« Les garanties d’origine sont aussi un formidable outil de soutien à la filière des renouvelables »

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pv magazine France : Pour les plus novices, pouvez-vous tout d’abord nous rappeler ce que sont les garanties d’origine (GO) ? 

Hubert Roy : Une garantie d’origine est un certificat numérique émis pour chaque MWh produit à partir d’une source renouvelable (éolien, photovoltaïque, énergie marémotrice, biomasse et hydroélectricité) installée dans la métropole française. Elle contient un certain nombre d’informations (source de production, localisation et puissance de l’actif) permettant au consommateur final de vérifier l’origine de l’électricité qu’il consomme.

Hubert Roy, responsable de marché de Green-Access, filiale d’Unite dédiée à la valorisation de la production d’électricité sur les marchés.

Image : Green Access

EEX (ex PowerNext) est chargé de certifier cette provenance et de gérer le Registre national des garanties d’origine (RGO) sous mandat du Ministère français de la transition écologique. La délivrance de GO peut être faite jusqu’à cinq mois après la fin de la période de production concernée et les garanties sont valables pendant un an après la fin de la période de production à laquelle elles s’appliquent. Une fois expirées, elles ne peuvent plus être utilisées, ni transférées. A noter également qu’un producteur n’a aussi aucune obligation d’émettre des garanties d’origine sur sa production.

Où en sont aujourd’hui les niveaux de prix des garanties d’origine ?

Il existe deux manières pour un acheteur, qui peut être une entreprise, un fournisseur d’électricité ou même un particulier, d’acquérir des GO. La première est le système d’enchères nationales, qui concerne les actifs sous complément de rémunération ou en obligation d’achat. Selon les données publiées par la bourse EEX, la dernière enchère du mois d’août, un prix moyen de 3,61 €/GO a été atteint, en forte baisse par rapport au mois de janvier où la moyenne était à 7,39 euros. Il est également intéressant de noter que toutes les sources d’électricité sont aujourd’hui à peu près aux mêmes prix.

Tandis que ces enchères nationales concernent 90 % du volume de GO en circulation, le reste est échangé sur un marché de gré à gré entre producteurs et offtakers. Dans ce cas, les acteurs se mettent d’accord sur les prix entre eux, ce qui a plusieurs conséquences : d’une part, il n’existe pas de données centralisées, d’autre part, il y a des fluctuations de prix importantes, en fonction de l’offre et de la demande. Enfin, les niveaux de prix sont traditionnellement plus élevés que dans le système d’enchères car il y a moins de volumes.

S’il y a deux ans, les prix moyens étaient à 1 €/GO, ils sont montés à 13 euros/GO à l’été 2022 car beaucoup d’acteurs ont acheté en masse des garanties d’origine, anticipant sur les conséquences de la sécheresse sur la production hydroélectrique. Aujourd’hui, les prix se sont stabilisés en dessous de 5 euros.

Les GO sont souvent accusées d’être un outil de “greenwashing” pour les entreprises ou les fournisseurs d’électricité pour verdir artificiellement leur approvisionnement électrique. Que pensez-vous de cette affirmation ?

Bien sûr, on peut voir les GO comme un outil de communication pour les entreprises au moment de leur bilan annuel. Elles leur permettent d’associer une part de leur approvisionnement électrique à des sources renouvelables pour faire baisser le bilan de leurs émissions de CO2.

Mais on peut aussi les voir comme un véritable outil de soutien et de croissance de la filière des énergies renouvelables. En effet, à 4,5 ou 5,5 euros par GO, elles sont un complément de rémunération non négligeable pour un producteur d’électricité verte, ce qui va lui permettre de sécuriser son activité et de continuer à investir dans de nouveaux actifs.

Il existe aussi plusieurs stratégies de la part des acheteurs. Certains peuvent effectivement rechercher les GO les moins chères, sur d’autres marchés européens. Mais certains poussent leur démarche vers un accompagnement plus vertueux de la filière, en souhaitant des GO françaises, portant sur un type de production bien précise, ou en favorisant l’aspect local, sans forcément chercher le moins cher.

Comment s’intègrent les garanties d’origine dans la décarbonation des entreprises ? 

Il existe trois moyens d’action qui sont complémentaires, en fonction des volumes concernés et des délais de mise en œuvre. Comme on l’a dit, les garanties d’origine sont un moyen rapide et de court terme. La signature de contrats d’achat direct d’électricité (PPA) est plus pérenne mais prend aussi beaucoup plus de temps à se concrétiser : les négociations contractuelles d’un PPA prennent en général 6 à 8 mois et si l’on est dans le cas d’une centrale solaire greenfield, son développement prend entre 3 et 5 ans. Enfin, l’autoconsommation solaire des entreprises progresse rapidement poussée par la volatilité des prix et la volonté de valoriser leur foncier. Mais là encore, le développement et la construction de la centrale prend du temps.

Le mix électrique d’une entreprise sera donc demain composé de ces trois outils, car en raison de leur caractère intermittent, il est difficile de couvrir 100 % de la consommation d’une entreprise avec des actifs renouvelables. Il y aura toujours une part d’électricité venant du réseau. De fait, le marché des garanties d’origine sera amené à grossir en volumes, mais pas forcément en prix qui devrait se stabiliser entre 4,5 et 5,5 euros/GO, qui est un prix acceptable, tant pour les producteurs que pour les acheteurs.

Green-Access, filiale à 100 % du producteur indépendant d’électricité renouvelable Unite, opère pour le compte de sa maison mère, et pour le compte d’acteurs extérieurs (qui représentent plus de 50 % de son activité), sur trois marchés différents : activité de courtage des GO auprès des producteurs d’électricité renouvelable et des consommateurs ; accompagnement des producteurs dans leurs contrats d’agrégation et de vente d’électricité ; conseil et intermédiation dans la signature des contrat d’achat direct d’électricité (PPA).

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