D’après une analyse d’Aurora Energy Research, la France pourrait atteindre, d’ici 2030, un ratio de 179 % entre la capacité installée de batteries et la capacité contractualisée sur le marché des services système (Ancillary Services), essentiel à l’équilibre du réseau. Ce niveau indiquerait un risque élevé de saturation du marché, dans la lignée des tendances observées dans d’autres pays européens.
Le mix électrique français reste dominé par le nucléaire, le gaz et l’hydroélectricité. Toutefois, avec le retrait progressif des anciens réacteurs nucléaires, Aurora estime que les batteries joueront un rôle essentiel dans le maintien de l’équilibre du système. Le fournisseur d’analyses des marchés de l’électricité souligne la nécessité, pour les développeurs, de prendre en compte le risque de saturation des services système dans leurs décisions d’investissement.
La capacité installée de batteries en France a dépassé 1GW en 2024, un niveau dix fois supérieur à celui de 2020, selon l’analyse. Cette croissance a été portée par la diversification des sources de revenus via les services système, par la baisse des coûts d’investissement (CAPEX), ainsi que par l’augmentation de 70% de la capacité en énergies renouvelables intermittentes, notamment le doublement de la capacité solaire photovoltaïque et une forte expansion de l’éolien.
Cette hausse de la capacité de batteries intensifie la concurrence sur le marché et exerce une pression à la baisse sur les prix, en évinçant progressivement les technologies conventionnelles. Le passage de la France à un modèle de rémunération « pay-as-clear » pour la réserve secondaire (aFRR) en juin 2024 illustre l’évolution des dynamiques de marché qui encouragent le déploiement des batteries. Cependant, Aurora souligne que la faible profondeur du marché de l’aFRR le rend particulièrement vulnérable à une situation de saturation. Dans son scénario de surdéveloppement des batteries, incluant tous les projets de batteries en cours d’étude, de planification ou de construction, Aurora prévoit un quasi-décuplement de la capacité installée, passant d’environ 1GW en 2024 à 9GW en 2030.
Aurora souligne également l’intérêt des contrats d’achat à prix fixe (offtake agreements), qui peuvent significativement améliorer la rentabilité en cas de conditions défavorables et réduire le risque pour les investisseurs, avec une estimation de juste valeur comprise entre 94.0 € et 103.3 € par kW/an. Bien que ces contrats ne permettent pas de capter les gains de marché en période favorable, ils offrent des revenus stables et contractualisés, transférant ainsi le risque de marché à l’acheteur. Cela permet un niveau d’endettement plus élevé, des maturités de dette plus longues et facilite le respect des seuils de couverture de service de la dette (DSCR).
Christina Rentell, responsable de la recherche pour la France, Espagne et Portugal chez Aurora Energy Research, déclare :
« Le marché du stockage par batteries en France se développe rapidement mais, avec une dynamique dominée par de grandes installations, le risque de saturation du marché est élevé. Se protéger efficacement contre les scénarios défavorables, comme le risque de saturation, sera essentiel pour permettre un déploiement durable, à grande échelle, tout en garantissant un faible niveau d’émissions liées aux services système dans un contexte de recul du nucléaire. »
À PROPOS D’AURORA ENERGY RESEARCH
Fondée en 2013, Aurora Energy Research est un fournisseur mondial de premier plan de prévisions et d’analyses du marché de l’énergie pour les décisions critiques en matière d’investissement et de financement. Basé à Oxford, nous opérons à partir de 15 bureaux dans le monde couvrant l’Europe, l’Amérique du Nord et du Sud, l’Asie et l’Australie.
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