Début mai, dans une émission radio allemande, Gunter Erfurt, le directeur général de Meyer Burger, déclarait qu’il envisageait de monter une nouvelle usine de cellules et de panneaux à haut rendement en Allemagne. Ce projet pourrait être implanté dans la mine de charbon à ciel ouvert de Hambach, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, où pourrait également être construite une centrale photovoltaïque flottante.
Cette centrale serait composée des panneaux fabriqués sur place, expliquait Gunter Erfurt, et pourrait avoir une capacité de 10 GW, soit l’équivalent de la capacité de production des quatre centrales à charbon actuellement en service dans la région – région qui, de fait, resterait une région énergétique importante en Allemagne, même après l’abandon progressif du charbon, poursuivait le directeur général de Meyer Burger.
Le fabricant d’équipements solaires suisse, qui a subi de faibles marges sur ses produits en Extrême-Orient, a formé l’année dernière des partenariats stratégiques avec le fabricant norvégien de modules solaires REC Group et Oxford PV, une société issue de l’université d’Oxford. L’objectif de ces collaborations était de mettre sur le marché la technologie solaire de Meyer Burger, basée sur l’hétérojonction.
Et, précisément, REC est en train d’examiner la possibilité de créer une nouvelle usine exploitant aussi la technologie à hétérojonction.
« Après le lancement réussi du panneau solaire révolutionnaire REC Alpha à Intersolar Europe en mai 2019, le groupe REC a annoncé dès août 2019 que l’entreprise internationale pionnière de l’énergie solaire avait l’intention d’augmenter sa capacité de production de 600 MW en technologie d’hétérojonction pour Alpha à plusieurs GW en coopération avec un partenaire stratégique potentiel », explique REC à pv magazine.
Le fabricant norvégien précise qu’il est en train d’examiner activement les partenaires et les sites potentiels dans le monde entier pour cette expansion. En Europe en particulier, puisque « l’Europe est par tradition un marché important pour REC. » Parmi les options envisagées, le groupe souligne qu’il étudie la possibilité d’implanter une usine de 2 GW à Sarreguemines, dans le Grand Est.
Une réindustrialisation européenne en force ?
Avec la maturation de la filière photovoltaïque, les raisons en faveur d’une production en Asie sont de moins en moins nombreuses. « Lorsque le prix baisse et que l’efficacité augmente, à un moment donné, le transport devient une partie incompressible du prix. En outre, avec des processus hautement automatisés, le coût de la main-d’œuvre ne suffit plus à justifier une fabrication exclusivement asiatique », explique Xavier Daval, le président de la Commission solaire du Syndicat des énergies renouvelables, à pv magazine.
Toutefois, le besoin en Europe est-il assez fort pour pouvoir accueillir deux nouvelles usines exploitant la même technologie ? La question concerne surtout leur capacité à trouver suffisamment de financements. Le risque que la première usine soit favorisée sur le plan financier, et que la deuxième usine ait des difficultés à boucler son tour de table d’investisseurs existe. Pour qu’elle y parvienne, il faudra montrer que le marché répond favorablement à cette offre, or cela ne sera pas immédiat, explique Xavier Daval.
S’il fallait se limiter à une seule usine, où devrait-elle être construite ? D’un côté l’Allemagne, le plus grand marché européen, de l’autre la France, un pays « lent à avoir adopté le solaire », explique Xavier Daval. Lent, mais qui a un énorme potentiel devant lui, accordé par la dernière loi sur les programmes énergétiques (PPE), ajoute-t-il.
« J’aimerais bien que les deux projets d’usines aboutissent, mais, à petits pas, construisons-en une avant de nous affronter sur le terrain européen », explique Xavier Daval. « Et je considère aujourd’hui que la meilleure option pour l’industrie européenne est de se doter d’une usine française. Pour des raisons politiques, une telle décision rendrait définitivement pérenne le soutien gouvernemental en faveur de notre industrie solaire, de la fabrication en amont aux projets en aval. Et que la France quitte sa position de partenaire dormant pour devenir un participant actif du monde solaire, l’Allemagne aura alors un allié solide pour discuter de la reconstruction d’une industrie solaire européenne », conclut-il.
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