Six années consécutives de sécheresse, des températures de 20°C à 30 °C dès le mois de février, le Maroc est touché par les effets du dérèglement climatique. En particulier, une crise hydrique affecte le secteur agricole, activité clé pour l’économie du pays. De plus en plus d’agriculteurs sont donc obligés de mettre en place des solutions de pompage d’eau pour l’irrigation des cultures. Si ces pompes fonctionnent dans leur immense majorité au butane ou au gasoil, le Royaume veut toutefois encourager l’utilisation de pompage solaire, pour réduire les émissions de CO2. Le dispositif, qui comprend des panneaux solaires raccordés à un onduleur ou à un variateur, lui-même raccordé à une ou plusieurs pompes, fonctionne au fil du soleil, sans solution de stockage.
Selon des chiffres publiés par le Ministère marocain de la transition énergétique, entre 2019 et 2020 (dernières données officielles), environ 10 000 de ces systèmes de pompage solaire ont été installés dans l’agriculture, passant de 30 000 à 40 000. Toujours selon le ministère, le coût du pompage solaire s’élève en moyenne à 0,44 dirhams (0,044 euro) par mètre cube d’eau, à comparer à 0,76 dirhams (0,076 euro) pour le butane à prix subventionné et 1,67 dirhams (0,16 euro) pour le gasoil.
Cleanergy, société marocaine distributrice de solutions solaires, confirme à pv magazine France que le pompage solaire fait partie de l’une de ses principaux secteurs d’activité. « Nous commercialisons les produits du fabricant chinois Veichi, indique Zahra Rhzali, sa commerciale. Nous avons pour cela adapté les produits aux besoins des agriculteurs marocains ». Par exemple, la gestion de la pompe à distance utilise le GPRS (General Packet Radio Service) et non pas le Wifi ou l’ethernet, car de nombreuses régions reculées n’ont pas de couverture Internet.
Le problème du financement
De son côté, la petite entreprise Nedisun, basée à Meknès dans le nord du Maroc, revendique une vingtaine d’installations de pompes solaires par an. Comme l’explique Lahcen Ousbouh, responsable technico-commercial de Nedisun, la société travaille avec des panneaux chinois FuturaSun : huit modules de 450 Wc permettent d’alimenter une pompe de 2 chevaux (CV) ou 14 panneaux de 450 Wc pour une pompe de 5,5 chevaux. La solution clé-en-main est commercialisée entre 9 000 à 12 000 dirhams par CV (900 à 1 200 euros). « Les prix varient en fonction de la taille de l’exploitation, de la région et de la culture et de ses besoins en eau », poursuit-il.
Pour autant, si les prix ont beaucoup baissé ces dernières années, l’investissement reste élevé pour de nombreux agriculteurs. « Les grandes exploitations agricoles, qui ont d’importants revenus et qui sont confrontées à la hausse des prix du gaz, ont quasiment toutes investi dans des solutions de pompage solaire », confie à pv magazine France un acteur rencontré sur le salon Solaire Expo Maroc. La plupart ont d’ailleurs autofinancé leur installation. « Mais pour les plus petits agriculteurs, c’est beaucoup plus compliqué », abonde un autre professionnel du secteur.
Pour tenter de résoudre ce problème, le véhicule Tamwil El Fellah (TEF) s’est donc spécialisé dans le financement des petits producteurs n’ayant pas accès au financement bancaire. Il propose une aide allant jusqu’à 80 000 dirhams (8 000 euros) par exploitant. Le mécanisme indique qu’il a soutenu 3 000 clients depuis 2015, date de sa création, et a mobilisé plus de 200 millions de dirhams (20 millions d’euros). L’offre Saquii Solaire du Crédit Agricole du Maroc propose également une possibilité de crédit destiné au financement des aménagements et équipements hydro-agricoles modernes visant l’optimisation de l’utilisation de l’eau et l’amélioration du rendement de l’exploitation.
L’autre obstacle reste la structuration du marché. C’est pourquoi l’AMEE (Agence marocaine pour l’efficacité énergétique) a travaillé avec le Ministère de l’énergie, des mines et du développement durable et l’Association marocaine des industries solaire et éolienne (Amisole) sur la création d’un label, baptisé « Taqa Pro Pompage Solaire », qui identifie un réseau de fournisseurs et d’installateurs agréés. « Pour encourager les agriculteurs à adopter le pompage solaire, il est important d’éviter les problèmes de qualité car les mauvais exemples se propagent rapidement via le bouche-à-oreille », justifie Otman Aoulad Ben Kesksou, responsable de la communication de l’AMEE.
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