EDF entame la dernière ligne droite vers sa renationalisation. « La Cour d’appel de Paris confirme la conformité de l’offre publique d’achat simplifiée de l’Etat sur EDF » explique le Ministère de l’Economie dans un récent communiqué. L’Etat français va donc pouvoir procéder au rachat de la totalité des parts du groupe d’électricité auprès de ses actionnaires minoritaires, pour un montant de 12 euros par part.
A la suite de la validation de l’opération de rachat par l’autorité des marchés financiers (AMF) en novembre 2022, le conseil de surveillance du FCPE Actions EDF, l’Association Energie En Actions et l’Association de défense des actionnaires minoritaires (ADAM) avaient formulé un recours en annulation auprès des autorités compétentes. Selon eux, la valeur des actions d’EDF était sous-estimée puisqu’elle a été fixée alors que le groupe enregistrait une contre-performance de production nucléaire et traversait la crise énergétique qui secoue encore l’Europe aujourd’hui.
Mais le recours a définitivement été rejeté le 2 mai dernier. Ce faisant, EDF explique que l’offre d’achat sera rouverte « pour une durée de 10 jours de bourse à compter du 4 mai 2023 et jusqu’au 17 mai 2023 inclus » afin de permettre à l’intégralité du capital de passer aux mains de l’Etat – qui en détenait déjà 95,82% le 3 février 2023.
Les raisons de la re-nationalisation
Le rachat d’EDF par l’Etat, qui en était déjà actionnaire majoritaire à 84 % du capital, a été annoncé par le gouvernement en juillet 2022. L’opération intervient alors que l’Union européenne presse au démantèlement des groupe nationaux qui fournissent et produisent l’énergie centralisée et à l’abandon des tarifs réglementés de l’électricité. Avec la hausse des prix du gaz, la loi des marchés a également pesée sur la France qui n’a pas pu profiter de son électricité nucléaire peu chère. Coup du sort (ou sous-investissements accumulés), la plupart des réacteurs nucléaires ont été mis à l’arrêt au cours des derniers mois, ce qui a limité la production électrique nationale.
Aussi, l’Etat a expliqué que la priorité à court terme sera de redémarrer les réacteurs nucléaires arrêtés dans le cadre du programme de contrôle et de réparation du phénomène de corrosion sous contrainte.
Ensuite, la note du Projet d’offre publique d’achat simplifiée publiée en octobre 2022 (et présentée par Goldman Sachs et la Société Générale) explique qu’il sera question de « planifier et investir sur le très long terme les moyens de production, de transport et de distribution d’électricité ». « Cette évolution permettra à EDF de renforcer sa capacité à mener dans les meilleurs délais des projets ambitieux et indispensables pour l’avenir énergétique de la France », à savoir les « chantiers décisifs annoncés par le président de la République dans son discours de Belfort, notamment le programme de construction de six réacteurs de technologie EPR2 d’ici 2050 » précise le document. La relance nucléaire annoncée par le gouvernement pourra ainsi prendre forme de manière concrète. Pour Sébastien Menesplier, secrétaire de la Fédération nationale des mines et de l’énergie CGT, « la question de la gouvernance d’EDF doit être posée en fonction des objectifs dictés par l’intérêt général outre le fait que la garantie de l’État est essentielle pour faire face aux investissements colossaux ».
Les énergies renouvelables n’entrent pas dans le périmètre stratégique énoncé dans le projet d’acquisition publique, même s’il est prévu qu’EDF contribue au « développement accéléré des énergies renouvelables en France, ainsi que les conséquences sur le réseau ». Pour contexte, la production électrique a baissé en France en ce début d’année 2023 affichait un total de 85,2 TWh, soit 6,5 TWh de moins qu’au premier trimestre 2022. Le nucléaire constitue la source d’énergie principale, suivi par l’hydraulique (9,2 TWh) puis par les autres énergies renouvelables ensemble (7,8 TWh). A fin mars 2023, EDF affirme disposer de 13,4 GW nets de capacités renouvelables installées et de 7,3 GW bruts de capacités en construction.
En mars 2023, le groupe annonçait un chiffre d’affaires de 47,8 milliards d’euros, soit une hausse de 34,6 % en organique par rapport à la même période en 2022, permise par la hausse des prix de vente de l’électricité et du gaz sur les marchés au premier trimestre 2023, en particulier en France et au Royaume-Uni. Au même moment, le bilan affiche une perte record de 17,9 milliards d’euros en 2022. Après un rebattement des cartes dans ses finances internes en 2022, EDF n’avait pas souhaité préciser le périmètre du plan de cession qui devait alors concerner trois milliards d’euros d’actifs entre 2022 et 2024.
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