D’après pv magazine international.
Les États-Unis, qui accordent un volume considérable de crédits d’impôts aux fabricants de technologies propres dans le cadre de la loi américaine sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act – IRA), commencent à voir de plus en plus de fabricants de modules solaires s’installer sur leur territoire. Mais si le temps est compté pour bénéficier de ces crédits d’impôts, mettre en place rapidement des équipements intégrés verticalement n’est pas une mince affaire.
Au cours des récentes Tables rondes US 2023, Jonathan Gifford, rédacteur en chef de pv magazine, a animé une réunion d’experts qui se sont interrogés sur les technologies les mieux adaptées à la fois à un déploiement rapide et à une compétitivité sur le long terme.
Le panel d’experts regroupait notamment Alex Barrows, directeur d’Exawatt PV, Tristan Erion-Lorico, vice-président des ventes chez PVEL, MinWah Leung, ingénieure sénior chez DNV, et Kim Primerano, vice-présidente d’Estuary Power.
Pendant la réunion portant sur la manière dont l’IRA modifie le paysage de la fabrication du solaire aux États-Unis, quatre experts ont réfléchi aux questions suivantes : Est-il réaliste de réduire la dépendance des États-Unis aux importations en provenance de Chine ? À quelles difficultés sont confrontés les fabricants qui s’installent aux États-Unis ? Et comment combler les écarts anticipés au niveau de la chaîne d’approvisionnement américaine ?
En introduction de la session suivante, Alex Barrows a indiqué qu’un grand nombre d’annonces avaient été faites en matière de fabrication de modules, mais que toutes ne verraient pas le jour. Néanmoins, il estime que si toutes les entreprises concrétisent effectivement leurs annonces, les États-Unis pourraient totaliser 90 GW de capacité de modules d’ici à 2026, 20 GW de cellules et potentiellement 20 GW de wafers.
À l’évidence, le décalage entre ces capacités laisse les fabricants américains dépendants des cellules et wafers d’importation, ce qui pose une multitude de problèmes. Faire valoir les crédits d’impôts supplémentaires au titre du « domestic content » (prescriptions de l’IRA relatives aux composants d’origine nationale) pour les développeurs n’est pas l’un des moindres. Tristan Erion-Lorico a souligné qu’il reste beaucoup à faire, mais que des obstacles demeurent, lesquels vont de la pénurie actuelle de transformateurs à la difficulté de recruter des ouvrier qualifiés. Pour lui, la question de la main-d’œuvre constitue une gageure. D’après ses estimations, il faudra en effet 4 000 à 5 000 personnes pour faire tourner des centrales totalisant une capacité de 100 GW.
La majorité des installations prévoyant de fabriquer des modules solaires, la grande question est de savoir de quelle technologie il s’agira. Pour MinWah Leung, de DNV, le principal acteur en la matière sera la TOPCon. Selon elle, si l’hétérojonction (HJT) jouera un rôle important dans le futur, la TOPCon restera « la principale technologie, au moins dans les prochaines années ».
MinWah Leung a indiqué que DNV examinait deux éléments en particulier pour évaluer la qualité et le risque d’un module. Le premier est la conception du module, et le risque technologique lié à la conception de ce module. Le second est le risque en termes de qualité de production du côté de la fabrication. DNV étant spécialisée dans l’évaluation des risques, l’entreprise étend donc la durée des tests, ce qui au final met à l’épreuve la conception du module. Afin d’évaluer la qualité de la fabrication, DNV examine aussi les audits d’usine, la qualité de la production, les rapports, les suivis et les rapports de pré-inscription.
Kim Primerano d’Estuary Power, s’est dite opposée à la prise de risque ; en général, elle « n’aime pas être la première à sortir de la chaîne de production ». Si Estuary Power surveille de près les avancées des fabricants de solaire aux États-Unis, l’entreprise ne cherche pas actuellement à intégrer des éléments nationaux. Elle a ajouté que si les chiffres avancés par Alex Barrows se vérifient, cela tirera les prix vers le bas tout en entraînant la capacité à la hausse. À ce moment-là, Estuary Power commencera à s’intéresser aux modules fabriqués aux États-Unis.
Toutefois, en termes de choix de technologie, Kim Primerano a indiqué qu’Estuary Power était résolument tournée vers les TOPCon et prévoyait d’utiliser cette technologie dans un projet à venir. Tristan Erion-Lorico a quant à lui évoqué les conclusions que PVEL a tirées de ses tests. Ainsi, HJT et TOPCon présenteraient de nouveaux risques et les résultats seraient très hétérogènes, mais sur le long terme, les modules afficheraient les taux de dégradation les plus bas du secteur. Il a ajouté que le développement des TOPCon est un processus délicat et que la fenêtre de production se resserre. Toutefois, on observe de très bons résultats en termes de PID pour les TOPCon dans les usines à l’étranger, ainsi que d’excellents résultats au niveau du cycle thermique des HJT. Il a néanmoins précisé qu’il s’agissait « d’une gamme plus large qui prendra du temps à s’affiner ».
Selon Tristan Erion-Lorico, un autre phénomène nouveau aux États-Unis est l’apparition des encapsulants et des backsheets made in USA, l’une des conséquences des efforts déployés pour rapatrier toute la chaîne d’approvisionnement du solaire dans le pays. Il a également noté que cela comportait aussi certains risques ; en effet, des fabricants tels que Trina entretiennent des relations de longue date avec certains fournisseurs de matériaux et connaissaient bien les performances de leurs produits. Et pourtant, pour obtenir les 40 % de composants d’origine nationale prescrits par la loi, certains fabricants chercheront à acheter leurs matériaux auprès de nouvelles usines américaines.
Pour poursuivre votre lecture, merci de visiter le site pv magazine USA.
Traduction assurée par Christelle Taureau.
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