Depuis octobre 2022, l’énergéticien Engie Green opère un démonstrateur agrivoltaïque vertical sur le site de l’Institut national de la recherche agronomique (Inrae) de Laqueuille, dans le Puy de Dôme. Le choix de cette technologie photovoltaïque a été fait en raison de son profil de production à deux bosses. La centrale solaire produit en effet sur une période allongée allant de 5 heures du matin à 20 heures le soir, ce qui s’accorde davantage avec la montée en charge de la consommation française le matin et le soir. Les premiers résultats ont ainsi montré que sur 2024, l’énergie produite par le pilote de 100 kWc, baptisé Camélia, avait dépassé de 30 % la production d’une centrale au sol de même puissance.
En plus de ces chiffres sur l’énergie produite, les deux partenaires publient également des données agronomiques, alors que la centrale est entrée en deuxième année de suivis agronomiques et en première année de production d’énergie solaire. L’Unité mixte de recherche sur l’écosystème prairial, en collaboration avec l’Unité mixte de recherche sur les herbivores et l’unité expérimentale Herbipole, assure le suivi agronomique du dispositif depuis 2023.
Il ressort des premières observations que la présence des panneaux solaires modifie le microclimat de la prairie. Les chercheurs ont mesuré sur plusieurs mois une diminution par deux de la vitesse du vent sans modification majeure de la direction du vent. Au cours d’une journée, les haies solaires modifient les conditions lumineuses et thermiques de manière temporaire de part et d’autre des panneaux. « Cependant, l’ensemble des données microclimatiques n’ayant pas encore été analysées, il faudra attendre encore un cycle pour pouvoir tirer des conclusions pertinentes », concèdent les acteurs.
Concernant la production de biomasse végétale, si celle-ci n’est pas modifiée par la distance aux panneaux (proche, loin) ou l’orientation (côté est ou côté ouest), la prairie de l’inter-rang 18 mètres est plus productive que celle présente dans l’inter-rang 12 mètres. Plusieurs explications sont avancées par l’INRAE : la variabilité spatiale intrinsèque de la parcelle, la présence d’un peu plus de graminées et potentiellement un peu plus de lumière en 18 mètres qu’en 12 mètres.
Enfin, tous les animaux (de sept à dix génisses de race Prim’Holstein) présents sur la parcelle Camélia ont été équipés de plusieurs capteurs permettant de mesurer leur activité (ingestion, rumination, repos, debout), leur position à l’ombre ou la lumière (capteurs de lumière) et leur position spatiale (GPS). Lors d’un premier cycle de pâturage au mois de mai, en conditions humides et fraiches, les scientifiques ont observé que les animaux passent environ 1/3 de leur temps dans les inter-rangs des panneaux et 2/3 de leur temps autour des panneaux.
En situation plus chaudes et un peu plus sèches (2ème cycle de pâturage en juin-juillet), les animaux ont passé un peu plus de temps à l’ombre des arbres situés sur la parcelle. De plus, la présence des panneaux ne semble pas modifier leur activité car les profils d’activité ont été similaires sur la parcelle Camélia et sur l’autre parcelle utilisée lors de l’inter-pâturage. Encore une fois, ces premières observations faites sur les bovins sont à approfondir avec un jeu de données plus complet sur les autres cycles de pâturage étudiés.
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