L’entrée en confinement n’a pas été simple sur les chantiers photovoltaïques, rappelle Franc Raffalli, le président du Groupement des métiers du photovoltaïque de la Fédération française du Bâtiment (GMPV-FFB) à pv magazine. En particulier en raison d’un discours politique discordant : confinement obligatoire pour tous selon le président de la république et le Premier ministre, retour sur les chantiers exigé par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, contradiction sur le droit au chômage partiel dans le BTP… La branche a dû s’organiser. « La FFB a obtenu que le chômage partiel s’applique également à la filière du bâtiment, en contrepartie il fallait se préparer à redémarrer les chantiers », explique Franc Raffalli.
Pour que cela soit possible, l’Organisme Professionnel de Prévention du Bâtiment et des Travaux Publics (OPPBTP) a rédigé un guide de préconisations de sécurité sanitaire présentant les règles à suivre sur les chantiers (gestes barrières, distance entre les salariés) et dans lequel il propose de désigner un ou plusieurs « référents Covid-19 entreprise et chantier », référents formés à la conscience du danger et qui s’assurent que les mesures sanitaires sont bien suivies. Le GMPV met alors en place une formation pour ces postes, et il devient possible de redémarrer les petits chantiers dès la première moitié du mois d’avril.
« Au mois d’avril, nous étions à 10 % de notre capacité de production. Et depuis le mois de mai, nous avons pu rouvrir progressivement tous les chantiers », explique Franc Raffalli. À l’heure actuelle, il estime que la filière travaille à près de 60 % de sa capacité de production.
Manque de main d’œuvre
Aujourd’hui, bien que les chantiers ne soient plus à l’arrêt, il n’est pas toujours possible d’effectuer les travaux photovoltaïques prévus puisque les travaux préalables à l’activité solaire ne sont pas suffisamment avancés. Celle-ci nécessite par exemple que le bâtiment soit construit. Les métiers du solaire sont un maillon dans une chaîne, explique Franc Raffalli, une chaîne qui fait intervenir une main d’œuvre étrangère rentrée chez elle pendant la crise sanitaire et qui n’est pas encore revenue. « Le photovoltaïque va pâtir de ce manque de main d’œuvre », ajoute-t-il. « On pourrait potentiellement travailler à 100 % de nos capacités, mais avec le manque de main d’œuvre, le rythme de travail sera encore perturbé pendant un bon mois », estime-t-il.
En revanche, en termes de capacités humaines, la crise sanitaire ouvre de nouvelles opportunités pour le secteur solaire, reconnait Franc Raffalli. « Avant la crise sanitaire, les entreprises du BTP photovoltaïque étaient déjà dans une situation tendue : nous avions beaucoup de projets et des difficultés à trouver des salariés » explique-t-il. Aujourd’hui, de nouveaux salariés sont sur le marché de l’emploi et la filière photovoltaïque essaie de les recruter : « Nous essayons de capter ces salariés qui étaient dans des métiers connexes pour pouvoir les former dans nos métiers. »
Sortie de crise
Ces perturbations vont-elles sévèrement affecter l’économie des entreprises du BTP du secteur photovoltaïque ? « Ce n’est pas la première crise que nous traversons », rappelle le président du FFB-GMPV : le secteur a connu la « bulle du PV » de 2007 à 2011, le moratoire de 2011 à 2012, la stagnation puis la réduction du marché global du solaire jusqu’en 2018, et ce n’est qu’en 2019 qu’il a redémarré.
Les structures de la filière photovoltaïque sont très résilientes, explique Franc Raffalli. Comme d’autres acteurs du solaire, il estime que le secteur du photovoltaïque sera l’un de ceux qui pourront tirer l’économie vers le haut en sortie de crise.
Si le chômage partiel soulage les entreprises, ce n’est toutefois pas cette mesure qui leur permettra de sortir de la crise sanitaire. Les charges salariales endossées par l’État ne représentent qu’une petite partie des coûts globaux des sociétés, explique le président de la GMPV-FFB. En outre, les mesures prises en réponse au Covid-19 représentent également un surcoût, et il est à la charge des entreprises du BTP. « Il va falloir davantage travailler sur les chantiers, travailler plus efficacement pour que cela ne coûte pas plus à l’entreprise », explique Franc Raffalli.
La filière se rattrapera grâce à la croissance du secteur : « Nous étions dans une période de croissance. Selon les projections, notre chiffre d’affaires 2020 devait être plus important que celui de l’année dernière », explique Franc Raffalli. « Mais au lieu de connaître 30 % de croissance comme prévu, nous n’en aurons que 10 % au niveau national. » Contrairement à des secteurs tels que ceux de la restauration où les pertes de revenus sont irrattrapables, le chiffre d’affaires des chantiers photovoltaïques se base sur des projets décidés il y a un ou deux ans, ajoute-t-il, et ces projets se réaliseront malgré les retards. « Le chiffre d’affaires sera toujours en augmentation, mais nous n’aurons pas de marge », précise-t-il.
« On s’arc-boute pour trouver des solutions, mais nous avons des salariés passionnés par leur métier et qui feront, je pense, ce qu’il faut pour qu’on puisse surmonter cette période », conclut-il.
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