A partir des rapports annuels des 12 grandes entreprises européennes actives dans le gaz et le pétrole (1), une nouvelle étude commandée par Greenpeace Central & Eastern Europe révèle que « leurs engagements climatiques et leurs promesses de transition vers les énergies renouvelables sont totalement contredites par la réalité ». Selon l’auteur, Steffen Bukold, expert du marché pétrolier et fondateur d’EnergyComment, que pv magazine France a pu interviewer en amont de la publication du document, ces majors, dont Shell, TotalEnergies, BP, ou encore Wintershall Dea, n’ont produit en 2022 que 0,3 % d’énergie renouvelable (solaire et éolienne). Seuls 7,3 % (soit 6,57 milliards d’euros) des investissements réalisés par ces 12 entreprises en 2022 ont été consacrés aux énergies vertes, les 92,7 % restants (soit 81,52 milliards d’euros) financent les activités fossiles.
« Le rapport met en exergue le greenwashing massif pratiqué par les entreprises, qui multiplient les techniques de communication pour se donner une image verte et minimiser les impacts négatifs de leurs activités réelles, pointe du doigt Steffen Bukold. Dans plusieurs cas, les engagements de réduction des émissions visent seulement les émissions liées aux processus de production. Le reste serait compensé par des solutions très controversées telles que le captage et le stockage du carbone (CSC) ou la compensation des émissions de carbone ».
TotalEnergies étrillé
L’étude, qui passe en revue les stratégies des 12 groupes, n’épargne pas le Français TotalEnergies. « Malgré son logo coloré et les prises de parole répétées de son PDG affirmant que l’entreprise agit pour la transition énergétique, les chiffres ne trompent personne », souligne Greenpeace qui avance qu’en 2022, moins de 1 % de sa production énergétique était issue de sources d’énergies renouvelables. La même année, 88 % de ses investissements étaient toujours fléchés vers les énergies fossiles.
Toujours en 2022, l’énergéticien a produit 33,2 TWh nets d’électricité, dont 10,4 TWh provenant des sources renouvelables et le reste de ses centrales électriques au gaz (TGCC). Toutefois, si la production d’électricité se développe depuis plusieurs années, cela ne correspond encore qu’à environ 2 % de sa production annuelle de pétrole et de gaz, mesurée en termes de pouvoir calorifique (1 bep (Baril équivalent pétrole) = 1 700 kWh). « Les volumes ont baissé d’environ 8 % depuis 2019 pour atteindre un peu moins de 2,8 Mbep/jour, mais ils devraient à nouveau augmenter dans les années à venir. Dans le groupe des supermajors, le groupe TotalEnergies est probablement celui qui poursuit la plus forte trajectoire de croissance de sa production fossile », décrit l’Allemand Steffen Bukold à pv magazine France.
Les ventes totales de produits pétroliers se sont élevées à 3,9 millions de barils par jour en 2022, soit trois fois la production de pétrole brut. Sur ce total, 2 millions de barils/jour étaient destinés au négoce, 0,4 million de barils/jour aux ventes en vrac et près de 1,5 million de barils/jour aux ventes aux consommateurs. Avec 55,3 TWh, les ventes d’électricité sont également nettement supérieures à la quantité d’électricité produite par l’entreprise elle-même.
En se basant sur la taxonomie verte de l’Union européenne, seul 1,3 % du chiffre d’affaires de TotalEnergies pouvait être classé comme strictement aligné sur la taxonomie européenne en 2022. Concernant son Capex, 17,4 % des dépenses totales en capital sont classées comme éligibles à la taxonomie : les contributions les plus importantes proviennent des investissements dans l’énergie solaire (980 millions d’euros en 2022) et l’énergie éolienne (867,90 millions d’euros). Le biogaz/les biocarburants représentent 50 millions d’euros et le captage-stockage de CO2 (CSC) 18,5 millions d’euros.
(1) Six majors internationales du pétrole, à savoir Shell (Grande-Bretagne et Pays-Bas), TotalEnergies (France), BP (Grande-Bretagne), Equinor (Norvège), Eni (Italie) et Repsol (Espagne) et six compagnies pétrolières ou gazières nationales : OMV (Autriche), PKN Orien (Pologne), MOL (Hongrie), Wintershall Dea (Allemagne, filiale de BASF), Petrol Group (Slovenie) et Ina Croatia (Croatie).
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