L’hydrogène vert, c’est un peu l’histoire de l’oeuf et de la poule. Faut-il commencer à développer des volumes de production, alors que le marché n’est pas encore là ? Ou plutôt attendre que la demande explose pour mettre en place des capacités d’électrolyse ? Chez Eneralys, Franck Berger et Nicolas Mizzi, ses deux fondateurs, ont tranché : « il est impératif de mettre en place des solutions pour être au rendez-vous quand le marché de la mobilité à hydrogène décollera », assure à pv magazine France Franck Berger, président de ce développeur de projets de production d’H2 vert.
Pour cela, la jeune pousse créée en février 2021 s’appuie sur un modèle semi-centralisé, avec des électrolyseurs de taille industrielle d’environ 10 MW de puissance (capables de produire trois à quatre tonnes d’hydrogène vert par an), disséminés dans et pour les territoires. Pour privilégier le circuit court, ils seront installés à 200 km maximum de ses clients, à savoir les stations de distribution. « Les usages que nous ciblons concernent la mobilité intensive terrestre, à destination des taxis, des autocars interurbains, des véhicules utilitaires légers ou encore des poids lourds, à chaque fois que le 100 % électrique ne pourra pas remplacer les véhicules thermiques, en raison de la charge transportée ou des distances à parcourir », poursuit Franck Berger.
Compte-tenu de la fin des ventes des véhicules thermiques prévue pour 2035, de la mise en place des Zones Faibles Emissions-Mobilité (ZFE-M) et du verdissement progressif des flottes de véhicules des acteurs publics et privés, Eneralys anticipe d’ores et déjà l’émergence de nouveaux besoins. « Tout un écosystème aval et amont doit se mettre en place, avec non seulement la production d’hydrogène mais aussi le développement des stations de distribution et d’une offre de services avec des vendeurs et loueurs de véhicules à hydrogène… Ceci doit arriver à peu près au même moment », indique le président.
Une première levée de fonds
Alors qu’elle se finançait jusqu’à présent sur fonds propres, Eneralys a décidé depuis 2024 d’ouvrir son capital, accompagné en cela par son partenaire Finergreen, afin d’accroître ses capacités financières. « Nous avons finalisé une première levée de fonds en septembre 2024, qui en appellera d’autres, je l’espère », se réjouit Franck Berger. Celle-ci a été réalisée auprès de la société d’investissement Siklaé, fondée à Montpellier par Bérangère et Pascal Marguet, ancien président d’Apex Energies. Avec cette prise de participation minoritaire, dont le montant n’a pas été précisé, Siklaé réalise ici son premier investissement dans l’hydrogène vert. « L’hydrogène, un secteur clé pour la mobilité décarbonée, représente une opportunité stratégique pour Siklaé », justifie Pascal Marguet.
En parallèle, Eneralys encourage également les acteurs de la filière – énergéticiens et off-takers – à entrer au capital de ses sociétés de projets. Elles sont actuellement au nombre de quatre, portant quatre futurs sites de production d’hydrogène vert, dont deux en couplage avec du photovoltaïque. L’un des plus avancés est celui de Liouc dans le Gard. « Son positionnement est intéressant car il est proche du corridor H2 européen et des axes autoroutiers secondaires d’Occitanie (A61 et A20 notamment) », précise Franck Berger.
L’électrolyseur de 10 MW à terme sera associé à une ferme photovoltaïque de 5 à 6 MWc (Liouc Energie) qui alimentera entre 20 et 30 % de sa consommation électrique. Le parc agrivoltaïque sur la garrigue abritera un cheptel de moutons. Dans le Morbihan, Eneralys développe également le projet ECOH2 Breizh2, qui comprend une usine de production d’H2 vert de 10 MW qui sera alimentée par un parc agrivoltaïque sur une culture de fruits rouges, dont la puissance n’est pas encore précisée.
De l’intérêt du PV pour la production d’hydrogène vert
Car en dépit des temps longs de développement d’une centrale photovoltaïque, Eneralys estime que ce couplage direct est une véritable carte à jouer, pour lui permettre de garantir une partie de son électricité à un prix fixe et intéressant sur le très long terme (20 ans). « Pour les développeurs photovoltaïques qui décident de signer un contrat avec une SPV hydrogène, c’est aussi une question de conviction et de stratégie de diversification de leurs débouchés et de leurs modèles d’affaires », complète Franck Berger. L’électricité solaire ne représente toutefois qu’une brique dans l’approvisionnement électrique. « Nous achetons 100 % de l’électricité d’une centrale photovoltaïque, qui couvre environ 20 à 30 % des besoins de l’électrolyseur. Le reste du mix électrique est composé de soutirage sur le réseau, de PPA et de contrats long terme. C’est le rôle de notre partenaire responsable d’équilibre de trouver l’optimum pour nous assurer le meilleur prix de l’électricité », explique-t-il.
En attendant la concrétisation de ses premiers projets – ce qui devrait intervenir vers 2026-2027 – Eneralys propose son savoir-faire en tant que société de conseil. Elle a par exemple été choisie pour réaliser l’assistance à maîtrise d’ouvrage du projet Arv’hy pour le déploiement d’une première station hydrogène vert en Haute-Savoie. La phase d’amorçage comprendra la mise en service en 2025 d’une station de distribution hydrogène de moyenne capacité, permettant de répondre rapidement à la demande en véhicules utilitaires légers (VUL) dans la région. Une fois les usages développés, la station évoluera vers une station de grande capacité raccordée à un électrolyseur permettant de produire directement l’hydrogène sur place depuis des ressources énergétique renouvelables.
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