En Algérie, les capacités de production de panneaux photovoltaïques progressent rapidement

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Aux côtés des structuristes et des câbliers, qui développent leur activité sur le terrain national et à l’international, l’Algérie construit aussi rapidement ses capacités de production de panneaux photovoltaïques. Pour l’heure, le pays compte deux fabricants principaux : Zergoun Green Energy, basé à Ouargla, avec une capacité de production de 400 MWc, et Milltech, basé à Mila près de Constantine, avec une capacité de production de 100 MWc. « Nous disposons de deux lignes de production, l’une de panneaux M3 (en 5 busbars), encore utilisés pour les kits solaires, et l’autre plus moderne en M10 », précise Rahmoun Zergoun, PDG du groupe éponyme. Au total, l’investissement s’est élevé à environ 13 millions d’euros. « La technologie évolue rapidement et nous allons lancer dès juin-juillet 2025 une ligne de production en M10 TOPCon, jusqu’à 16 busbars, pour nous conformer aux standards mondiaux », complète le chef d’entreprise.

Le constat est le même pour son confrère et compétiteur Milltech, qui veut upgrader sa ligne en TOPCon M10. Chez Milltech, comme chez Zergoun, une partie des machines provient du fournisseur espagnol Mondragon. « En Algérie, le secteur de la production de panneaux solaires est encore jeune, nous avons donc besoin de support technique et de formation. Mondragon a son siège en Espagne et un bureau local en Tunisie, ce qui permet de faire venir des équipes rapidement sur place en cas de difficultés techniques », justifie Mohamed Hammoud, directeur général de Milltech, dont l’entreprise se spécialise plutôt sur le segment du commercial et industriel (C&I), de l’agriculture et des kits solaires…

Pour sa part, Zergoun mise sur les grandes centrales, car il est non seulement fabricant de panneaux mais aussi développeur de centrales solaires et EPCiste. Il a notamment remporté une centrale solaire de 82 MWc à Guerara lors de l’appel d’offres de GW lancé par la Sonelgaz et dont les résultats ont été publiés en mars 2024. Outre les panneaux photovoltaïques en PERC M10 et les structures en acier, qui seront tous deux issus de ses usines de Ouargla, le parc sera aussi équipé d’onduleurs Sungrow, de postes de transformations de Ekos, de matériel électrique de Schneider Electric et de systèmes Scada de Etap. Zergoun a également un projet avec la Sonelgaz pour hybrider l’une de ses centrales électriques fonctionnant au gasoil à Djanet, dans le sud du pays à la frontière avec la Libye, pour y associer une centrale photovoltaïque de 1 MWc. Le site sera alimenté en journée par le  solaire, et en carburant fossile la nuit.

Alléger les droits de douane

A la faveur de l’appel d’offres de 2023 et du prochain de 3 GW qui pourrait avoir lieu dès 2025, d’importants besoins se créent actuellement et la capacité de production s’étoffe rapidement. Aux côtés des deux fabricants historiques, Lagua est par exemple en train de démarrer une usine près d’Oran en M10 TOPCon, opérée avec des Chinois. « Plusieurs autres projets de gigafactories sont en train de se positionner, ce qui pourrait porter la capacité totale de production à plusieurs GW dans les prochains mois », relate une source anonyme.

Longi veut renforcer son partenariat avec l'Algérie

Début janvier, Amy Liu, vice-présidente du producteur chinois Longi pour le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Asie centrale a rencontré Noureddine Yasad, secrétaire d’État auprès du ministre algérien de l’Énergie chargé des énergies renouvelables, pour discuter de « l’exploration des opportunités d’investissement et la création de partenariats entre le fabricant et les entreprises algériennes ». Selon les deux parties, est également étudiée la possibilité de positionner l’Algérie comme un centre régional pour la production et l’exportation d’équipements d’énergie renouvelable à destination des marchés africains et internationaux.

Pour autant, si les fabricants profitent des critères de contenu local intégrés dans les appels d’offres EPC de la Sonelgaz, ils se disent freinés par certains droits de douane qu’ils souhaiteraient voir allégés. « Nous avons des droits de douane de 30 % sur l’importation des intrants », confirme Mohamed Hammoud. De plus, l’Algérie a instauré un Droit additionnel provisoire de sauvegarde (DAPS) de 60 % sur l’importation d’aluminium ou encore d’EVA.

A l’origine, cette mesure était destinée à protéger les producteurs nationaux d’aluminium contre la concurrence chinoise. Problème, l’aluminium anodisé dont ont besoin les fabricants de panneaux photovoltaïques n’est pas encore produit en Algérie, car la demande était il y a encore quelques années trop faible. Ils doivent donc l’importer et payer un DAPS de 60 %. « Alors que dans le même temps, l’importation de modules solaires finis en Algérie, provenant par exemple d’Europe ou du Moyen-Orient, n’est soumis à aucun droit de douane », remarque Rahmoun Zergoun. Les fabricants demandent donc l’abandon du DAPS pour les intrants nécessaires aux produits photovoltaïques. Avec un objectif de 15 GW de capacité photovoltaïque en Algérie d’ici à 2030, il y a aura en effet de la place pour tous, que ce soit les fabricants algériens ou internationaux.

A suivre : le fabricant Zergoun adapte son usine à la technologie TOPCon

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