Le nucléaire est aujourd’hui la forme de production la plus coûteuse, hors centrales à gaz de pointe (WNISR)

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Le coût lissé de l’énergie (LCOE) issue du nucléaire est passé d’environ 117 dollars par MWh en 2015 à 155 dollars à la fin de l’année dernière, selon la dernière édition du rapport sur la situation de l’industrie nucléaire mondiale, publié chaque année par le consultant nucléaire français Mycle Schneider.

En revanche, le LCOE de l’énergie solaire est passé de 65 $/MWh à environ 49 $ et celui de l’énergie éolienne de 55 $ à 41 $/MWh, signale le rapport.

« Ce qui est remarquable dans ces tendances, c’est que les coûts des énergies renouvelables continuent de baisser en raison des améliorations progressives de la fabrication et des installations, tandis que le nucléaire, malgré plus d’un demi-siècle d’expérience industrielle, continue de voir ses coûts augmenter », indique le rapport, citant une étude récente de la société de conseil financier et de gestion d’actifs Lazard. « L’énergie nucléaire est aujourd’hui la forme de production la plus coûteuse, à l’exception des centrales à gaz de pointe », ajoute l’étude, qui ne fournit pas de LCOE pour la production de gaz de pointe.

La différence de coût a un impact énorme sur le déploiement des nouvelles capacités de production, avec seulement 2,4 GW de nouvelles tranches nucléaires installées l’année dernière, contre 98 GW de capacités solaires et 59,2 GW d’éolien, selon le rapport.

La capacité nucléaire opérationnelle mondiale a diminué de 2,1 % pour atteindre 362 GW à la fin du mois de juin. « Le nombre de réacteurs en exploitation dans le monde est tombé à 408 à la mi-2020, ce qui est inférieur au niveau déjà atteint en 1988 et 30 unités en dessous du pic historique de 438 en 2002 », indique l’étude.

Six réacteurs nucléaires ont été connectés au réseau l’année dernière : trois en Russie, deux en Chine et un en Corée du Sud. Dans le même temps, cinq tranches nucléaires ont été fermées l’année dernière et trois autres l’ont été au cours du premier semestre de cette année, aucune installation nucléaire n’ayant été ajoutée de janvier à juin. Huit autres installations, qui avaient cessé leurs activités, ont été déclassées en 2019.

Les « cinq grands » pays producteurs d’électricité nucléaire – par ordre d’importance : les États-Unis, la France, la Chine, la Russie et la Corée du Sud – ont à nouveau produit 70% de toute l’électricité nucléaire dans le monde en 2019, selon le rapport. « Deux pays, les États-Unis et la France, ont représenté 45 % de la production nucléaire mondiale en 2019, soit deux points de pourcentage de moins que l’année précédente, alors que la production de la France a diminué de 3,5 % ».

Le rapport ajoute que l’âge moyen du parc mondial de réacteurs nucléaires a atteint 30,7 ans, les deux tiers des réacteurs fonctionnant depuis plus de 31 ans.

Le nombre de réacteurs en construction est passé de 46 à 52 – dont 15, d’une capacité de production totale de 14 GW, se trouvent en Chine. La plupart de ces projets ont toutefois subi des retards de plusieurs années. L’année dernière, la construction de quatre centrales en Chine et d’une centrale en Russie et au Royaume-Uni a commencé. Les travaux ont débuté au cours du premier semestre de cette année pour une centrale nucléaire turque.

Focus France

Dans l’un de ses « focus » sur la France, le WNISR rappelle que « début 2018, EDF a affirmé que ses coûts de production d’électricité pour les réacteurs existants seraient de 32 €/MWh (38 $ US/MWh) – y compris les coûts d’exploitation et de maintenance des centrales nucléaires (22 €/MWh ou 26/MWh2018, y compris le combustible à 5 €/MWh – 20186/MWh2018) et tous les coûts de modernisation prévus pour la prolongation de la durée de vie des centrales à 50 ans (10 €/MWh ou 12/MWh2018) – et resteraient plus économiques que « toute nouvelle alternative ».

Cependant, insiste le rapport, « ces chiffres soulèvent de sérieuses questions. Michèle Pappalardo, ancienne haute représentante de la Cour des comptes, a fait remarquer lors des auditions de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale que le calcul du FED s’est arrêté à mi-chemin en 2025, et a rappelé que la Cour avait calculé un coût total de 100 milliards d’euros (117 milliards de dollars) pour la période 2014-2030.

Ces estimations étaient basées sur la situation au début de 2018, mais la performance d’EDF en 2018-19 s’est fortement détériorée avec des prolongations d’arrêts sans précédent, donc des niveaux de production faibles dans un environnement de marché à bas prix et à faible consommation. Ces éléments n’ont pas été pris en compte dans les calculs des coûts de 2018. La crise Covid-19 a entraîné une nouvelle dégradation de la situation, qui aura des répercussions notamment en 2021-2022. »

Le rapport souligne plus particulièrement que « les coûts d’exploitation ont considérablement augmenté au cours des dernières années ». Les délais dans les opérations d’arrêt de tranches sont largement dépassés, et particulièrement coûteux. Ainsi, la dette financière nette d’EDF a augmenté de 8 milliards d’euros en 2019 et a encore augmenté d’un milliard d’euros au premier semestre 2020, principalement en raison de l’effet Covid-19, pour atteindre un total de 42 milliards d’euros. LE WNISR estime en outre que d’ici à 2022, les effets liés à la crise sanitaire pourraient « ajouter un total de 5 à 10 milliards d’euros au fardeau de la dette de l’entreprise et accroître la pression pour de nouvelles économies de coûts. »

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