Engie Energy Access (EEA) annonce le bouclage du financement pour un portefeuille de mini-réseaux solaires de 4,6 MW en Zambie. Via sa filiale locale MySol Grid Zambia, la branche hors réseau du géant français vient en effet de récolter 6,9 millions d’euros supplémentaires sous la forme d’emprunt pour financer la mise en place de 60 installations PV + stockage dans le pays. La nouvelle enveloppe de financement vient compléter une subvention de 6 millions d’euros déjà obtenue par la filiale d’Engie l’été dernier dans le cadre du programme européen IAEREP (Increased Access to Electricity and Renewable Energy Production program) en 2019.
Les installations PV seront calibrées entre 50 et 100 kW de puissance solaire, orientées est-ouest et équipées de systèmes de stockage sous la forme de batteries lithium-ion. Côté onduleurs, la société opte pour les produits de la gamme hors réseau de Victron qui peuvent être gérés à distance.
Pour concrétiser le projet de développement, la nouvelle dette a été contractée auprès du fonds Facility for Energy Inclusion (FEI), géré par Cygnum Capital (anciennement Lion’s Head Group) qui a été sélectionné à l’issue d’un appel à proposition. Fait notable : les fonds sont apportés sous la forme d’une dette sans recours, un type de prêt qui n’engage pas la maison mère de l’emprunteur sur la somme empruntée – comme c’est le cas dans le cadre des garanties classiques. En cas de défaut de paiement le prêteur ne pourra récupérer que la valeur correspondant aux actifs financés, ici, les mini-réseaux solaires. On peut schématiquement considérer que ce prêt se rémunère et se rembourse sur les revenus générés par le projet financé – ici la facturation de l’électricité verte générée par les mini-réseaux solaires.
Des coûts de transaction couverts
Contactée par pv magazine, Marie Testard, responsable du financement chez EEA explique : « Pendant plusieurs mois, nous avons construit cette opération avec le prêteur dans le but d’anticiper et d’atténuer les risques de l’ensemble du projet d’un point de vue réglementaire, commercial, juridique et technique. Nous sommes convaincus que le processus d’endettement a considérablement amélioré la viabilité du projet ». Les taux d’intérêts sont plus élevés dans ce type de financement, mais nous n’avons pas pu obtenir d’information sur ce point.
« Le financement des actifs de type mini-réseaux en Afrique subsaharienne est très difficile en raison des besoins de financement à long terme et de la réticence, voire de l’incapacité, des prêteurs à offrir un financement par emprunt à long terme dans les pays en développement. Le déblocage de ce financement à long terme sans recours prouve la viabilité du modèle économique et la légitimité des petites infrastructures renouvelables dans le paysage de l’électrification rurale » , se réjouit Marie Testard.
Dans les opérations à faible valeur ajoutée, les coûts de transaction sont souvent une barrière à la mise en oeuvre du projet. Mais pour couvrir ces frais, EEA et son prêteur (FEI) ont bénéficié d’une subvention dite de Project Preparatory Facility (PPF) destinée aux coûts des études préalables. « Le PPF a été mis à la disposition du FEI par la Banque africaine de développement en sa qualité d’agence d’exécution du FEM (Fonds pour l’environnement mondial), explique Marie Testard. Nous avons également reçu le soutien de Power Africa (via le cabinet juridique Norton Rose Fulbright) pour le travail juridique effectué dans le cadre de l’examen final des documents financiers. » Elle précise que l’aggrégation des soixante mini-réseaux était nécessaire pour atteindre la taille critique de financement.
Le modèle d’affaire d’Engie en Zambie
Engie est présent sur le marché zambien depuis cinq ans, actuellement sur le segment hors réseau et via deux filiales distinctes : Engie Energy Access Zambia qui fournit des kits solaires domestiques et MySol Grid Zambia qui est spécialisée sur les mini-réseaux solaires. A ce jour le groupe affirme avoir vendu 300 000 kits solaires et déployé près de 30 kW de capacité grâce à la mise en place du mini-réseau de Chitandika, dans le district de Chipangali à l’est du pays. L’installation est équipée d’une batterie de stockage de près de 100 kWh et est opérationnelle depuis 2020.
Au sujet de la stratégie commerciale, Marie Testard explique : « À Chitandika, nous raccordons des équipements productifs tels que des fraiseuses, des décortiqueuses, des fours, des machines à souder, etc. Ces PUE (Productive Use of Energy) sont au cœur de notre stratégie car ils sont le catalyseur du développement économique rural dans les villages », ce qui permet aux ménages de payer les factures. Sans communiquer de fourchette de prix de l’électricité facturée, Marie Testard affirme que « les niveaux tarifaires tiennent compte de la capacité et de la volonté de nos clients à payer et sont plus compétitifs que les sources d’énergie initiales (kérosène, diesel, charbon, etc.). Nos niveaux de prix sont basés sur les données que nous collectons sur les sites et sur notre connaissance de la région. »
Concrètement, la structure de facturation du mini-réseau au global comprend une taxe de raccordement pour le raccordement de chaque ménage/entreprise au réseau de distribution. Elle est demandée une fois à la mise en place de l’infrastructure. Ensuite, la grille tarifaire comprend un « tarif social » pour permettre aux petits consommateurs de se raccorder et « les autres catégories de clients paient une redevance mensuelle fixe (frais d’abonnement) en plus du tarif variable lié à leur catégorie, qui dépend de leur consommation ($/kWh) », explique Marie Testard.
Le réseau de distribution local
Pour facturer les clients, l’entreprise a tissé des partenariats avec les opérateurs télécom locaux MTN et Airtel qui fournissent des services de paiement par téléphone (mobile money).
Côté distribution Marie Testard détaille : « En ce qui concerne les mini-réseaux, nous développons en partie nos projets par le biais d’appels d’offres concurrentiels lancés par des IFD ou des bailleurs de fonds internationaux en collaboration avec le gouvernement. Les sites sont identifiés par l’autorité chargée de l’électrification rurale. Pour les kits solaires, nous travaillons avec des agents commerciaux pour déployer nos produits dans les différentes régions. Nous utilisons également nos kiosques de mini-réseaux installés dans les villages pour déployer les produits solaires hors réseaux auprès de nos clients les plus éloignés ».
L’article a été modifié le 07/07/2023 : MySol Grid a obtenu la subvention de 6 millions d’euros dans le cadre du programme européen IAEREP (Increased Access to Electricity and Renewable Energy Production program) – et non via le programme BGFA (Beyond the Grid for Africa). Par ailleurs nous avons reformulé l’éclairage sur le prêt sans recours pour éviter toute confusion sur la notion de garantie.
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