Conséquences de l’actualisation des « Futurs énergétiques 2050 » de RTE sur le secteur solaire

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Dans le cadre de la préparation par l’État de la Stratégie française pour l’énergie et le climat (SFEC), le gestionnaire du réseau RTE a publié le 20 septembre une nouvelle version de son bilan prévisionnel « Futurs énergétiques 2050 ». Celui-ci réactualise la période 2023-2035, c’est-à-dire la première partie de la trajectoire de transformation du système énergétique français vers la neutralité carbone en prenant en compte l’évolution du contexte géopolitique. Le document intègre donc la crise énergétique, le protectionnisme croissant aux Etats-Unis et en Chine ainsi que les nouveaux objectifs européens qui impliquent de réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre de 55 % entre 1990 et 2030.

Les scénarii de mix de production à l’horizon 2035 et zoom sur l’évolution des capacités solaires.

Image : RTE

Le gestionnaire appuie son travail sur trois scénarii. Le scénario A, dit « accélération réussie », présente une tendance qui serait idéale, dans laquelle la décarbonation se fait dans les délais fixés par les nouvelles législations européennes. Il présente une électrification renforcée, avec pour conséquence une consommation d’électricité en hausse, entre 580 et 640 TWh/an en 2035 (contre 460 TWh aujourd’hui). Dans celui-ci, un volume minimum de production nucléaire de l’ordre de 360 TWh à l’horizon 2035, en intégrant l’EPR de Flamanville, semble « prudent et atteignable ». Le mix de production est ensuite complété par les renouvelables. Le solaire en particulier doit atteindre un rythme d’installation de nouvelles capacités de 4 GW/an, considéré comme le minimum par RTE, à 7 GW/an à partir de 2027, considéré comme « souhaitable ». Rappelons que la France se situe actuellement sur une progression de 2,6 GW/an.

Rythme et cible de développement du photovoltaïque pour la France et comparaison avec les pays voisins, dans le scénario « A ».

Image : RTE

Le scénario B, dit « atteinte partielle », est celui qui présente le développement le plus faible de l’électrification et de développement des énergies renouvelables, mais il est aussi celui qui « soulève des questions de sécurité d’approvisionnement et d’atteinte des objectifs climatiques », comme l’écrit RTE. En effet, la consommation atteindrait entre 550 et 600 TWh en 2035 (contre entre 580 et 640 TWh dans A), mais conduirait à un retard par rapport aux objectifs du Fit for 55 d’environ trois à cinq ans. Dans ce scénario, le rythme de déploiement du solaire resterait sur un rythme très bas de 3 GW/an.

Enfin, RTE a étudié un troisième scénario C, dit « mondialisation contrariée », qui présente deux réponses différentes aux enjeux de décarbonation. Dans le premier (C1), marqué par un défaut de réaction, l’électrification des usages reste faible (entraînant une production bas carbone totale de 580 TWh) et le solaire reste également sur un rythme bas de 3 GW/an. Dans le deuxième (C2), la résilience industrielle. La production d’électricité bas carbone tourne autour de 640 TWh/an. Jusqu’en 2027, l’installation de nouvelles capacités solaires ne décolle pas (3 GW/an), puis à partir de 2027, à la faveur, l’accélération est progressive jusqu’à 7 GW/an.

Les renouvelables, « levier essentiel » dans tous les scénarii

De manière générale, tous les scénarii étudiés par RTE reposent sur un accroissement du volume de production renouvelable, « car il s’agit du moyen le plus rapidement mobilisable pour produire de l’électricité décarbonée », peut-on lire dans le document. Le socle de 270 TWh (contre 120 TWh aujourd’hui) s’impose comme un minimum pour couvrir les besoins d’électricité bas-carbone identifiés dans le scénario A, si le nucléaire retrouve un bon niveau de disponibilité et/ou si les économies d’énergie se développent suffisamment.

RTE note donc que la cible de 320 TWh offre une sécurité supplémentaire, et donc un haut niveau de résilience : elle permet de faire face à la possibilité que la rénovation des bâtiments prenne du retard, ou que certains réacteurs nucléaires soient fermés pour des raisons de sûreté. « Viser un tel volume offre donc des marges supplémentaires dans la gestion du système électrique et pour les choix de politique publique », écrit le gestionnaire.

« Renoncer à l’un des leviers ou réduire l’ambition sur plusieurs d’entre eux de manière simultanée conduit en revanche à un risque élevé d’échec dans l’atteinte des objectifs climatiques ou dans le maintien d’un haut niveau de sécurité d’approvisionnement en électricité », écrit RTE.

Image : RTE

Différents types de flexibilités devront en outre être développés en fonction du besoin et de la temporalité : la flexibilité de la demande (effacement et modulation de la consommation), les batteries stationnaires, le thermique et les stations de pompage-turbinage hydraulique (STEP). « Celles-ci ont leur caractéristiques et contraintes propres (énergie stockable ou déplaçable, disponibilité, coûts fixes et variables, etc.) et peuvent être plus ou moins adaptées à certains besoins », décrit RTE. Enfin, d’autres solutions pourraient émerger, comme le stockage de chaleur, mais RTE note qu’elles présentent, vu d’aujourd’hui, un potentiel moindre.

Les renouvelables terrestres, comme l’éolien et le solaire, devront porter une part plus importante de la charge de modulation. Comme le rappelle RTE, c’est déjà le cas sur les installations renouvelables développées sous régime de complément de rémunération depuis 2016, qui s’effacent régulièrement en situation de surproduction lorsque les prix spots deviennent négatifs. Cela devrait progressivement concerner les éoliennes les plus anciennes actuellement sous obligation d’achat. Notamment pour le solaire, combiner le stockage par batteries au développement d’installations de forte puissance fait partie des options à investiguer pour l’avenir.

Enfin, RTE affirme que, contrairement à une « tenace idée reçue », les renouvelables ne disposent pas en France d’une priorité technique d’accès au réseau. Il n’y a donc pas lieu de supprimer une disposition qui, en droit ou en fait, n’existe pas. « Les mécanismes de soutien doivent en revanche intégrer des incitations pour les nouveaux parcs renouvelables à moduler leur injection lors des périodes de prix négatifs, comme cela est désormais le cas pour les installations sous complément de rémunération », peut-on lire dans le document.

RTE confirme sa vision d’une co-existence du nucléaire et des renouvelables

« Il n’existe pas de doute sur le fait que le mix électrique français sera durablement composé de réacteurs nucléaires et d’installations renouvelables », écrit l’autorité. Les travaux techniques approfondis réalisés par RTE entre 2019 et 2021 conduisent en effet à écarter, dans une perspective de neutralité carbone, l’option d’une fermeture rapide des réacteurs nucléaires actuels tout comme celle d’un arrêt ou même d’un ralentissement du développement des renouvelables.

Exemples de fonctionnement du système européen en 2035

Image : RTE

A tous ceux qui opposent nucléaire et renouvelables, le gestionnaire de réseau de transport répond que « les études établissent avec un haut niveau de confiance la compétitivité économique de la prolongation des réacteurs nucléaires de seconde génération, construits en France entre la fin des années 1970 et les années 1990 ». De même, « la compétitivité des renouvelables matures (éolien terrestre, grands parcs solaires au sol, éolien en mer posé sans éloignement excessif des côtes et dans des zones peu profondes) est également établie avec un haut niveau de confiance », poursuit RTE.

De ce fait, « les options consistant à précipiter l’arrêt des réacteurs nucléaires, ou à s’opposer aux renouvelables au nom du soutien au nucléaire, entraîneraient un coût élevé pour la collectivité, des émissions de gaz à effet de serre supplémentaires, et des conséquences négatives sur la sécurité d’approvisionnement du pays ».

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