Laminé par le “dumping chinois”, le fabricant français Systovi cherche un repreneur

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Encore une mauvaise nouvelle pour la filière photovoltaïque européenne. Après l’arrêt de l’usine allemande du fabricant suisse Meyer Burger, c’est au tour de Systovi de connaître de grandes difficultés. Spécialiste français de l’autoconsommation énergétique, celui-ci produit des solutions solaires innovantes, destinées aux particuliers, aux professionnels et aux collectivités depuis son site industriel à Carquefou, près de Nantes (44).

En dépit d’investissements importants dans une nouvelle ligne de production et un laminateur capacitaire qui lui ont permis de doubler sa capacité de production à 80 MW, le groupe, filiale du groupe Cetih depuis 2018, se dit incapable de résister plus longtemps à la concurrence chinoise. « Malgré un premier semestre 2023 solide, Systovi fait face, depuis l’été, à l’accélération soudaine du dumping chinois, conséquence de l’augmentation du capacitaire et de la fermeture du marché américain, liée aux mesures protectionnistes de réduction de l’inflation (loi IRA), souligne l’entreprise dans un communiqué. Faute d’un cadre réglementaire adapté, ce contexte a généré un déferlement de panneaux chinois subventionnés, vendus à perte sur le marché français et européen, et a entraîné une baisse brutale des carnets de commandes de Systovi ».

” Nous ne pouvons pas attendre deux ans “

Or, comme le regrette le fabricant, les dispositifs réglementaires, à l’image de l’introduction d’un bonus de résilience discuté aujourd’hui ou de l’interdiction des produits issus du travail forcé, qui permettraient de restaurer une compétition loyale entre les différents acteurs industriels « tardent à voir le jour. Les discussions en cours, auxquelles l’entreprise participe, à l’échelon français comme à l’échelon européen, n’auront pas d’effet dans un délai compatible avec les enjeux de Systovi ». Il entend par là le projet de texte Net-Zero Industry Act (NZIA), qui stipule que les Etats membres doivent mettre en place un minimum de 30% d’appels d’offres avec des critères dits de “résilience”, utilisant des composants dont la production est localisée sur le territoire européen. « C’est un pas dans la bonne direction, mais le NZIA n’est pas encore publié, et lorsqu’il le sera, il ne sera pas applicable avant 18 mois au mieux. Nous ne pouvons pas attendre deux ans », assure Paul Toulouse, son directeur général, lors d’un entretien avec pv magazine France.

Face à ce constat, « la recherche d’un repreneur est une décision logique qui reflète l’engagement continu de Systovi envers ses principes fondateurs et sa volonté de contribuer à un avenir énergétique durable, indique donc Paul Toulouse. Les repreneurs potentiels pourraient être des entreprises souhaitant investir dans l’industrie photovoltaïque et qui auraient à la fois l’énergie, la capacité de lobbying et également les finances pour soutenir Systovi en attendant que la réglementation finisse par évoluer ». 

Une aide au Capex et à l’Opex

La société, qui emploie aujourd’hui 87 collaborateurs et a réalisé en 2023 un chiffre d’affaires de 21,5 M€, en appelle également à l’Etat pour aider les industriels de la filière solaire à passer ce cap difficile, au moins temporairement, en particulier pour leurs investissements. « Malheureusement, seuls les fabricants de cellules et de modules sont éligibles au crédit d’impôt pour l’investissement dans l’industrie verte (C3IV), qui vise à soutenir les investissements des entreprises dans les secteurs de la transition énergétique, constate le PDG. Cela exclut d’office les entreprises qui font de l’assemblage de modules ». En outre, il rappelle que la France ne propose pas d’aide à la production (Opex), à l’instar de ce qui se fait déjà aux Etats-Unis dans le cadre de l’IRA, dont les crédits d’impôts versés à la production permettent de réduire le différentiel avec les produits chinois.

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