Les prochaines élections européennes, qui se déroulent le 9 juin, seront cruciales pour la politique énergétique du continent. L’enjeu de décarbonation d’ici à 2050 s’est en effet doublé depuis le début de la guerre en Ukraine de l’urgence de retrouver de la souveraineté industrielle. Mais quel sera l’avenir du Green Deal, si le nouveau Parlement venait à pencher davantage à droite ? N’est-il pas déjà remis en cause par certains industriels qui cherchent à maintenir leur compétitivité sur la scène mondiale, ou les agriculteurs qui dénoncent « l’empilement de normes » ?
« C’est avec des institutions européennes renouvelées que la mise en œuvre du Green Deal devra faire rimer décarbonation avec souveraineté énergétique et industrielle en Europerésume Christine Goubet-Milhaud, présidente de l’Union Française de l’Électricité. La prochaine décennie sera cruciale pour se mettre sur la bonne trajectoire vers la neutralité carbone ». Dans ce contexte, l’Institut pour la politique européenne de l’environnement (IEEP) a publié le 21 mai dernier son baromètre du Green Deal, basé sur les réponses de 312 experts en développement durable européens qui ont analysé les progrès des politiques environnementales communautaires. Plutôt pessimistes, 67 % d’entre eux s’attendent à ce que les élections européennes de juin 2024 aient un impact négatif sur la mise en œuvre du Pacte Vert.
La feuille de route du SER pour les énergies renouvelables
Le mandat 2019-2024 qui s’achève est pourtant parvenu à renforcer les ambitions climatiques européennes : outre un premier palier fixant 55 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre en 2030, le doublement de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique pour arriver à 45 % en 2030 a également été acté. Mi-mars, l’Europe a également adopté le “Net-Zero Industry Act”, qui vise à faciliter les investissements dans les technologies bas-carbone et permet aux Etats membres d’inclure des critères de résilience dans les appels d’offres sur les EnR.
Dans sa feuille de route, le Syndicat des énergies renouvelables demande au futur Parlement d’aller plus loin en osant fixer un objectif d’au moins 80 % d’énergies renouvelables dans le mix européen à horizon 2040, pour donner plus de visibilité à la filière. Cet objectif serait décliné en objectifs nationaux.
En complément des engagements pris à travers la Charte européenne solaire signée par 23 pays dont la France en avril 2024, le SER propose également que la prochaine législature soit l’occasion de déployer une stratégie d’ensemble sur tous les segments de marché : solaire sur toitures, ombrières de parkings, solaire au sol, agrivoltaïsme, solaire flottant, autoconsommation… Enfin, l’organisation demande l’instauration d’un taux d’intérêt « vert » porté par la Banque centrale européenne (BCE) et bonifié pour les projets inscrits dans la taxonomie européenne.
Etre pro-EnR tout en étant pro-nucléaire ?
Au niveau des énergies, une autre des interrogations soulevées par la formation de la nouvelle législature sera la cohabitation entre les énergies renouvelables et le nucléaire, alors que ce dernier bénéficie d’un regain d’intérêt de la part des Etats depuis le début de l’invasion russe en Ukraine. Ainsi, la France n’a-t-elle pas pris la tête d’une “Alliance pour la renaissance nucléaire en Europe” qui regroupe 12 pays qui voient l’atome comme un moyen d’assurer la sécurité énergétique du continent ? D’ailleurs, on observe aussi chez les partis politiques, même parmi les écologistes, un glissement et une opposition de moins en moins marquée entre EnR et nucléaire.
C’est pourquoi pv magazine France décryptera jusqu’au 9 juin les programmes politiques des grandes familles politiques en lice et leurs ambitions en termes de mix énergétique et de réindustrialisation en Europe. Certes, toutes ne mettent pas l’énergie au cœur de leurs manifestes électoraux et accordent une importance variable à ces questions. Mais toutes sont d’accord sur le fait que l’énergie est plus que jamais un sujet politique majeur.
A venir : le décryptage du programme des Ecologistes
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