La start-up Carbon, basée à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), a confirmé « un projet d’accord » prévoyant la reprise du fabricant de modules photovoltaïques Photowatt auprès de sa maison-mère actuelle, EDF Renouvelables. « Nous garantissons le maintien et la croissance du site de Bourgoin-Jallieu (Isère), ainsi que la préservation de tous les emplois », a assuré à pv magazine France Etienne Roche, directeur Engagement et Influence de Carbon, qui porte un projet d’usine de production de 5 GW de cellules photovoltaïques et 3,5 GW de modules. La jeune société a indiqué qu’elle ne pouvait pas donner plus de détails avant une réunion qui se tiendra avec les représentants du personnel de Photowatt le 19 septembre.
Carbon aura fort à faire pour convaincre les 170 salariés du bien-fondé de son projet de reprise. Selon un sondage mené par le syndicat FO Energie, seuls 12,6 % d’entre eux (soit 20 personnes) soutiennent le projet Carbon, tout en demandant « des mesures sociales ambitieuses ». La majorité, soit 78,6 % (125 personnes), se dit au contraire en faveur de l’arrêt de l’activité avec un plan de reclassement chez EDF ou un accompagnement à l’extérieur du groupe.
FO Energie s’inquiète en effet du fait que « les financements de Carbon ne sont pas encore sécurisés et du fait que la jeune pousse n’ait qu’une expérience limitée dans le domaine du solaire ». « Or, ce secteur exige de l’expérience, de la R&D, et des financements importants, autant d’opportunités que le groupe EDF a refusé d’offrir à Photowatt, malgré les compétences reconnues de sa R&D par exemple », écrivent les syndicalistes. Pour rappel, l’investissement de 1,7 milliard d’euros nécessaire à Carbon pour mener à bien la construction de sa gigafactory reste encore à boucler.
Permettre à Carbon de produire plus tôt
Fruit d’un essaimage de Philips créé en 1979 en tant que centre de recherche dans le domaine de cellules photovoltaïques pour les satellites, Photowatt a pris une dimension industrielle à partir de 1990 avec une production de cellules, wafers et modules. Pour autant, la société grenobloise qui annonce aujourd’hui une capacité de production de 200 MW est en déficit structurel malgré sa reprise en 2012 par EDF Renouvelables et n’est pas parvenue à faire face à la concurrence chinoise. Plusieurs tentatives de rachats et de partenariats, notamment avec Canadian Solar et EMC Greentech, fabricant de four et fournisseur de Photowatt, se sont soldées par des échecs. En 2018, elle s’était malgré tout lancée dans une augmentation de la fabrication de lingots et wafers bas carbone pour la production de panneaux photovoltaïques haut rendement Crystal Advanced. Plus récemment, c’est également Photowatt qui a fourni les panneaux solaires installés sur les sites olympiques de Paris 2024.
De son côté, pour Carbon, ce projet de reprise semble être un moyen d’avancer la date de début de production de sa gigafactory, qui n’est pas réaliste avant 2026-2027 compte-tenu des délais d’autorisation et de construction de son usine. En mai dernier, ses dirigeants avait ainsi dévoilé lors du salon Choose France la création d’une première brique industrielle, Carbon One, pour assembler 500 MW de panneaux solaires dès 2025 à partir d’un savoir-faire existant. On peut donc aisément en déduire que Carbon One serait basée dans les locaux de Photowatt.
Toutefois, pour l’Intersyndicale CFDT, CFE-CGC, CGT et FO, « les chances de réussite du projet Carbon One sont minces ». « D’ailleurs, EDF Renouvelables finance en grande partie l’opération de reprise pour adapter le site au projet car Carbon n’en a pas les moyens. Dans ce contexte, les salariés considèrent qu’EDFR cherche à soigner son image en déléguant la fermeture de Photowatt à un tiers… », écrit l’intersyndicale. Contacté par pv magazine France, EDF Renouvelables a réagi à ces déclarations en confirmant que l’offre de Carbon était « de valoriser et de pérenniser le site, tout en maintenant tous les emplois », comme l’a indiqué un porte-parole de l’énergéticien, sans pouvoir en dire davantage à ce stade, avant la tenue de la réunion du CSE de jeudi.
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