La salle était pleine ce mardi 17 septembre à la Maison de l’Unesco à Paris. Le Syndicat des Energies renouvelables (SER) y organisait son colloque annuel, sous le thème de « la transition énergétique au service de tous ». Y étaient réunis, des groupes d’énergie comme Engie, TotalEnergies, RWE, Boralex, EDF renouvelables, Elmy et GLHD, sponsors de l’événement, des gestionnaires de réseau (RTE, Enedis) et des représentants d’établissements publics dont la Commission de régulation de l’énergie (CRE), l’Ademe et les Chambres d’agriculture.
Coup de frisson dans les rangs quand, à la conférence introductive, le consultant en énergie-climat Jean-Marc Jancovici pose une problématique centrale au secteur : la transition énergétique, si elle suppose la sortie des énergies fossiles, ne se fera pas sur fonds de croissance. En tout cas, le « green deal » ne doit pas s’y limiter sinon il ne se réalisera pas : sans pétrole, plus de plastique, plus de fret sur paquebot, plus de vols, etc. La question de l’intérêt à agir (pour les entreprises, les investisseurs, les usagers, …) a été repris dans plusieurs panels, laissant bien à penser que le secteur est conscient des ressorts politiques et économiques auxquels il est soumis.
Voici une panachée des sujets évoqués au cours des échanges des différents panels :
Financement : d’un milliard d’euros de financement public en 2010, les énergies renouvelables sont passées à 5-6 milliards avant la crise à une inversion de la dynamique (contribution de la filière aux finances publiques) pendant la crise énergétique. Emmanuelle Wargon, directrice de la CRE a partagé des hypothèses budgétaires à 4 milliards cette année et 6 milliards l’an prochain. Si elle évoque les contrats d’achat d’électricité (PPA) dans les perspectives du secteur, aucune information claire n’est communiquée sur les tarifs d’achats ou sur les compléments de rémunération.
Achat de panneaux solaires européens : pour RWE, la réponse est claire : « si on achetait des panneaux français pour nos projets, on aurait zéro part de marché ». Même son de cloche du côté d’Engie. Les deux développeurs exigent donc un critère non tarifaire dans les appels d’offres pour inclure cet aspect dans les projets. Elmy propose un autre point de vue : le prix des panneaux représente 10 % d’un projet à grande échelle, 20 % pour les plus petits sites. Par ailleurs, une cellule solaire coûte le même prix, peu importe sa taille. Se pose donc la question de la production et des coûts annexes de la filière.
Agrivoltaïsme : Tous les départements français devraient être dotés d’une charte locale pour l’agrivoltaïsme d’ici la fin de l’année. En effet, Sébastien Windsor, président des chambres d’agriculture de France a expliqué que le processus était en cours, sachant que les directives ont été données au niveau national. Les agriculteurs différencient expressément les projets photovoltaïques au sol sur terres agricoles de l’agrivoltaïsme, avec un point clair : « pas de photovoltaïque au sol là où on peut faire de la biomasse ». Un travail d’identification est en cours sur les terres non productives. Deux questions fondamentales restent en suspens. Comment faire pour ne pas impacter les volumes de production agricole en dessous de 10 % ? Comment, dans le partage de la valeur, ne pas remplacer les revenus agricoles des exploitants par des revenus énergétiques/de location ?
Développement des réseaux : Le coût du réseau est un enjeu majeur du développement et de l’intégration des énergies renouvelables. Enedis, sponsor de l’événement, souhaite accélérer ses efforts mais rappelle les trois conditions sous-jacentes à son efficacité. D’abord des investissements à la hauteur des développements, supposant l’évolution du prix des réseaux. Ensuite, l’accès à une capacité technique et industrielle lui permettant de déployer ses infrastructures. Pour atteindre 20 000 postes de transmissions (contre 12 000 aujourd’hui), Enedis travaille avec 12 usines dans tous les territoires français. Enfin, l’entreprise aura besoin de compétences humaines, à savoir, des personnes formées et expérimentées.
Autoconsommation : Le développement des PPA est principalement, voire exclusivement, rattaché aux grandes entreprises internationales. Les petites et moyennes entreprises françaises doivent plutôt se tourner vers l’autoconsommation avec revente sur le réseau. En effet, les contrats de gré à gré ne sont intéressants que pour des besoins importants et avec des capacités de garanties proportionnelles. BpiFrance soutient des projets via un fonds de garanti, mais pour des volumes supérieurs à 5 GWh/an, ce qui exclut les petits et moyens consommateurs. Par contre, l’autoconsommation individuelle ou collective pourrait être « l’avenir des PPA » : les tarifs d’achat S21 / S24 agissent comme une assurance (ou comme un gage de financement pour les opérations auto-financées) et permettent une flexibilité.
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