Tiamat et RTE ont ouvert une consultation publique à Amiens afin de lancer la construction d’une usine de production de batterie sodium-ion dans les Hauts-de-France. Les premières batteries de cette technologie alternative au lithium-ion seront devraient sortir courant 2026 et seront destinées aux petits appareils-outils, aux data-centers puis, à terme, à la mobilité électrique.
Tiamat est une jeune pousse française qui porte un projet de production de cellules de batterie reposant sur la technologie sodium-ion. Hébergée au Hub Energie à Amiens, situé sur le pôle scientifique de l’Université de Picardie Jules Verne (UPJV), la société avait déjà finalisé un troisième tour de table de 30 millions d’euros début 2024 pour construire cette fameuse usine de production qui atteindrait 5 GWh de capacité en 2029.
Elle avait alors convaincu le fabricant automobile Stellantis (qui avait apporté 15 millions d’euros en se positionnant aussi en futur client), le groupe chimique Arkema et l’entreprise d’armement MBDA, des nouveaux investisseurs rejoignant le groupe d’actionnaires existants et la banque d’investissement Bpifrance.
Tiamat fabrique déjà en Chine, en partenariat avec Zenergy depuis 2023, une première génération de batteries sodium-ion conçues pour l’outillage portatif, le stockage stationnaire, l’intégration aux piles à combustible, ainsi que pour des usages ferroviaires, aéronautiques et de secours sur véhicules électriques. Parallèlement, elle a affirmé être en phase de finalisation de deux nouvelles technologies complémentaires de batteries sodium-ion : l’une optimisée pour la puissance, l’autre dédiée aux applications énergétiques.
Concertation préalable dans les Hauts-de-France
La concertation préalable au projet d’usine en France aura lieu du 28 avril au 22 juin et sera rythmée par plusieurs réunions publiques. De l’impact environnemental au partage des contributions en passant par les enjeux socio-économiques, ces assemblées seront organisées dans différentes communes avoisinantes du projet. Les conclusions des débats devront être prises en compte par les industriels, bien que le dispositif de concertation n’est pas contraignant.
La mise en service de la première phase de l’usine de fabrication d’une capacité annuelle de 700 MWh était initialement prévue fin 2025 (mais devrait être repoussé à 2026), le plein potentiel de production devant être atteint en 2029. A terme, cette grande usine à Boves, la zone industrielle Jules-Verne près d’Amiens, serait capable de produire jusqu’à 500 000 batteries sodium-ion par jour.
Tiamat avait signé son contrat d’implantation en mai 2024, soutenu par la Région, la Préfecture de la Somme, Amiens Métropole, la Chambre de commerce et d’industrie. La société n’a toutefois pas encore finalisé le nouveau tour de table qu’elle avait annoncé à 150 millions d’euros en 2024. A terme, le projet nécessitera plus de 500 millions d’euros d’investissement.
Les batteries sodium-ion : du laboratoire à l’usine ?
Les batteries sodium-ion intéressent de plus en plus les industriels, qu’ils évoluent dans le secteur de l’automobile ou qu’ils s’intéressent au stockage pur de l’énergie. La batterie sodium-ion semble en effet tirer son épingle du jeu par rapport aux technologies existantes (notamment le lithium-ion) puisqu’elle présente une meilleure sécurité, des coûts de matières premières plus bas et une charge rapide. Elle a aussi l’avantage de se passer de lithium, de cobalt et de nickel.
Bien que ses performances en densité d’énergie sont comparables à celles des premières batteries lithium-ion, les marges de progression sont importantes. Les améliorations pourraient se concrétiser dans un contexte compétitifs qui intègre les fabricants de batteries établis et les nouveaux venus qui cherchent à faire sortir la technologie sodium-ion du laboratoire.
Son industrialisation reste pour l’instant à petite échelle et en phase pilote même si quelques acteurs ont franchi le pas. Aux États-Unis, par exemple, Natron Energy produit depuis 2024 des cellules sodium-ion dans son usine du Michigan, et Acculon Energy prépare une série de modules à raison de 2 GWh/an à partir de mi-2024. En Chine, CATL a dévoilé sa marque « Naxtra » et envisage de lancer une ligne commerciale dès fin 2025 et le constructeur automobile JAC a même mis sur le marché, en janvier 2024, un véhicule électrique équipé de ces batteries.
Ces initiatives donnent à voir que la batterie sodium-ion ne se limite plus à la R&D, mais il conviendra de suivre de près l’évolution des volumes produits et la compétitivité à l’échelle industrielle avant de la considérer comme une alternative pleinement mature au lithium-ion.
Ce contenu est protégé par un copyright et vous ne pouvez pas le réutiliser sans permission. Si vous souhaitez collaborer avec nous et réutiliser notre contenu, merci de contacter notre équipe éditoriale à l’adresse suivante: editors@pv-magazine.com.
En transmettant ce formulaire vous acceptez que pv magazine utilise vos données dans le but de publier votre commentaire.
Vos données personnelles seront uniquement divulguées ou transmises à des tierces parties dans une optique de filtre anti-spams ou si elles s’avèrent nécessaires à la maintenance technique du site web. Un transfert de vos données à des tierces parties pour toute autre raison ne pourra se faire que s’il est justifié par la législation relative à la protection des données, ou dans le cas où pv magazine y est légalement obligé.
Vous pouvez révoquer ce consentement à tout moment avec effet futur, auquel cas vos données personnelles seront immédiatement supprimées. Dans le cas contraire, vos données seront supprimées une fois que pv magazine aura traité votre requête ou lorsque le but du stockage des données est atteint.
Pour de plus amples informations sur la confidentialité des données, veuillez consulter notre Politique de Protection des Données.