A l’occasion d’une conférence de presse, GreenYellow, acteur du solaire décentralisé et de l’efficacité énergétique, a détaillé l’évolution de sa présence mondiale. Otmane Hajji, son PDG, a ainsi confirmé vouloir renforcer son déploiement en Europe, continent sur lequel l’autoconsommation BtoB progresse rapidement.
« Alors que les projets solaires en injection réseau représentaient entre 70 et 80 % des prises de commande du groupe avant le début de la crise ukrainienne, cette proportion ne représente plus aujourd’hui que 20 à 30 % des demandes, au profit des projets en autoconsommation », a-t-il chiffré. Au-delà du modèle de service proposé par les EPCistes, GreenYellow constate que les entreprises se tournent de plus en plus vers des “opérateurs-mainteneurs” tiers-financeurs, qui prennent en charge l’intégralité de l’investissement et fournissent une expertise complète et des garanties de performance tout au long de la durée du contrat.
Cap sur l’Italie
Après l’Espagne, marché sur lequel GreenYellow est présent depuis un an, et après le Portugal et la Pologne, sur lesquels des opérations seront annoncées dans les prochaines semaines, l’entreprise fondée en 2007 fait cap vers l’Italie. Fidèle à sa stratégie, cette expansion s’opèrera via une combinaison de croissance organique et d’acquisitions stratégiques d’acteurs locaux lui permettant d’accéder rapidement à un portefeuille de clients.
Le groupe vient ainsi d’annoncer l’acquisition d’un portefeuille de 6,2 MWc de centrales photovoltaïques en toiture du groupe d’agroalimentaire Casillo. Le projet phare de cette acquisition est l’installation photovoltaïque en toiture de la Fiera di Rimini de 4,2 MWc. En tout, sa nouvelle filiale, GreenYellow Italy, basée à Milan, prévoit d’investir plus de 100 millions d’euros au cours des trois prochaines années dans des projets de transition énergétique pour les entreprises locales de tout le pays.
Retrait du Maroc et du Sénégal
A l’inverse, l’entreprise a décidé de se retirer des marchés africains (à l’exception de l’Afrique du Sud), en raison de la « faible profondeur de marché BtoB », comme l’a précisé Otmane Hajji. En particulier, des sessions d’actifs auprès de sociétés locales au Maroc et au Sénégal interviendront dans les semaines à venir. « Concernant le Maroc, il y a des changements à venir, comme l’arrivée de la taxe carbone aux frontières de l’Union européenne, qui serait un fort relais de croissance du développement de l’autoconsommation, a justifié le PDG interrogé sur ce point par pv magazine France. Pour autant, le cadre réglementaire a du mal à évoluer positivement et l’approche tiers financement est beaucoup moins présente au niveau des entreprises locales souvent familiales ».
Ce repositionnement stratégique permettra donc à GreenYellow de concentrer ses efforts sur ses principaux marchés verticaux (la grande distribution, la logistique, le tertiaire & l’industrie et les collectivités locales) dans ses trois hubs : l’Europe, l’Asie et l’Amérique latine. Sur ces deux dernières zones géographiques, la société vise une plus grande autonomie financière, en faisant entrer des actionnaires locaux minoritaires dans les projets en développement et exploités.
400 MW de signatures solaires en 2024
Sur 2024, GreenYellow, qui détient à ce jour 1 320 centrales solaires installées ou en construction (pour une capacité de 1 360 MWc), ambitionne de signer 400 MW de nouvelles centrales solaires décentralisées et d’atteindre 150 GWh d’économies d’énergie annuelles, via des projets d’efficacité énergétique. En France, il vise à renforcer sa croissance locale via l’acquisition de Reservoir Sun, spécialisé dans les projets complexes et multi-sites : « avec l’obligation réglementaire de solariser les bâtiments et les parkings, nous avons de plus en plus de groupes industriels et tertiaires possédant de nombreux usines, à l’image de Stellantis ou de la Compagnie des alpes, qui nous contactent, relate Otmane Hajji. Un savoir-faire que nous apporte Reservoir Sun, qui servira aussi de base d’expertise à nos projets en Europe ».
D’autre part, un autre relais de croissance en France sera apporté par l’activité apportée par les EPCistes, qui veulent compléter leur offre d’exploitation et de maintenance par des garanties de performances et de tiers investissement, réalisés par GreenYellow. Les EPCistes et bureaux d’études représentent ainsi 25 % de son activité, avec un objectif à trois ans de porter cette part à 40 %.
Dans le monde, pour l’ensemble de ses projets, tous ces nouveaux développements sont chiffrés à environ 500 millions d’euros d’investissements, « qui seront financés à 80 % par la dette et à 20 % sur fonds propres, grâce au soutien du fonds d’investissement Ardian », poursuit le PDG.
Les nouveaux marchés : le stockage, le micro-grid et l’autoconsommation collective
Parmi les nouveaux marchés, GreenYellow souligne sa progression rapide dans le stockage par batterie, seul ou en couplage avec des centrales photovoltaïques : l’entreprise est en particulier en train de faire migrer environ 100 MW de capacités de stockage par groupes électrogènes au diesel qu’il exploite depuis plusieurs années à la Réunion, en Afrique du Sud et à Madagascar vers des systèmes par batterie (BESS).
Par conséquent, cette nouvelle activité de stockage par batteries, lancée en 2023 et qui compte actuellement 6,4 MWh de capacité opérationnelle, pourrait voir rapidement s’ajouter 300 MWh/150 MW de nouvelles capacités, identifiées auprès de 50 projets potentiels dans le monde. « Les batteries, c’est nouveau pour nous et cela doit devenir un élément de différenciation », confirme Otmane Hajji. Pour les rentabiliser, le groupe prévoit de répondre aux appels d’offres des gestionnaires de réseau pour fournir des services au système électrique ou de faire de l’arbitrage sur les marchés de l’énergie.
Prenant toutes ces briques – solaire distribué, efficacité énergétique et stockage -, Otmane Hajji indique que la suite logique sera le développement de micro-grid pour les industriels. « On sommes en train de développer un « proof of concept » sur un site en France avec Schneider Electric pour mettre une couche d’intelligence artificielle au-dessus d’un micro-réseau capable d’arbitrer entre l’usage de la production locale d’électricité ou du stockage », détaille le PDG de GreenYellow.
Enfin, autre évolution du solaire décentralisé BtoB : l’autoconsommation collective, cependant sujette à des réglementations plus ou moins favorables selon les pays du monde. Ainsi, si en Espagne ou au Brésil, les conditions de mise en place d’une boucle d’autoconsommation collective sont plutôt simples, Otmane Hajji a regretté la complexité de la réglementation française et en particulier le fait que les producteurs soient encore tenus de payer le TURPE (Tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité).
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