D’après pv magazine international.
En 2024, la Wallonie n’a installé que 92 MW de capacité solaire, selon les chiffres fournis par l’organisation à but non lucratif Energie Commune. Ce résultat marque un net ralentissement après une année record en 2023, où les installations solaires avaient atteint un niveau historique.
Marion Bouchat, conseillère photovoltaïque à la fédération des énergies renouvelables Edora, explique que le segment résidentiel, qui représentait près des trois quarts de la capacité solaire wallonne fin 2023, a vu ses performances chuter de 80 à 90 % en 2024. Cette baisse est due à la fin de la facturation nette et à l’absence d’incitations gouvernementales pour les installations de moins de 10 kW. Bien qu’un programme de soutien existe encore pour les installations de plus de 10 kW, celui-ci reste insuffisant, selon elle.
Mme Bouchat souligne également que les projets solaires à grande échelle rencontrent des difficultés liées aux autorisations. Cependant, elle note un potentiel important de synergie avec l’agriculture, bien qu’un seul projet sur des terres agricoles ait été réalisé à ce jour.
Quelles perspectives pour atteindre les objectifs ambitieux de 2030 ?
La Wallonie s’est fixé un objectif ambitieux : produire 5 100 GWh d’énergie solaire par an d’ici 2030. Pour y parvenir, Edora estime que les installations doivent augmenter dans tous les segments du marché. Dans une déclaration publiée à l’occasion de la diffusion des chiffres de 2024, la fédération appelle à plusieurs mesures : simplifier les procédures d’autorisation, renforcer les incitations financières, moderniser le réseau électrique, accélérer le déploiement du stockage et mettre en place une tarification dynamique.
Edora demande également au gouvernement de créer un cadre de développement pour le solaire au sol, en collaboration avec le secteur. « Les projets photovoltaïques au sol sont essentiels pour atteindre les objectifs régionaux », affirme Mme Bouchat. « L’objectif de 5 100 GWh par an ne pourra être atteint qu’avec une politique volontariste et un déploiement massif de projets au sol, nécessitant une capacité annuelle d’environ 575 MW d’ici 2030. »
Parmi les autres mesures susceptibles de relancer le marché wallon, Mme Bouchat cite un plan pour équiper les bâtiments anciens et nouveaux de panneaux solaires, ainsi que la facilitation des communautés énergétiques, qui ne bénéficient actuellement d’aucune incitation financière, comme une réduction des frais de réseau.
Elle évoque également la création d’un marché de flexibilité pour résoudre les problèmes de congestion, similaire au marché des déséquilibres au niveau national. Cependant, cette proposition n’est pour l’instant « pas à l’ordre du jour du gouvernement », précise-t-elle.
Selon les prévisions d’Edora, environ 200 MW de capacité solaire pourraient être installés en Wallonie en 2025 et 2026, à condition que le soutien politique actuel soit maintenu. Ce chiffre pourrait atteindre 350 MW en 2025 et 520 MW en 2026 si le gouvernement adopte des mesures plus ambitieuses.
En parallèle, la région flamande a ajouté 646 MW de capacité solaire en 2024, célébrant même sa millionième installation de panneaux solaires. Au niveau national, la Belgique a installé 970 MW en 2024, contre 2,4 GW en 2023. Ce recul s’explique par la fin des incitations en Flandre et en Wallonie, qui avaient dopé les installations l’année précédente.
Avec ces nouveaux ajouts, la capacité solaire totale de la Belgique atteint désormais 12 GW, couvrant environ 13 % de la consommation électrique du pays en 2024. Chacune des trois régions belges (Flandre, Wallonie et Bruxelles) dispose de son propre cadre réglementaire pour le solaire et les énergies renouvelables.
Traduit par Marie Beyer.
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