D’après pv magazine International, ANGELA SKUJINS
Jusqu’à 944 GW de capacité installée en courant continu pourraient être déployés si 1 % (soit 157 621 hectares) de la surface agricole utilisée (SAU) dans l’Union européenne était destinée à accueillir des systèmes agrivoltaïques – soit une multiplication par cinq de la capacité installée totale de l’UE en 2022, selon une nouvelle évaluation du Centre commun de recherche (CCR) de la Commission européenne.
Dans le rapport “Overview of the Potential and Challenges for Agri-Photovoltaics in the European Union“, les chercheurs ont déterminé ce chiffre en supposant une capacité installée par surface de 0,6 MW par hectare, la SAU totale de l’UE étant de 158 millions d’hectares. « Le potentiel de capacité installée d’Agri-PV est à l’échelle du TW pour les deux principales catégories de terres, à savoir les terres arables et les prairies et pâturages permanents, en supposant qu’elles soient couvertes à 10 % et à 5 % par des systèmes Agri-PV, indique le document. Si 10 % de la SAU de l’UE sont couverts par des systèmes Agri-PV, la capacité installée pourrait être comprise entre 3,2 et 14,2 TW, tandis que seulement 5 % de la couverture conduirait à une capacité totale comprise entre 1,5 et 7 TW ».
Les chercheurs du CCR ont constaté que certains paramètres entravent encore le succès à grande échelle de l’agri-PV. Il s’agit notamment de l’absence de définition claire de ce qu’est l’agrivoltaïque ou des normes européennes. « L’un des principaux défis pour Agri-PV est lié à l’absence d’une définition claire et harmonisée au niveau de l’UE, qui pourrait entraîner des changements dans la caractérisation des terres lorsque des systèmes Agri-PV sont installés sur des terres agricoles. Ce changement pourrait avoir un impact sur l’éligibilité aux subventions agricoles », indique le document.
Trop peu d’incitations
Les Etats membres sont également trop « généraux » dans leurs plans de soutien aux investissements dans les énergies renouvelables, le soutien à l’agrivoltaïque n’étant pas explicitement mentionné dans les plans stratégiques d’une majorité de pays. « Des défis techniques ainsi que des défis concernant les procédures d’autorisation et de connexion au réseau ont également été identifiés. En outre, l’augmentation du prix des terres a eu un impact sur le bien-être et la sécurité des agriculteurs. Enfin, malgré les avancées technologiques, il reste des défis techniques à relever pour maximiser la production d’électricité tout en tenant compte de la biodiversité et sans compromettre de manière significative le rendement des cultures », indique le document.
Le potentiel de l’agrivoltaïque pourrait être exploité si les décideurs politiques apportaient des changements, selon les 17 recommandations du rapport. Il s’agit notamment de veiller à ce que les systèmes agri-PV certifiés ne soient pas exclus des subventions de la politique agricole commune (PAC), de poursuivre la recherche et le développement et de mettre en place des projets pilotes pour surmonter les difficultés techniques, d’apporter un soutien financier dans le cadre des politiques nationales des États membres, et bien d’autres choses encore.
Le déploiement des systèmes photovoltaïques agricoles pourrait également être accéléré grâce à l’aménagement du territoire et à la simplification des procédures d’autorisation et de connexion au réseau, les avantages économiques pour les agriculteurs et la sécurité des biens étant placés au premier plan des préoccupations des gouvernements.
« Même si le concept n’est pas nouveau, l’intérêt pour cette forme de déploiement photovoltaïque a augmenté rapidement au cours des dernières années, principalement en raison des besoins croissants en matière de production d’électricité et de la disponibilité limitée de nouvelles terres due à l’augmentation de la demande alimentaire mondiale, peut-on lire dans le document. La poursuite de la recherche et du développement, en particulier les études transversales qui prennent en compte les aspects liés à l’énergie, au rendement des cultures et à la biodiversité, sera essentielle pour surmonter les défis techniques et garantir des solutions totalement durables pour l’avenir ».
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L’agrivoltaisme! Après avoir dénaturé toutes nos campagnes avec l’agrandissement des parcelles agricoles, le drainage des zones humides, l’arrachage des haies et des bosquet, voilà que le but est de recouvrir les champs avec des panneaux solaires! N’y aurait il pas assez de toitures à recouvrir avec d’artificialiser encore plus nos campagnes ?? Décidément, l’humanité a déjà touché le fond mais on creuse encore !
Moi qui voit passer des dossiers, je ne vois que des hangars avec des panneaux sur le toit. Ces hangars sont soit neufs mais installés dans l’enceinte de l’exploitation, parfois accolés aux bâtiments existants, soit existants, et on y ajoute des panneaux. Donc les surfaces utiles a l’agriculture sont peu impactées. A la marge, il doit avoir des panneaux au sol. Dans ce cas je pense qu’ils doivent être postés en hauteur, permettant les cultures en dessous. J’ai lu une étude qui constatait que cela marchait bien.
Non, moi ce qui me gène le plus est qu’on est face a des sociétés qui démarchent à tour de bras, avec des arguments imparables, et que certains hangars sont bien plus justifiés par le gain de revenus que par leur usage agricole (on met quoi dedans, qui n’était pas déjà stocké ailleurs). Or cette dérive, comme celle des gros methaniseurs actuels, transforme nos agriculteurs en vendeurs d’énergie, au risque de se passer de leur activité principale. Or , on n’a pas besoin d’un agriculteur qui nous propose son énergie, j’ai des fournisseurs d’énergie ou ma pose directe de panneaux àa titre individuel pour ça. En revanche, l’agriculture est encore plus vitale que l’énergie solaire.
J’ai lu ce long article sur le potentiel offert par l’énergie solaire que j’ai trouvé intéressant. Les chiffres présentés sont exprimés en puissance installée. Ce serait à mon avis plus représentatif de quantifier ce potentiel à partir de l’énergie produite, c’est-à-dire à partir de Gwh. En effet, l’énergie solaire est une énergie intermittente. Sous les latitudes européennes le taux de charge est inférieur à 20 %. Ce qui revient à dire que cette énergie n’est effectivement disponible moins de 20 % du temps (pas de soleil la nuit, pas de soleil ou peu quand le temps est nuageux). Pour une puissance installée donnée l’énergie produite avec le solaire est 4 fois plus faible que celle que l’obtient avec l’énergie nucléaire ou les énergies fossiles. Une autre alternative serait de concentrer les installations solaires dans les zones désertiques très ensoleillées, ce qui permettrait de faire remonter le taux de charge à 30 % environ. Mais cette stratégie présente aussi plusieurs inconvénients puisque certains pays deviendraient dépendants de ceux qui ont des zones désertiques. De plus en concentrant les zones de production loin des zones de consommation if faut développer un réseau d’acheminement de l’énergie coûteux et potentiellement vulnérable. En Europe, je ne suis pas sûr que la population accepte de voir des fermes solaires un peu partout dans la nature. On voit bien ce qui se passe avec l’éolien.
@Rouquand
Vous suggérez des calculs que je fais pour vous : 20% d’une année, c’est 1752 heures
Multiplié par 944 GW, c’est 1653 TWh
Pour un besoin actuel de l’ordre de 500 TWh, dixit EDF.
Ce serait donc 1/3 de 1% des terres qu’il faut pour couvrir le besoin en France.
Quand au besoin d’électricité la nuit, il faut aussi dormir la nuit, en d’autres termes il faut adapter nos modes de vie, voire revenir à un mode de vie plus près de nos rythmes naturels. Et puis la flexibilité est un sujet déjà bien identifié et qui a fait ses preuves.
PS : votre allégation à 20% est à vérifier. Mais l’échelle reste significative.
Un panneau orienté au sud produit entre 1000 et 1400 kWh par an par kW installé, cela fait plutôt 12%. On a de toute façon assez de surfaces, la question est de savoir si on veut encore de quoi manger…
Plutôt que couvrir les champs, profitons de la baisse démographique pour démolir et remplacer les maisons périurbaines par des panneaux photovoltaiques.
Les paysages y gagneraient et les surfaces agricoles seraient préservées.