L’opposition d’une partie du corps scientifique français aux programmes de développement nucléaire n’est pas chose nouvelle. Cet été, ce sont un peu plus de 1100 scientifiques qui se sont réunis contre le nouveau programme nucléaire français. Pour amener le débat sur le bouquet énergétique français dans les instances représentatives et démocratiques, le Groupement de scientifiques pour l’information sur l’énergie nucléaire (GSIEN) et l’association scientifique pour l’environnement Global Chance ont organisé une conférence de presse mardi 12 septembre dernier à l’Assemblée nationale.
Les représentant·e·s des associations ont présenté les éléments de l’Appel de scientifiques contre un nouveau programme nucléaire (toujours en cours), défendu leur position anti-nucléaire, dénoncé “l’absence de démocratie et de débat transparent […] en matière de choix énergétiques” et appelé à une politique de sobriété.
« Nucléaire versus le renouvelable : ce n’est pas la première question à se poser »
La mise en opposition entre énergie nucléaire et énergies renouvelables est souvent critiquée : l’urgence est de sortir des énergies fossiles qui constituaient encore en France 46 % de la consommation primaire en 2020 – avec 40 % de nucléaire et 14 % d’EnR et de déchets. En entretien sur France Inter, ce samedi 9 septembre, le président de RTE Xavier Piechaczyk a même affirmé : « La France est frappée d’une pathologie, qui est de passer son temps à polémiquer entre le nucléaire versus le renouvelable : ce n’est pas la première question à se poser ».
Toutefois, dans un schéma d’arrêt des investissements et des subventions dans les énergies fossiles, la question se pose au niveau du choix et des stratégies de développement énergétique. Et même les projections de RTE ont proposé des schémas possibles de sortie du nucléaire et/ou d’arrêt de développement de nouveaux réacteurs nucléaires. C’est notamment pour cette raison que les scientifiques ayant participé à l’appel pré-cité ont annoncé le lancement d’une « série d’actions en direction de la communauté scientifique et du public, afin de réouvrir un véritable débat public sur ces questions ».
« L’énergie nucléaire a un besoin important de refroidissement. Les épisodes de canicule et de sécheresse de ces dernières années, qui vont se prolonger quelles que soient les mesures prises, auraient dû inciter à réfléchir, alors que le plan de relance du nucléaire aura comme conséquence d’augmenter les besoins d’eau de refroidissement », déplore Jean-Marie Brom Physicien du nucléaire, directeur de recherches émérite au CNRS.
« Nous tenons à insister sur le fait que ce choix de relance du nucléaire ne peut être réduit à un choix purement technologique, c’est un problème sociétal. Il doit être concerté et débattu, pas seulement sous ses aspects techniques par un petit nombre d’experts, mais dans toutes ses composantes (écologiques, sociales, économiques) avec l’ensemble de la société en s’appuyant sur les savoirs de la communauté scientifique et dans la prise en compte de la justice sociale et climatique », conclue de son côté Jeanne Mermet, activiste et ingénieure déserteuse.
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