[Dossier autoconsommation] Le collectif monte en puissance

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Quelle que soit sa typologie – patrimoniale, sociale ou ouverte –, l’autoconsommation collective (ACC) a le vent en poupe. En témoignent les 698 opérations actives en France à fin 2024, selon les chiffres d’Enedis, représentant une puissance installée de plus de 50 000 kVA. Aujourd’hui, près de 8 342 compteurs sont intégrés dans une boucle d’électricité solaire. Ce modèle, limité à 3 MWc de puissance totale installée, est aujourd’hui bien connu par tous les acteurs, publics et privés, comme une solution de valorisation de leur production d’électricité, et de maîtrise des prix sur le long terme. Aux vertus économiques, écologiques et fédératrices, l’ACC se développe, de surcroît, dans un contexte réglementaire propice.

Un doublement en un an

Les 698 opérations actives d’autoconsommation collective, recensées par Enedis à fin 2024 représentent 73 643 kVa installés au total et 8 342 participants. La taille des opérations évolue peu, avec en moyenne 2 producteurs et 10 consommateurs en moyenne par opération. « La grande majorité est portée par des collectivités territoriales (communes, départements, syndicats), une centaine a choisi la forme associative et enfin, une cinquantaine est à l’initiative des bailleurs HLM », décrit Hervé Lextrait, directeur du pôle Transition énergétique chez Enedis. Côté projets à venir, il souligne que l’accélération se poursuit, avec 900 projets déclarés en août 2024 auprès des interlocuteurs d’Enedis en région, contre 400 en août 2023. « Ce sont de bons chiffres, mais avec 36 000 communes en France, il reste encore un fort potentiel de développement », a nuancé Laetitia Brottier, vice-présidente d’Enerplan.

Durant l’été 2024, les simplifications réglementaires se sont en effet multipliées. Ainsi, le 10 juillet, le Journal Officiel a publié un arrêté précisant la non-obligation, pour les collectivités portant des projets d’ACC, de constituer un budget annexe ou de régie, tant que la puissance cumulée des centrales valorisées en ACC ne dépasse pas 1 MWc. Début septembre, la bonne surprise est venue de la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Dans sa réponse à un lauréat de son appel d’offres, on apprenait que les « centrales sur bâtiments, serres agrivoltaïques, hangars, ombrières et ombrières agrivoltaïques de puissance supérieure à 500 KWc » pouvaient valoriser leur production en autoconsommation collective, tout en bénéficiant du complément de rémunération sur l’ensemble de leur production.

Clé de la réussite

Rendue possible par le déploiement sur tout le territoire du compteur Linky, l’autoconsommation collective devrait également profiter de l’entrée en vigueur de l’arrêté tarifaire S24, dit « petit sol », concernant les centrales photovoltaïques de moins d’1 MWc. Malgré tout, la mise en œuvre de ce modèle d’affaires reste encore assez complexe. C’est le cas par exemple au niveau du montage juridique d’une opération, puisqu’il contraint à créer une personne morale organisatrice gestionnaire – hormis dans le cas d’une opération de type patrimoniale.

Répartition géographique des opérations ACC en France à fin 2024.

Image : Enedis Open Source

 

La difficulté tient aussi à la mise en place des contrats entre les différents participants. Se partager l’électricité en circuit court – dans un rayon de 2 à 20 km à titre dérogatoire – ne va pas forcément de soi. La principale difficulté réside dans la capacité d’une opération à assurer à chacun une quote-part suffisamment sensible dans sa consommation et visible sur sa facture. A fortiori dans un marché de l’électricité baissier, comme c’est le cas actuellement… La répartition de l’énergie, la plus juste possible, constitue donc l’une des clés de la réussite d’une opération d’ACC. Son équilibre et sa rentabilité reposent, avant tout, sur le choix de profils de consommation variés et complémentaires, afin de tirer le meilleur parti de la production solaire et de son utilisation par l’ensemble de la communauté énergétique.

Edition spéciale de pv magazine France

Cet article est tiré de l’édition spéciale de pv magazine France éditée pour Energaïa en décembre 2024 et à télécharger ici.

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