Le gouvernement poursuit sa feuille de route pour la relance du nucléaire en France. Mais cette détermination à accélérer le développement de nouveaux sites et à faciliter le maintien de l’activité des centrales existantes se confronte à l’opposition d’une partie du corps scientifique. C’est en tout cas ce que souligne la tribune lancée le 20 juin dernier et aujourd’hui signée par près de 800 scientifiques qui appellent à l’arrêt du nouveau programme nucléaire français.
Pour eux, l’effort industriel et financier de ce nouveau plan de relance « détournerait pour longtemps les moyens nécessaires pour affronter les défis conjugués de la crise climatique, de l’effondrement du vivant, des pollutions généralisées et de l’épuisement des ressources ». Pour rappel et au bas mot, la construction des six réacteurs annoncés est évaluée à plus de 60 milliards d’euros.
Les signataires attirent également l’attention sur la gestion problématique des déchets nucléaires et le monopole de l’atome dans les politiques de développement énergétique (entre autres) : « Aujourd’hui, toute critique de la technologie nucléaire, soumise au double secret industriel et militaire, est devenue extrêmement difficile au sein des écoles, laboratoires et instituts qui lui sont liés. »
Le nucléaire est la troisième activité consommatrice d’eau en France
Scientifiques, médecins, enseignants, ingénieurs, universitaires et chercheurs alertent aussi sur l’idée, faussement conçue selon eux, que le nucléaire est une énergie durable dans un contexte d’urgence climatique. « La raréfaction de l’eau douce et la réduction du débit des fleuves liés à une sécheresse bientôt chronique en France, tout autant que les risques de submersion des zones côtières dûs à l’élévation du niveau des océans et à la multiplication d’évènements climatiques extrêmes vont rendre très problématique l’exploitation des installations nucléaires », expliquent-ils dans la tribune en rappelant que le refroidissement des centrales nucléaires est la troisième activité consommatrice d’eau en France.
Selon les données du ministère de la Transition écologique, le nucléaire mobilise ainsi 12 % des ressources en eau, derrière l’agriculture et la consommation d’eau potable.
Par ailleurs, « miser sur de nouveaux réacteurs dont le premier serait au mieux mis en service en 2037 ne permettra en rien de réduire dès aujourd’hui et drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre, comme l’urgence climatique l’exige », soulignent les chercheurs.
Mobilisé, le Conseil constitutionnel a validé la majeure partie du projet de loi
Pour rappel, le conseil constitutionnel a validé ce 21 juin la majeure partie de la loi de relance du nucléaire. L’institution a toutefois censuré une dizaine d’articles sur les 30 mis en cause.
Il a notamment refusé les modifications du code de l’énergie qui visaient à prendre en compte l’hydrogène bas-carbone dans les objectifs de la politique énergétique nationale et dans la programmation pluriannuelle de l’énergie. Le conseil a également rejeté la modification des objectifs et des priorités d’action de la politique énergétique nationale destinée à répondre à l’urgence écologique et climatique.
Le conseil a toutefois admis que le développement nucléaire proposé se justifiait par sa contribution à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et qu’il présente un intérêt majeur pour la protection de l’environnement et l’indépendance énergétique de la Nation. « Le Conseil constitutionnel rappelle, à cet égard, qu’il ne lui appartient pas de rechercher si les objectifs que s’est assignés le législateur auraient pu être atteints par d’autres voies, dès lors que les modalités retenues par la loi ne sont pas, en l’état des connaissances scientifiques et techniques, manifestement inappropriées à ces objectifs », a précisé l’institution dans son compte rendu.
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