Le développement des installations photovoltaïque s’accélère depuis plusieurs années en Afrique de l’ouest, porté par le potentiel solaire de la région et la mise en place d’un écosystème adapté d’acteurs, de projets et de réglementations. Toutefois, la filière peine encore à recycler et à valoriser efficacement les produits solaires en fin de vie. Lagazel a dédié, ce jeudi 10 mars 2022, une journée d’ateliers portant sur ces enjeux. pv magazine a suivi les échanges et propose un état des lieux du secteur.
Le recyclage des produits solaires est encore majoritairement assuré par les acteurs de l’informel
Dans la région, le recyclage des produits solaires et électroniques est, en grande partie, assuré par l’action d’acteurs informels. Ces derniers ont actuellement la main sur de nombreuses chaînes de « désapprovisionnement » et recyclent principalement, voire uniquement, les métaux qu’ils arrivent à extraire. L’électronique cassée est parfois traitée (comme dans le cas des microprocesseurs) pour en extraire notamment l’or, mais ce procédé ne valorise par le cuivre. En ce qui concerne les batteries, si elles ne sont pas abandonnées dans la nature, elles sont conditionnées tout ou en partie afin d’être transportées illégalement vers des décharges ou des cycles de retraitement – comme il y en a notamment au Nigéria.
Avec la sensibilisation des acteurs, et notamment des propriétaires et exploitants des panneaux solaires, le recyclage formel commence à se développer. Il s’agit alors de mettre en place des processus efficaces de collecte, de démantèlement, de tri et de conditionnement avant de procéder à l’exportation des produits à recycler vers les marchés concernés par ces activités. Alassane Sanon, le directeur de l’ABPEV (Association burkinabè pour la promotion des emplois verts) explique que pour les batteries, le processus de démantèlement étant trop dangereux et que les produits sont simplement stockés puis exportés vers le Nigéria ou la Chine.
Changer la perception des entreprises et des populations pour récupérer et valoriser les déchets solaires et électroniques
Pour développer une filière rentable et verte sur la gestion des déchets des produits électronique et de l’industrie solaire, la région peut compter sur le soutien académique du CERVAM (Centre d’expertise pour la récupération et la valorisation des métaux). Au Burkina Faso, Moussa Bougouma, enseignant chercheur à l’Université Norbert Zongo, explique que le centre mène des travaux de recherche sur la valorisation des déchets solaires et électroniques dans plusieurs domaines : les sciences, les sciences appliquées et les sciences sociales et économiques.
L’idée principale est de récupérer les métaux précieux et stratégiques, mais pour ce faire, il faut dans un premier temps répondre aux challenges inhérents à la récupération des produits. « Il faut changer la perception des populations et des entreprises sur les déchets. Nous avons besoin d’une prise de conscience et cela passe par l’éducation, les médias, la communication, les actions d’information et la sensibilisation dans les écoles, » explique-t-il.
Des initiatives encourageantes
L’Afrique de l’Ouest voit tout de même se développer des initiatives porteuses sur la valorisation des déchets solaires et le recyclage. Au Burkina Faso, l’association Badeya se charge de la collecte, du stockage et de l’exportation des batteries vers l’étranger. Au Sénégal, l’entreprise française Weecycling développe ses activités pour récupérer les déchets solaires de la filière sur place afin de les envoyer dans son usine de traitement en France.
L’un dans l’autre, les réglementations se développent à l’échelle du continent. Le GIZ (l’agence de coopération internationale allemande pour le développement) fait état de l’avancé des lois relatives à la prise en charge des déchets électroniques en Afrique. Susceptibles de favoriser l’émergence d’un écosystème plus large sur le recyclage, 13 pays ont déjà mis en place de telles législations : la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigéria et le Cameroon en Afrique de l’Ouest, Madagascar et Sao Tomé et Principe en ce qui concerne les pays insulaires, la Zambie, la Tanzanie, le Burundi et le Kenya à l’Ouest et l’Egypte et l’Afrique du sud, qui peuvent tirer le marché en tant que grands pays.
Pour tous les intervenants, l’une des clés pour développer le marché sera d’aider le recyclage informel à adopter des procédés durables ou à se tourner vers l’exportation. Par la suite, la valorisation des produits solaires en fin de vie pourrait aussi bénéficier de la coopération régionale et de l’émergence d’acteurs locaux.
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