’un projet est « utilisable » pour garantir la fiabilité du réseau lorsque la demande est élevée ou que le réseau est sous tension. Par exemple, si une batterie affiche un facteur de réduction de 50 %, seulement la moitié de sa capacité sera considérée comme disponible pour le CRM.
Les batteries à longue durée ont un facteur de réduction plus élevé. « Parmi les offres soumises, toutes enchères du CRM confondues, la plupart des batteries avaient une durée de quatre heures, ajoute Simon De Clercq. Les facteurs de réduction pour l’enchère Y-4 de 2024 étaient de 38 % pour une batterie de deux heures, de 50 % pour un système de trois heures et de 57 % pour une batterie de quatre heures.
Lorsqu’il a annoncé les résultats de l’appel d’offres en octobre, Elia a précisé que la courbe de la demande était plus haute que celle de l’offre pour les enchères Y-4, et que tous les projets avaient été retenus. « Il semble qu’il y ait encore de la marge pour que les acteurs du stockage de l’énergie accroissent leur participation aux enchères de la CRM. Près de 1,5 GW de capacités est encore à pourvoir pour la période d’approvisionnement 2028-2029 au cours des enchères Y-1 et Y2, ce qui ouvre d’importantes possibilités pour les projets de batterie », poursuit Simon De Clercq.
Toutefois, cela met aussi en évidence le fait que seule une part relativement réduite des capacités annoncées de stockage sur batterie participe actuellement aux enchères du CRM, même lorsqu’elles disposent des autorisations. « Il existe donc d’autres difficultés à surmonter pour atteindre un niveau d’investissement pérenne dans les batteries en Belgique », conclut-il.
Traduction assurée par Christelle Taureau
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