L’Union européenne multiplie les initiatives pour accélérer sa transition énergétique. Au cours des dernières années, ses membres se sont accordés sur des politiques ambitieuses comme comme le Pacte vert pour l’Europe, qui vise à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 ou le programme Fit for 55, qui prévoit une réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Pour y parvenir, Bruxelles a alloué des budgets considérables : 1 000 milliards d’euros sur dix ans dans le cadre du Green Deal et 600 milliards d’euros d’investissements supplémentaires ciblés sur les infrastructures énergétiques via le Plan d’action pour les réseaux de l’UE.
Toutefois, l’Agence internationale de l’Energie (AIE) a publié une note d’analyse, intitulée « L’avenir énergétique propre de l’Europe ne peut être assuré que par une action unifiée » qui soulève une question cruciale : malgré ces efforts financiers les engagements européens sont-ils suffisants pour moderniser les réseaux électriques ?
Le défi du financement privé
« En Europe, plus de 584 milliards d’euros d’investissements sont nécessaires au cours de cette décennie pour atteindre l’objectif de Fit for 55, qui suppose de déployer 42,5 % d’énergie renouvelable dans le réseau d’ici à 2030 comme l’a énoncé la Commission européenne », rappellent les analystes de l’AIE.
Si les fonds publics représentent une part importante des investissements, l’AIE avertit que cela ne sera pas suffisant et que des capitaux privés seront indispensables. Pour attirer ces investissements dans un contexte économique où la rentabilité à court terme est primordiale, l’Europe doit construire un argument économique solide et convaincre le secteur privé de s’engager massivement dans cette modernisation. Autrement dit, garantir un retour sur investissement compétitif. « Les entreprises privées n’investissent que si les rendements escomptés sont au moins comparables aux autres solutions », signalent les trois auteurs de la note.
Une coordination européenne insuffisante
Un autre obstacle majeur pointé par l’AIE est la fragmentation des politiques nationales en matière de régulation des réseaux : malgré l’interconnexion régionale, les cadres législatifs et réglementaires varient considérablement d’un pays à l’autre, ce qui peut ralentir les initiatives de développement et freiner l’efficacité des investissements. « La bonne nouvelle, c’est que ce travail [de coordination] est déjà en cours, avec des organisations comme le REGRT-E, le réseau européen des gestionnaires de réseaux de transport, qui coordonne les investissements à grande échelle dans le réseau européen », ont tout de même souligné les trois analystes, sur une note positive.
La question de l’harmonisation restera centrale jusqu’à la mise en pratique des initiatives : comment l’Europe peut-elle agir de manière plus coordonnée pour éviter les retards et maximiser l’impact de ses investissements ? Car si l’Europe tarde à agir, les États-Unis et la Chine ne manquent pas d’accélérer leur transition énergétique avec des stratégies intégrées. Des retards dans l’électrification des industries européennes ou dans l’exploitation optimale des sources renouvelables pourraient freiner non seulement la transition énergétique, mais aussi la croissance économique à long terme.
« Les principales conclusions de l’ENTSO-E montrent qu’investir dans le réseau énergétique offre d’importants avantages à l’échelle de la société. Des investissements annuels de 6 milliards d’euros dans l’infrastructure transfrontalière jusqu’en 2040 devraient permettre de réaliser 9 milliards d’euros par an d’économies sur les coûts de production. En outre, l’investissement permettra d’éviter l’écrêtement de 42 TWh d’énergie renouvelable chaque année. »
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