La France pourrait accueillir une mine d’extraction de lithium d’ici 2028

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Le groupe minier français Imerys a annoncé le lancement d’un projet d’exploitation de lithium à grande échelle en France dans le département de l’Allier. Développé au cours des 18 derniers mois, le projet Emili pourrait permettre de produire quelque 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an à partir de 2028 et pour une durée de 25 ans, faisant de lui l’un des plus grands projets d’extraction de lithium de l’Union européenne.

L’initiative a récemment bénéficié du soutien médiatisé du gouvernement français dans le cadre de sa politique pro-voitures électriques. En effet, le site pourrait, selon Imerys, équiper l’équivalent de 700 000 véhicules électriques (VE) en batteries lithium-ion une fois qu’il sera pleinement opérationnel. Sachant que la Commission européenne a entériné la fin de la vente des véhicules thermiques en 2035 l’an passé, l’enjeu des batteries pour VE est devenu primordial pour les économies européennes. Il est d’autant plus fort en France que l’Etat cherche activement à réduire sa dépendance aux importations.

La production de lithium est prévue sur le site de Beaumont en région Auvergne-Rhônes-Alpes, où Imerys exploite déjà une mine de kaolin. Au même endroit, mais dans les couches plus profondes, le groupe veut extraire le lithium des micas du granite. L’investissement total est estimé à environ 1 milliard d’euros et le coût de production du lithium entre 7 €/kg et 9 €/kg.

La question environnementale de l’extraction du lithium de roche

Selon le communiqué relatif à l’opération, Imerys est en phase de finaliser l’étude de cadrage technique qui fixera les modalités d’exploitation et qui permettra de définir les aspects géologiques et industriels relatifs au processus d’extraction et de transformation du lithium. Si les critères techniques et économiques, notamment liés au potentiel de valorisation de coproduits (feldspath, tantale, étain) seront primordiaux, Imerys devra également valider l’aspect environnemental de sa production.

En effet, contrairement à plusieurs sites d’extraction qui se concentrent sur le lithium sous forme de saumures (comme en Amérique latine), l’exploitation d’Imerys viserait le lithium de roche par lixiviation (comme en Australie). Cette technique limite l’emprise au sol puisque le lithium est extrait en profondeur, mais s’avère énergivore et polluante puisque ce processus minier classique consiste à abattre la roche à l’explosif pour la transporter vers l’usine de traitement. L’article « Environmental impacts of lithium production showing the importance of primary data of upstream process in life-cycle assessment » de la revue scientifique Journal of Environmental Management, a étudié le cycle de vie de batteries à lithium-ion en comparant l’impact environnemental selon qu’elles utilisent du lithium-potasse (en saumure) ou du lithium de roche. Les résultats ont montré que « les batteries Li-ion fabriqué à partir de lithium de roche présente une augmentation de 17 à 32 % du potentiel d’acidification et de réchauffement climatique par rapport à celui fabriqué à partir de lithium de saumure ».

Jusqu’à présent, ce type de gisement a été écarté de l’exploitation en France puisqu’il présente peu d’intérêt économique. Avec l’envolé des prix du lithium, la situation a évoluée. Toutefois, comme le précise le Portail français des ressources minérales non énergétiques, « de nouveaux procédés sont exigés pour espérer une meilleure valorisation,  notamment au sein de la filière des batteries Li-ion, plus exigeante ».

Le projet Emili risque également de provoquer une opposition citoyenne locale, à l’instar du projet équivalent présenté plus tôt cette année à Tréguennec en Bretagne. Ailleurs en Europe, le projet d’exploitation de lithium de Rio Tinto en Serbie a été gelé par le gouvernement en janvier 2022 à la suite d’oppositions massives liées à des enjeux sociaux et environnementaux.

En France, Imerys est toutefois soutenu par le gouvernement et bénéficiera de financement dans le plan France 2030, comme l’explique Roland Lescure, ministre délégué à l’industrie : « L’exploitation d’Imerys permettra de couvrir plus d’un quart des besoins des futures gigafactories françaises, avec une empreinte carbone bien plus réduite que ses concurrents extra-européens grâce à l’électricité décarbonée de notre pays. Ce projet que nous soutenons dans le cadre du plan France 2030 s’inscrit dans la stratégie industrielle portée par le Gouvernement, qui vise à implanter sur le territoire national l’ensemble de la chaîne de valeur des batteries, des matériaux de base au recyclage. Il démontre que la transition écologique est aussi un facteur de réindustrialisation. »

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