L’agrivoltaïsme a fait salle comble ce jeudi 14 mars 2024 au Powr Earth Summit qui s’est tenu à la Défense à Paris. Au côté des développeurs Triangle Sol’R et Irisolaris, le président des chambres d’agriculture Sébastien Windsor et le président d’Enerplan Daniel Bour ont pris la parole dans une conversation animée et dense de sujets.
L’acceptabilité, « notre problème numéro 1 »
Pour le représentant du syndicat professionnel solaire, la question primordiale est celle de l’acceptabilité car l’industrie a besoin de l’agrivoltaïsme. « Partout ? Quels agriculteurs ? Quelles agricultures ? », voici autant de questions à se poser selon lui, et surtout, à réguler pour éviter le rejet, le ralentissement ou le blocage administratif des projets.
L’intérêt des gros entrepreneurs agricoles pour le photovoltaïsme est assez logique, mais pour Daniel Bour, ce sont des projets qui pourraient scinder l’opinion public : les céréaliers, plutôt favorables à ce modèle, pourraient effectivement accueillir des installations à grande échelle sur des centaines d’hectares. Mais des développements de cet ampleur intéressant seulement un ou deux porteurs de projets attireront probablement une opposition citoyenne.
Différencier, réglementer et encadrer les modèles
Le partage de la valeur est au cœur de la problématique de l’acceptabilité, mais aussi de la durabilité des modèles. « Avec les propriétaires, les exploitants et le monde agricole, on peut imaginer un partage en trois tiers, mais cela doit être régulé », remarque Daniel Bour.
Pour les revenus énergétiques (loyers ou rémunération), ils devront eux aussi être régulés. Sébastien Windsor précise qu’ils devront aussi être comparés « à la rentabilité de la culture et rester dans des proportions acceptables entre revenus agricoles et revenus énergétiques ». Pour le président des chambres d’agriculture, « le photovoltaïque au sol sur terre productive, c’est non » – et c’est dans ce cadre-là que l’on parle de « loyer ». Dans le cadre d’une rénovation, voire une modernisation d’un bâtiment agricole, le projet est intéressant d’après son expérience. Concrètement, il faudra réglementer le développement de manière à faire le tri entre les projets alibi et les réels projets d’investissement. Et former les agriculteurs au montage de projets !
En ce qui concerne l’élevage, il ajoute que la valeur des prairies n’est pas à négliger dans la construction des projets solaires : « l’herbe est une culture », rappelle Sébastien Windsor.
Brides de retours sur les 200 projets en expérimentation en France
Pour les 200 sites dits agrivoltaïques en test en France, les résultats préliminaires sont à manipuler avec précaution puisque 50 % des projets ont moins d’un an de recul et qu’une partie d’entre eux sont localisés dans le sud, explique le représentant des chambres d’agriculture. Toutefois, en vrac, on note qu’il y peu de perte de rendements sur les installations, parfois pas et, plus rarement, une amélioration des rendements.
En viticulture, Sébastien Windsor relève un retour plutôt positif en ce qui concerne la protection contre la chaleur et le gel. « Par contre si les dispositifs sont mal calibrés, il peut y avoir un impact sur la croissance des bourgeons en mars, et de fait, des répercussions sur les récoltes à N+2 », précise le président qui, prudent, souhaite rappeler que sur ces projets, il faut étudier les résultats au cas par cas.
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