Dans le sillage des appels d’offres, dont les résultats ont été annoncés en mars 2024 et qui portent sur une capacité de 3 GW de photovoltaïque au sol, c’est toute la chaîne de valeur du solaire qui se structure en Algérie. A commencer par l’industrie des câbles solaires. « Nous avons signé plusieurs contrats avec certains EPCistes qui ont remporté les appels d’offres de 2 GW et de 1 GW, assure Abdelhakim Louahem, PDG de la société Enicab.
Si l’entreprise est depuis ses débuts spécialisée dans la fabrication de câbles (pour transformateurs, pour le bobinage des moteurs, pour le secteur automobile…), elle s’est depuis trois ans diversifiée et a investi pour installer une usine de production de câbles photovoltaïques, incluant le procédé d’étamage. Située dans la zone industrielle de Biskra, au sud-est d’Alger, elle dispose d’une capacité de 2 000 km/mois. Pour satisfaire la demande de ses clients, en hausse, la capacité de la ligne pourrait doubler avant la fin du premier trimestre 2025. « Pour l’heure, les centrales réalisées dans le cadre de l’appel d’offres de la Sonelgaz demandent surtout des sections de 4 à 6 mm2, qui est la référence standard en Algérie, mais notre ligne peut tout à fait répondre à toutes les demandes du marché de 1,5 à 120 mm2 », précise Abdelhakim Louahem.
Même constat du côté de son concurrent, la société GISB Electric. Sa division GISB Green Power, elle aussi fabricant de câbles photovoltaïques, dispose d’une usine à Mostaganem sur la côte méditerranéenne à proximité d’Oran, d’une capacité d’environ 500 km/mois, disposant aussi d’un bain d’étamage. « Les appels d’offres ont dynamisé le marché algérien et la demande augmente », confirme un représentant de la société, qui affirme être en collaboration avec différents EPCistes nationaux et internationaux pour la fourniture de câbles de 4 et 6 mm2.
Elle envisage elle aussi d’investir dans une nouvelle ligne de câbles et devrait ouvrir très prochainement une unité de fabrication d’onduleurs solaires de capacité 8-75 kW. « Jusqu’à présent, les onduleurs sont quasiment tous importés en Algérie, poursuit le porte-parole. Mais ces dernières années, nous voyons que le développement des énergies renouvelables fait partie d’une stratégie étatique, ce qui encourage les investissements ». Si les câbles et les onduleurs seront majoritairement destinés au marché domestique, la société qui exporte déjà au Burkina Faso, au Sénégal ou encore en Côte d’Ivoire, espère continuer de s’étendre à l’international.
Les structuristes suivent la demande
Se développer à la fois sur le terrain national et à l’export, c’est aussi le positionnement des structuristes algériens. Dans son rapport de 2023, le Commissariat algérien aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique (Cerefe) recensait trois fabricants de structures métalliques pour une capacité annuelle de 1,33 GW. « Depuis, l’offre, soutenue par les appels d’offres à grande échelle, s’est étoffée et plusieurs entreprises ont débuté leur production ou sont en cours d’investissement », indique Mouloud Bakli, PDG et fondateur de la société Clean Power Engineering.
C’est notamment le cas du fabricant de panneaux photovoltaïques Zergoun, basé à Ouargla à 700 km au sud d’Alger, qui s’est lancé fin 2024 dans la production de structures photovoltaïques (voir vidéo ci-dessus). Il possède aujourd’hui cinq machines d’une capacité de 400 MW, qui façonnent des profils C, des profils U et des platines pour l’assemblage des structures de panneaux solaires. Les rouleaux d’acier proviennent du complexe sidérurgique d’El Hadjar à Annaba. L’usine est en fonctionnement, prête à livrer les premières commandes.
Enfin, si certains fabricants se positionnent sur le segment des centrales photovoltaïques au sol, d’autres choisissent de se développer sur le secteur, encore embryonnaire, du solaire pour les entreprises et les bâtiments (C&I), à l’image du groupe Frères Bekakria Energie. Créé en avril 2015, la société se spécialise dans la fabrication de supports électriques en béton précontraint. Or, en 2021, profitant de la capacité de sa centrale à béton et des balbutiements de la filière énergie solaire, elle choisit de se diversifier dans la production des supports en béton pour panneaux photovoltaïques. Il s’agit d’une structure de béton armé qui se pose sans fixation sur les toitures planes des entreprises et des bâtiments. « La solution a été brevetée et se compose d’un support en béton avec une barre d’acier à l’intérieur et de douilles de vis M8 pré-insérées pour permettre de visser les panneaux solaires, détaille Miloud Bekakria, son gérant. Les panneaux solaires acceptés peuvent faire jusqu’à 2,40 m2 et 28 kg ».
Depuis juillet 2024, Bekakria a signé un accord de partenariat stratégique avec l’entreprise italienne Sun Ballast, également spécialisée dans les supports en béton. Cette dernière réalise le design des supports pour panneaux PV, tandis que la production a lieu dans l’usine de Bekakria à Souk Ahras. Pour le moment, l’usine cible le marché algérien et tente de percer dans le secteur du C&I. Mais dans un deuxième temps, elle envisage également l’export. « En effet, les coûts d’énergie, de matière première et de main d’oeuvre sont en Algérie bien inférieurs à ceux en Europe. notre rentabilité à l’export dépendra donc principalement des coûts de transport », conclut Miloud Bekakria.
A suivre : le secteur de la production de modules
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