Selon une étude de Greenpeace, les coûts du PV sont inférieurs à ceux du nucléaire

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Dans un rapport publié mercredi 24 novembre 2021, Greenpeace France et l’Institut Rousseau ont souhaité proposé une analyse des coûts actuels des principaux moyens de production d’électricité bas carbone, offrant ainsi un chiffrage objectivé permettant une comparaison des coûts par MWh. L’objectif est de contribuer au débat actuel, « à l’heure où la France est à la croisée des chemins et doit faire des choix cruciaux concernant son avenir énergétique pour atteindre la neutralité carbone avant 2050 », comme le notent les auteurs.

En effet, plusieurs études, comme celle de RTE ou celle de NegaWatt, sont sorties ces dernières semaines sur les différents mix énergétiques français possibles pour 2030 et 2050, afin de sécuriser l’approvisionnement électrique tout en permettant à la France d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Cependant, certains des coûts avancés, notamment par l’étude de RTE sur le nucléaire français, avaient fait l’objet de revues critiques. Pour autant, Greenpeace France et l’Institut Rousseau précisent d’emblée qu’ils ont choisi de se concentrer sur les coûts actuels. « L’étude ne traite pas des installations “futures” (SMR, EPR2…) mais se concentre sur les moyens de production “existants” qui émettent peu de gaz à effet de serre tout au long de leur cycle de vie et qui sont amenés à jouer un rôle central dans le renouvellement et le développement de la production d’électricité en France métropolitaine », souligne le texte.

Le CCE du PV résidentiel légèrement inférieur à celui de l’EPR de Flamanville

Il en ressort que le coût courant économique (CCE) de l’EPR de Flamanville est en moyenne au moins deux fois plus élevé que celui des autres options, se situant au même niveau que le photovoltaïque résidentiel. Par ailleurs, le coût courant économique des énergies renouvelables les plus compétitives, à savoir le photovoltaïque en centrale au sol ou sur grandes toitures, et l’éolien terrestre est de 5 % à 30 % inférieur à celui du “vieux” nucléaire, celui de l’éolien offshore restant légèrement supérieur (moins de 15 %). « Que la France s’engage vers la construction de nouveaux réacteurs comme le propose Emmanuel Macron ou vers un mix 100% EnR, trop d’incertitudes pèsent encore sur la faisabilité ou le coût réel de chaque option. Pourtant, ces choix vont nous engager sur des décennies et auront in fine des répercussions sur les territoires et le budget des ménages. Avoir une vision la plus nette possible des coûts actuels est un point de départ essentiel pour éclairer toute décision publique concernant les futures installations », milite ainsi Greenpeace.

Les coûts courants économiques du nucléaire, du solaire et de l’éolien.

Image : Greenpeace et Institut Rousseau

L’analyse des résultats montre les différentes technologies se répartissent en deux groupes avec des CCE qui varient du simple au triple en terme de coûts. D’un côté, le parc nucléaire existant, le photovoltaïque au sol, sur grandes toitures et ombrières ainsi que l’éolien ont des CCE qui s’échelonnent entre 50 €/MWh et 80 €/MWh. De l’autre côté, le photovoltaïque résidentiel et l’EPR de Flamanville affichent des CCE d’environ 160 €/MWh.
– Deux sources d’électricité présentent des CCE particulièrement élevés : l’EPR de Flamanville et le photovoltaïque résidentiel. Pour l’EPR de Flamanville ceci s’explique en partie par son statut de tête de série d’une nouvelle technologie (avec des normes de sûreté et de sécurité plus élevées que pour les précédents réacteurs) mais également par un dépassement important des coûts d’investissements initialement prévus, lui-même ayant diverses causes détaillées notamment dans les rapports de Jean-Martin Folz et de la Cour des comptes. Pour le photovoltaïque résidentiel, la très petite échelle des systèmes considérés (entre 3 kWc et 9 kWc) implique nécessairement des coûts fixes élevés.
– Plus globalement, le nucléaire est sujet à un coût de financement plus élevé (près de 8 %) que celui des énergies renouvelables (2 à 5 %), en raison de la prise en compte de risques financiers importants spécifiques au nucléaire.
– Deux sources d’électricité présentent des CCE inférieurs à 60 €/MWh : le photovoltaïque au sol et l’éolien terrestre.
– Le CCE du nucléaire existant est plus élevé que celui de l’éolien terrestre et du photovoltaïque au sol. Il est du même ordre de grandeur que le CCE du photovoltaïque sur grandes toitures ou ombrières.
– Concernant spécifiquement l’éolien, le CCE de l’éolien en mer posé est en moyenne supérieur de 40 % à celui de l’éolien terrestre. En effet, les coûts d’investissement et de maintenance de l’éolien en mer sont plus élevés que ceux de l’éolien terrestre et ce surcoût n’est pas compensé par un facteur de charge plus important lié aux meilleurs régimes de vent rencontrés généralement en mer. De plus, la filière de l’éolien en mer est moins mature que celle de l’éolien terrestre, particulièrement en France où aucun parc n’est encore en service au large des côtes.
– S’agissant du solaire photovoltaïque, plus la puissance moyenne de l’installation est élevée, plus les différents postes de coûts rapportés au kWc diminuent et donc plus le CCE est bas. Ainsi, le CCE baisse de 60 % entre le photovoltaïque résidentiel et le photovoltaïque sur grandes toitures, pour une puissance installée multipliée d’un facteur 30 à 50 (entre 3 kWc et 9 kWc pour le résidentiel et entre 100 kWc et 500 kWc pour les installations sur grandes toitures et ombrières). Lorsque la puissance de l’installation augmente jusqu’à atteindre entre 2,5 MWc et 10 MWc pour des centrales au sol, alors le CCE baisse de nouveau de 25 %.
– Le CCE de l’EPR de Flamanville est plus de deux fois plus élevé que le CCE du nucléaire existant. Bien qu’il soit normal que le CCE de l’EPR de Flamanville soit plus élevé que celui du parc historique car l’EPR constitue une tête de série avec notamment des normes de sûreté et de sécurité plus élevées que les réacteurs précédents, l’écart avec le parc historique est qualifié de “considérable, même pour un réacteur « tête de série »” par la Cour des comptes dans son rapport de juillet 2020.

Analyse des frais d’exploitation et de maintenance

La répartition des différents coûts.

Image : Greenpeace et Institut Rousseau

S’agissant des différents postes de coût formant le CCE :
– Seul le nucléaire est concerné par des frais de combustibles estimés à environ 11 €/MWh.
– Les investissements de maintenance, poste important du nucléaire existant, doivent permettre de maintenir le niveau de production dans les conditions de fonctionnement actuel, tout en respectant les exigences en matière de sûreté et de sécurité. L’écart entre le nucléaire existant et l’EPR de Flamanville s’explique d’une part par la prise en compte des investissements de grand carénage dans cette catégorie, d’autre part par le choix de RTE d’intégrer ce poste dans les frais d’exploitation.
– Les frais d’exploitation rapportés au MWh sont plus élevés pour le parc nucléaire actuel que pour le nouveau nucléaire. Une partie de cette différence pourrait s’expliquer par le recours à des sources différentes (RTE pour le nouveau nucléaire et la Cour des comptes pour le nucléaire existant). S’agissant du photovoltaïque, plus l’installation est de faible puissance, plus les frais d’exploitation en €/MWh sont élevés : ils varient d’un facteur cinq entre les centrales au sol et le résidentiel, et représentent jusqu’à un tiers du CCE sur ce dernier segment. Enfin, pour l’éolien, les frais d’exploitation en €/MWh pour l’éolien en mer sont similaires à ceux de l’éolien terrestre (car la différence de puissance et de facteur de charge compense les frais plus élevés par machine) mais ne représentent qu’un quart du CCE pour l’éolien en mer contre un tiers pour l’éolien terrestre, car la valeur des investissements est prépondérante pour l’éolien en mer.
Le loyer économique constitue le poste le plus élevé du CCE. Le loyer économique très élevé de l’EPR par rapport au nucléaire existant s’explique par un investissement plus lourd et prolongé, en lien avec des exigences initiales en matière de sûreté et de sécurité plus élevées, un effet tête de série et des dérapages de chantier.

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