Le fournisseur d’électricité sud-africain Eskom a annoncé un plan d’investissement qui pourrait atteindre les 6,2 milliards d’euros pour la transition énergétique du pays d’ici 2030. Dans le détail, le groupe public veut investir 3,6 milliards d’euros (61,75 milliards de rands) dans l’énergie éolienne et 2,6 milliards d’euros (44,25 milliards de rands) dans l’énergie solaire au cours des dix ans à venir. A ce jour la quasi-totalité de l’électricité d’Afrique du Sud provient du charbon et Eskom représente à lui seul les deux cinquièmes de la production de gaz à effet de serre du pays.
Andre de Ruyter, le directeur général du groupe avait déclaré en juillet dernier à la Commission présidentielle sur le climat que le service public envisageait 8 017 MW de projets dont 1566,2 MW d’énergie solaire et 600 MW d’énergie éolienne. Certains projets durables sont prévus sur les sites de centrales au charbon dont la fermeture est programmée.
Un plan d’investissement en trois phases
Le plan d’investissement d’Eskom est prévu en trois phase. La première prévoit le déploiement de 246 MW d’énergie solaire photovoltaïque sur les centrales à charbon d’Arnot, Duvha, Lethabo, Majuba et Tutuka d’ici à 2023. 100 MW supplémentaires de capacité de production d’énergie solaire pourraient également être mis en place à Komati, dont la fermeture est d’ores et déjà prévue, et 19,5 MW d’énergie solaire complémentaire pourraient être installés sur la centrale éolienne de Sere.
La deuxième phase projette la construction d’une centrale solaire à concentration de 250 MW Olyvenhoutsdrift dans le Cap Nord et l’ajout de 600 MW d’énergie photovoltaïque sur le site de Sere à horizon 2025. Eskom précise que 300 MW d’énergie éolienne à Kleinzee sur la côte nord-ouest et 200 MW d’énergie éolienne à Aberdeen dans la province du Cap oriental pourraient être installés. Le groupe évoque en parallèle la construction de 250 MW supplémentaires de capacité de production d’énergie renouvelable sur les sites des centrales électriques au charbon déclassées.
La troisième phase prévoit la construction de 2950 MW supplémentaires de capacité photovoltaïque entre 2025 et 2030 ainsi que de 3100 MW d’énergie éolienne. Les projets et les sites de développement ne sont pas précisés.
Des résistances économiques, structurelles et politiques
Pour déployer sa stratégie, Eskom pourrait réaliser le plan d’investissement seul ou en partenariat. Le plan de transition initial a été présenté à la banque mondiale ainsi qu’à des institutions des États-Unis, du Royaume-Uni, de France et d’Allemagne qui auraient exprimé leur soutien, selon le directeur d’Eskom. Dans tous les cas le groupe sud-africain devra mettre son plan sur pied tout en faisant face à une dette de 23,5 milliards d’euros (400 milliards de rands). A ce sujet, le vice-ministre des Finances David Masondo avait déclaré en juillet dernier qu’il existait plusieurs solutions de sortie concernant ce fardeau financier, évoquant notamment l’annulation de la dette au niveau souverain en échange de la réalisation des objectifs climatiques.
Mais il faudra aussi convaincre le gouvernement du bien-fondé de l’abandon progressif du charbon, qui fournit à ce jour la quasi-totalité de l’électricité du pays. Gwede Mantashe, le ministre sud-africain de l’Énergie et des ressources minières, affirme que la transition énergétique telle que présentée par Eskom pourrait éliminer des milliers d’emplois dépendants du charbon et s’oppose en ce sens aux propositions du groupe d’électricité.
Lors d’un événement virtuel récent organisé par l’Université de Pretoria et l’Académie sud-africaine d’ingénierie au mois d’août, Andre de Ruyter a, de son côté, fait valoir l’opportunité que présentent la superficie et le potentiel solaire et éolien de l’Afrique du Sud. Il a également souligné que le passage vers une économie verte est inéluctable et que ce positionnement peut attirer le financement vert nécessaire et stimuler une réindustrialisation au niveau national.
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