Implantée près de Bordeaux en Nouvelle-Aquitaine, l’entreprise GLHD (Green Lighthouse Development) a choisi comme modèle économique le développement de fermes agrivoltaïques de très grande taille. « L’agrivoltaïsme répond à trois transitions : énergétique, agricole et la reconquête de la biodiversité. Nous n’y parviendrons pas à l’échelle d’une seule exploitation ou d’une parcelle agricole, mais à l’échelle d’un territoire », assure Jean-Marc Fabius, son co-fondateur et directeur général interrogé par pv magazine France.
C’est pourquoi GLHD travaille en priorité avec des collectifs d’exploitants, pour mettre en place des synergies. « Ce sont généralement les agriculteurs qui viennent avec une problématique, poursuit Jérôme Bourgeois, directeur concertation et marketing de GLHD, détenue à 45 % par EDF Renouvelables aux côtés du développeur Cero Generation. Cela peut être en raison de terres devenues trop peu fertiles, d’une interdiction d’utiliser des produits phytosanitaires, de la nécessité de réduire les consommations d’eau… Ce changement de pratique est alors l’occasion d’intégrer un projet agrivoltaïque pour soutenir leur conversion et assurer un revenu complémentaire. C’est alors le photovoltaïque qui s’adapte à leurs besoins et non l’inverse ».
Par exemple, dans les Landes, l’association Pujo Arbouts Territoire Agrivoltaïsme (PATAV) qui regroupe 35 agriculteurs a dû s’adapter à la faible qualité de l’eau de la nappe phréatique due à la pollution aux pesticides. Regroupés dans le projet Terr’arbouts, les cultivateurs de maïs ont alors décidé de se reconvertir dans de nouvelles cultures, comme le lin, le chia, la cameline, des espèces moins productives. « La baisse de la productivité peut alors être compensée par les revenus tirés du photovoltaïque », indique Jean-Marc Fabius. Environ 460 MW de panneaux solaires seront installés sur 700 des 4 000 hectares exploités par l’association PATAV. « Sous l’effet conjugué des dérèglements économiques et climatiques, les agriculteurs se trouvent aujourd’hui pris dans un effet ciseau qui menace leur survie. Il est donc urgent de repenser les pratiques agricoles, pour ne pas produire plus, mais produire mieux ».
De fait, pour GLHD, les projets agrivoltaïques se doublent systématiquement d’une redynamisation de tout l’écosystème agricole. Par exemple, autour d’exploitations de 300 ou 400 têtes de moutons, le collectif agricole pourra sécuriser la mise en place d’une filière amont, avec la production de paille et de céréales pour nourrir les bêtes. La massification pourra aussi soutenir la création d’une chaîne aval, avec le commerce de la laine, le transport et l’abattage des bêtes…
Une électricité à moins de 40 euros/MWh
En corollaire, la grande taille des projets permet aussi de maîtriser le prix moyen de production photovoltaïque à l’hectare. « Avec nos fermes agrivoltaïques multi-sites, dont les plus petites font 70 MWc, nous sommes capable de produire une électricité verte à moins de 40 euros/MWh, grâce aux économies d’échelle et à la mutualisation du raccordement, qui se fait directement sur le réseau RTE », détaille Jean-Marc Fabius.
L’électricité est ensuite revendue dans le cadre de contrats d’achat direct d’électricité (PPA) long terme dans le cadre de boucles locales. « L’énergie solaire est aujourd’hui la moins chère du marché, il n’y a donc plus aucune raison d’avoir, sur des très grands projets, des aides d’Etat », justifie le directeur général. Dans le cas du projet Terr’arbouts, l’énergie approvisionne ainsi une usine de fabrication de protéines alimentaires pour les animaux qui fournit notamment Aqualand, un producteur de truites, à 10 kilomètres du projet. « Grâce à nos gros volumes de production, nous pouvons fournir la coopérative agricole elle-même, mais aussi des industries et des collectivités aux alentours, afin de les prémunir des fluctuations des prix de l’énergie », complète Jérôme Bourgeois.
Répartir la valeur
Le modèle de GLHD vise donc à redonner de la valeur aux zones intermédiaires, classées comme peu productives, sans entraîner d’inflation sur le foncier pour ne pas bloquer la reprise ultérieure par de jeunes agriculteurs. « Pour cela, nos SPV signent avec le propriétaire du terrain un bail emphytéotique sur 40 ans sur les parcelles équipées de panneaux et lui versent un loyer équivalent au contrat de bail rural afin de ne pas enchérir la valeur du sol, décrit Jean-Marc Fabius. Avec l’exploitant agricole, nous signons ensuite un contrat de prêt à usage, prenant en compte l’indemnisation de pratique sous contrainte (due à la présence des panneaux) et d’entretien ».
Concrètement, dans le cas du projet Terr’arbouts, l’arrêt des baux ruraux initiaux liant le propriétaire et l’exploitant est ainsi compensé par un loyer versé par les SPV, qui représente 19 % du revenu photovoltaïque alloué aux propriétaires. De plus, les exploitants des parcelles agrivoltaïques perçoivent une indemnité représentant 62 % du revenu photovoltaïque, et conditionnée par le maintien d’une activité agricole significative et l’entretien de la végétation sous les panneaux. Enfin, 19 % du revenu photovoltaïque est redistribué aux exploitants dont les parcelles n’ont pas été équipées de panneaux.
Sur ce même principe, GLHD développe actuellement une trentaine de projets en France, dont une ferme agrivoltaïque multi-sites d’environ 440 MWc dans le Lot-et-Garonne, et une autre en Touraine (120 MWc). Enfin, dans l’Yonne, la capacité en cours de développement représente un peu plus de 700 MWc.
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