L’éclairage solaire repose sur l’association d’un module photovoltaïque à une batterie avec une gestion de la puissance rendue précise afin de fournir des puissances d’éclairage égales au réseau. Le marché de l’éclairage extérieur représente aujourd’hui quelque 15 milliards d’euros de chiffres d’affaires au niveau mondial et pourrait atteindre près de 28 milliards d’euros de potentiel en 2030 selon certaines estimations. C’est sur ce segment qu’a choisi de se positionner Fonroche Lighting, un industriel basé à Agen qui évolue dans le secteur solaire depuis une douzaine d’années.
A l’occasion de l’inauguration de sa nouvelle usine, baptisée « la Street », pv magazine France a pu découvrir son nouvel outil industriel qui comprend quatre lignes d’assemblage de batteries, un laboratoire de test en conditions climatiques réelles, un simulateur d’éclairage à taille réelle et un centre de pilotage destiné à gérer les quelques 110 000 candélabres déployés aujourd’hui dans le monde.
Fonroche embauche aujourd’hui 220 personnes, dont environ un tiers sont basées à Agen, et devrait atteindre les 100 millions d’euros de chiffres d’affaires en 2024. Pour développer ses activités, le fabricant dispose aussi d’un bureau d’étude pour les collectivités et souhaite internaliser une partie de sa logistique européenne.
Un système solaire pour toute une chaîne de valeur
L’histoire de Fonroche Lighting commence dans les années 2008. Déjà implanté à Agen, le fabricant de lampadaires solaires est alors positionné sur l’installation de systèmes photovoltaïques en grande toiture et produit même ses modules via deux lignes de production internes. A la suite du moratoire de 2010, l’entreprise lance une réflexion sur son avenir. L’éclairage solaire est alors identifié comme un segment porteur : peu de gros acteurs évoluent sur le marché et les technologiques déployées manquent de robustesse pour aborder les défis de l’autonomie nocturne, du calibrage des dispositifs et de la gestion des parcs déployés.
Fonroche se rend progressivement compte que dans l’éclairage solaire, la partie sensible, c’est la batterie. Il abandonne la production de panneaux solaires en cédant son outil industriel à Reden Solar et se concentre sur le développement de la technologie de stockage. La batterie représente le principal coût de production. « Nos batteries sont équipées de quatre unités de 300 Wh. Cela permet de garder le plastique, la carte électronique et les autres composants en cas de défaillance d’une unité », explique Laurent Lubrano.
Depuis 10 ans, Fonroche développe en interne une carte électronique qui permet de piloter la charge et la puissance rendue par la batterie – des fonctions calibrées grâce à un logiciel interne pour répondre aux besoins du projet d’éclairage. La carte électronique de Fonroche permet également de connecter les lampadaires et d’en assurer une gestion à distance.
La « tour de contrôle » matérialise la plateforme client de l’entreprise : une salle informatique à partir de laquelle Fonroche peut vérifier le bon fonctionnement des dispositifs déployés et régler l’éclairage d’un parc de candélabre sur demande (en cas de feu d’artifice, de nouvelle politique d’éclairage, …). Connectés via le protocole de communication LoRa, les lampadaires communiquent entre eux jusqu’à capter un relai qui les renvoient sur un réseau 2G/3G, ce qui leur permet d’être déployés même en zone blanche.
Pour assurer un service fiable 365 jours sur 365, l’entreprise teste son matériel et ses algorithmes en condition réelle. Récemment, elle a investi deux millions d’euros dans la mise en place de plusieurs enceintes d’essais qui reproduisent des climats afin de tester la durée de vie de ses batteries.
Dans le même bâtiment industriel, Fonroche a construit un simulateur d’éclairage à taille réelle pour tester les inter-distances et la hauteur des mâts, le nombre de leds nécessaire et d’expérimenter les nouveaux produits. « C’est l’uniformité de l’éclairage qui est recherchée et pour cela, nous mesurons le nombre de lux au sol », précise Laurent Lubrano.
Côté production, les panneaux solaires sont désormais sourcés en fonction des marchés – aux Etats-Unis par exemple, les modules pourraient être achetés directement sur place. Les batteries, elles, sont livrées à l’usine d’Agen et assemblées dans quatre lignes semi automatisées en intégrant les cartes électroniques spécifiques à chaque dispositif.
A date, trois lignes concernent la technologie nickel-hydrure tandis qu’une ligne de batteries lithium-ion est en cours d’ouverture. Fonroche peut sortir jusqu’à 250 batteries par jour et par ligne avec une seule équipe (un seul « shift »).
Agen, Dakar, Dallas : les collectivités d’abord
Bien qu’environ 35 % plus cher à l’unité qu’un lampadaire classique, le dispositif solaire permet d’éviter les coûts de câblage et d’utilisation réseau. C’est aussi la garantie d’un approvisionnement vert pour huit ans, la durée de la garantie pièce et main d’œuvre proposée par Fonroche. L’autre avantage, c’est la rapidité de déploiement « car il n’y a pas de tranché à creuser ». Un avantage comparatif au Sénégal par exemple, où la société a successivement signé ces deux premiers contrats de grande ampleur.
Aux Etats-Unis, où elle se développe depuis 2018, l’intérêt de l’éclairage solaire relève aussi d’une autre considération économique : l’installation d’éclairage hors réseau permet d’éviter les surcoûts liés au vol de câble en cuivre…
Le pays de l’Oncle Sam offre des perspectives de croissance intéressantes pour Fonroche qui y signera environ 25 millions d’euros de chiffre d’affaires cette année. Alors qu’un panier moyen français représente 7 à 8 lampadaires, aux Etats-Unis, les opérateurs en commandent en moyenne une quinzaine. « Les Etats-Unis pourraient dépasser la France en revenus l’année prochaine », ajoute Laurent Lubrano. Après le rachat de SolarOne en 2019, la société mise donc sur le développement dans le pays.
Elle a déjà déployé ses lampadaires solaires dans 270 communes dont Las Vegas, San Antonio, Denver et Fort Worth, où se trouve l’un des projets majeurs de la région : 3 500 candélabres devraient y être installés sur les 18 prochains mois pour remplacer et renforcer la couverture lumineuse des quartiers sud de la ville. « Nous avons aujourd’hui une quarantaine d’employés qui sont répartis dans une trentaine d’États, explique le dirigeant. Nous avons un bureau d’étude, un centre de logistique et d’assemblage et nous lancerons bientôt une formation locale pour les technico-commerciaux. »
En France, Fonroche participe au plan lumière de l’agglomération d’Agen (le PEPSE), lancé en 2016 pour actualiser le parc d’éclairage public de la ville qui compte quelques 20 000 points lumineux et qui avait vu ses factures d’électricité grimper.
Le programme a bénéficié de 15 millions d’euros d’investissement jusqu’à 2024 avec une rallonge de 6 millions d’euros sur le prochain mandat de 2025 à 2027. D’ici là, 90 % du parc d’éclairage sera rénové affirme Jean-Marc Gilly, maire d’Estillac et chargé du plan Lumière de l’agglomération.
Fonroche est intervenu en amont de la rénovation, en 2020, avec un diagnostic gratuit pour évaluer les candélabres qu’il a répartis en trois groupes : bon fonctionnement (rien à faire), rénovation utile (passage au led, maintenance, …) ou remplacement nécessaire (mise au norme, vétusté, …). « Le diagnostic a duré un an avec un plan précis par commune », précise Laurent Lubrano. L’entreprise a obtenu le contrat de remplacement des candélabres défectueux. A date, 2140 lampadaires solaires sont déjà installés et 2250 devraient être déployés d’ici la fin de l’année, sachant que 2000 autres candélabres ont été signés et seront installés prochainement.
Aujourd’hui 85 à 90 % du marché de Fonroche concerne les collectivités. Le fabricant a aussi lancé des discussions avec des acteurs de la grande distribution, des aéroports, des logisticiens, l’armée et des hôpitaux pour équiper les espaces extérieurs et les parkings. « L’aspect technique est intéressant puisque nous pouvons fournir des points isolés », ajoute Laurent Lubrano.
Pour accélérer en Europe, la société compte notamment sur son bureau d’étude interne qui fournit des « audit » de ville pour évaluer l’état du réseau et des mâts et faire une proposition d’équipement pour le remplacement des candélabres défectueux. Ses lampadaires solaires sont déjà référencés dans l’UGAP, la centrale d’achat des collectivités publiques, depuis son ouverture à l’éclairage solaire il y a huit ans. Et Fonroche entend accélérer ses activités de formation pour les techniciens mais aussi… pour les élus !
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