Le point de vue de la Commission Solaire du SER — Photovoltaïque au sol sur sites dégradés : une option… parmi d’autres

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D’une part, les installations sur bâtiments permettent de produire de l’énergie au plus proche des besoins, leur déploiement nécessite en revanche un plus grand nombre de projets, structurellement plus petits unitairement. D’autre part, en termes de compétitivité, le PV au sol, plus facile à déployer en volume, est désormais une des énergies les plus compétitives, avec encore des perspectives de baisse de coûts à la clé… Si nous voulons voir se développer le photovoltaïque de manière significative, avec la grande acceptabilité que nous lui connaissons aujourd’hui et un impact limité sur notre budget dédié à la transition énergétique, il semble donc indispensable de donner une place de premier plan à la fois aux centrales photovoltaïques sur bâtiments mais également à celles au sol.

Le projet de PPE révisée dévoilé en début d’année 2019 a semble-t-il pris acte du besoin de marier la modularité du PV sur bâtiment avec la compétitivité du PV au sol en prévoyant sur les 3 GW annuels de capacités photovoltaïques raccordées au réseau par le biais d’appels d’offres deux tiers d’installations au sol. Tout cela pour arriver en 2028 à une capacité installée, au maximum de 44,5 GW, toujours inférieure à celle installée par l’Allemagne en 2019 !

Dans cette optique, l’ADEME a évalué dans une étude parue en 2019 le gisement de sites dégradés et de parkings mobilisable pour le déploiement de l’énergie photovoltaïque au sol. Et ce gisement, évalué à 53 GW, présente l’avantage de couvrir davantage que l’objectif haut du projet de PPE à 2028.

A première vue, si cette étude a le mérite de donner un ordre de grandeur des terrains dégradés où des panneaux photovoltaïques pourraient être installés, elle n’indique cependant pas l’impact économique lié à l’exploitation de ces sites, techniquement plus coûteux à exploiter. Ces terrains dégradés sont donc théoriquement mobilisables… si on ne se soucie pas du prix de production. Or les centrales au sol sont développées dans le cadre d’une procédure concurrentielle, l’appel d’offres, ce qui signifie que les projets sur sites dégradés mais non compétitifs ne peuvent voir le jour.

A ces contraintes économiques non prises en compte dans cette évaluation, il faut ajouter celles liées au réseau électrique, qui impactent économiquement les projets, mais aussi celles liées à la biodiversité et la disponibilité réelle des terrains. En effet, de nombreux sites dégradés ne sont pas exploitables en raison de la biodiversité présente sur site quand, dans d’autres cas, le propriétaire n’est tout simplement pas vendeur. Une évaluation des terrains effectivement mobilisables nécessiterait donc de développer réellement les projets et de mener des études de terrain, ce qui est un exercice bien différent (et infiniment plus coûteux) de celui mené par l’ADEME.

Malheureusement, le chiffre de cette évaluation du gisement des sites dégradés a été pris au pied de la lettre, certains considérant que les objectifs du PV au sol devaient être atteints uniquement grâce aux sites dégradés et parkings et qu’en conséquence, l’énergie photovoltaïque devait se développer « en priorité » sur ces sites. Des projets voient donc leur demande d’autorisation d’urbanisme refusée car tous les sites dégradés, parkings et bâtiments n’ont pas été exploités. Un non-sens économique et une aberration technique et environnementale qui risquent de peser in fine sur le déploiement global de l’énergie photovoltaïque en France.

Il semble donc plus que jamais opportun que l’Etat rappelle que le déploiement du PV au sol fait bien partie de ses « priorités », au-delà des chiffres (encore provisoires) de la PPE.

Xavier DAVAL

Vice-président du SER et Président de la Commission Solaire du SER

 

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