Energie Commune est une association qui accompagne les citoyens et les collectivités dans le développement et l’adoption des énergies renouvelables en Belgique. « Nous travaillons sur l’innovation non technologique plutôt que sur la performance des systèmes », explique Benjamin Wilkin, directeur d’Energie Commune, lors d’un entretien avec pv magazine France. « Nous nous basons sur la technologie existante et sur les innovations dans la production et la consommation d’énergie. C’est pourquoi nous nous sommes rapidement intéressés au partage d’électricité ou autoconsommation collective en France ».
Et pour cause, l’autoconsommation collective donne un cadre pour que les publics cibles d’Energie Commune deviennent acteurs de l’énergie. « C’est aussi un continuum sur la décentralisation portée par les énergies renouvelables, d’abord sur la production et ensuite sur la consommation”, précise Benjamin Wilkin. L’association y trouve de la valeur car elle permet la stabilité du prix et une logique de solidarité « tout en conservant un cadre économique positif ! ».
En la matière, le cadre législatif français, puis européen, a encouragé la Belgique à prendre le pas. De son côté, Energie Commune a commencé à travailler sur l’autoconsommation en 2017 avec des études, de l’information grand public et des mandats de recherche.
« Produire le plus possible sur l’année »
Ont suivi les premiers projets pilotes. D’abord un immeuble de logements sociaux équipés de quelque 40 kW de panneaux solaires avec 40 participants (dont les six compteurs des communs). Energie Commune a accompagné le développement de l’installation et travaillé sur le partage de l’information avec les habitants. « Contrairement aux dimensionnement des projets solaires habituels, basés sur l’autoconsommation individuelle, ici nous avons expliqué qu’il était souhaitable de saturer le potentiel solaire de la toiture pour produire le plus possible sur l’année. »
L’association a également travaillé à la clef de répartition de l’énergie qui est d’abord allouée aux compteurs communs avant d’être partagée entre les participants consommateurs. « Le surplus collectif est ensuite revendu à un fournisseur [le tarif d’achat n’existe pas en Belgique] et les bénéfices répercutés sur les factures des participants ».
En août 2020, le deuxième projet a consisté à équiper une école d’une centrale solaire de 30 kW et à la coupler avec une installation résidentielle existante de 2 kW. La première centrale produisant beaucoup d’excédent, l’idée de créer une ASBL (en France, la PMO ou personne morale organisatrice) est venue naturellement afin de mutualiser les surplus et d’intéresser les habitants au système. Aujourd’hui, trois nouvelles centrales ont vu le jour dans l’opération et plusieurs participants se sont équipés de chauffe-eau thermodynamiques pour optimiser la consommation solaire. « Tout cela se fait car les gens se rencontrent et échangent », se réjouit Benjamin Wilkin.
Le directeur d’Energie Commune souligne qu’en Belgique les compteurs numériques ne sont pas encore installés partout et que la première étape consiste donc à informer les citoyens sur ce dispositif qui peut inspirer des doutes ou des craintes comme c’était le cas en France, lors du passage aux compteurs Linky. A noter que l’équipement est accessible gratuitement pour l’installation de dispositifs solaires ou dans le cadre d’une opération d’autoconsommation collective.
Un marché public pour l’ACC à Bruxelles et un partenariat avec Enogrid
Forte de cette expérience, l’association Energie Commune a remporté le marché public du Ministère de l’Energie bruxellois et est désormais chargée d’une mission de facilitation du partage et des communautés d’énergie dans la région. Son action s’articule autour de trois axes : l’aide à la mise en place d’opérations d’autoconsommation collective (y compris l’accompagnement administratif), la réalisation de sessions de formation et d’information et l’aide à la mise en place du partage d’énergie dans les projets.
Sur ce dernier point, l’association a constaté que les démarches de gestion étaient très (trop) importantes et pouvaient générer de l’appréhension chez les citoyens : facturation correcte, compilation de données sans erreurs, responsabilité sur l’aspect financier de l’opération… « Ces démarches peuvent être automatisées et la digitalisation peut amener plus de confiance et soutenir les porteurs du projet en évitant du stress », souligne Benjamin Wilkin. C’est pour trouver une solution en ce sens qu’Energie Commune a réalisé un tour d’horizon des outils de gestion disponibles sur l’autoconsommation collective.
Et c’est avec la société française Enogrid que l’association a décidé de collaborer pour développer un logiciel adapté aux besoins et aux caractéristiques des projets qui seront développés dans la région de Bruxelles. « Nous adaptons le logiciel EnoPower, qui gère le partage de l’énergie, avec de nouvelles fonctionnalités, un tableau de bord avec une vue d’ensemble sur les opérations, de nouveaux indicateurs de suivi, il s’appellera « Best » pour Brussels Energy Sharing Tool », explique Benjamin Wilkin. L’aspect multi-langue sera également angulaire : une approche plutôt innovante pour les développeurs logiciels français mais pas en Belgique !
A terme, le nouvel outil de gestion sera transféré à la structure, coopérative à finalité sociale, qui chapeautera le développement de l’autoconsommation collective à Bruxelles. Cette entité sera créée par Energie Commune à la fin de sa mission et aura en charge le continuum de l’action dans le cadre du partage d’électricité. Elle aura l’usage du logiciel BEST et le mettra à disposition des utilisateurs, « à moindre coûts et sans avoir à amortir les frais de développement qui sont pris en charge dans notre mission », précise Benjamin Wilkin.
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