L’Italie lance la deuxième stratégie nationale sur l’hydrogène la plus ambitieuse de l’Union européenne, en fixant un objectif de 5 GW de capacité installée pour ses électrolyseurs, d’ici à 2030. La nouvelle a été annoncé par le ministère du Développement économique mardi 24 novembre, lors du lancement d’une période de consultation de quatre semaines.
La stratégie nationale vise une pénétration de l’hydrogène de 2% dans la demande énergétique finale d’ici à 2030, et jusqu’à 20% d’ici à 2050. Ce chiffre est actuellement d’environ 1%.
Pour la prochaine décennie, le gouvernement italien prévoit d’utiliser l’hydrogène dans le secteur des transports, avec 4 000 camions long-courriers et un remplacement progressif des trains fonctionnant au diesel — qui représentent actuellement un tiers de la flotte italienne. L’Italie prévoit également le pompage de l’hydrogène dans le réseau gazier.
L’Italie devrait ainsi investir entre 2 et 3 milliards d’euros dans les infrastructures de distribution, les trains et les voies ferrées ; entre 5 et 8 milliards d’euros dans la production d’hydrogène ; et 1 milliard d’euros dans la recherche et le développement.
Claudio Descalzi, le PDG de la société italienne de gaz et d’énergie Eni, a soutenu au Corriere della Sera que les “grands acteurs italiens” collaborent activement et sont prêts à investir. Enel, la plus grand énergéticien italien est, de son côté, à la recherche d’un partenaire commercial pour l’hydrogène en Italie.
En outre, la société d’investissement privée Ardian et la société italienne de services publics A2A ont dernièrementsigné un accord pour développer conjointement des centrales électriques à énergie renouvelable et des unités de production d’hydrogène, en particulier dans le sud de l’Italie.
Une stratégie européenne
À la mi-novembre, la compagnie ferroviaire italienne Trenord a fait connaître son souhait d’acheter au moins six trains à hydrogène à Alstom. Au même moment, le ministre italien du développement économique, Stefano Patuanelli, a reçu son homologue français Bruno Le Maire pour parler batteries et d’hydrogène.
Début novembre, la société italienne de distribution de gaz Snam a acheté 33% des parts de De Nora, une société spécialisée dans les technologies d’électrodes — De Nora détient 34 % des parts de ThyssenKrupp Uhde Chlorine Engineers, une coentreprise de ThyssenKrupp qui participe à des projets mondiaux sur l’hydrogène. La Snam prévoit d’investir 720 millions d’euros dans la transition énergétique d’ici 2024, avec des investissements dans le secteur de l’hydrogène “d’au moins 150 millions d’euros”.
“Concernant la course à l’hydrogène, l’Europe est sur la bonne voie quand d’autres pays sont encore sur le starting-block”, a affirmé Kadri Simson, commissaire européenne à l’énergie. “Et c’est en partie car l’UE est un leader industriel dans le développement des électrolyseurs”. La commissaire a souligné trois évolutions positives, dont le lancement d’un navire expérimental alimenté par pile à combustible par Fincantieri, la plus grande entreprise de construction navale d’Europe. Fincantieri est contrôlée par la CDP, la banque d’investissement italienne.
Jusqu’à présent, c’est la France qui s’est la plus engagée en matière d’hydrogène (6,5 GW). Comme l’Italie, l’Allemagne vise à atteindre une capacité de 5 GW d’ici à 2030. L’Espagne et les Pays-Bas visent, quant à eux, 4 GW et le Portugal 2 GW. Les autres pays de l’UE n’ont pas encore présenté leur stratégie nationale en matière d’hydrogène.
L’Europe prévoit d’atteindre une capacité d’électrolyse 40 GW d’ici à 2030.
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