D’après pv magazine International
Les investissements sur le marché américain des énergies renouvelables devraient atteindre 104,93 milliards d’euros d’ici à 2031, une augmentation de 78 % par rapport aux 58,91 milliards d’euros investis sur toute l’année 2021, sous l’effet de l’impulsion en faveur de la décarbonation donnée par la fameuse loi américaine sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act – IRA).
Dans un récent rapport intitulé « Boom Time: what the Inflation Reduction Act means for U.S. renewables manufacturers », Wood Mackenzie présente une première évaluation du soutien considérable que l’IRA va apporter au développement des capacités américaines de fabrication d’équipements pour les énergies renouvelables.
« En incitant la réouverture d’installations qui avaient fermé leurs portes et en offrant la possibilité de mettre sur pied des chaînes d’approvisionnement pour les équipements de A à Z, l’IRA va entièrement restructurer la filière des énergies renouvelables aux États-Unis », affirme Daniel Liu, directeur des performances commerciales des actifs chez Wood Mackenzie.
En particulier, deux dispositions phares de l’IRA sont susceptibles de changer la donne pour les équipementiers. Tout d’abord, les crédits à la fabrication avancée (advanced manufacturing production credit – AMPC), destinés aux équipements pour les énergies renouvelables made in USA. La deuxième disposition concerne les avantages accordés aux développeurs de projets d’énergie renouvelable américains pour qu’ils achètent des équipements américains, assortis d’un crédit d’impôt supplémentaire s’ils respectent les seuils fixés par les prescriptions relatives aux composants d’origine nationale (domestic content requirement – DCR). Pour ce faire, 40 % de l’ensemble des équipements doit être fabriqué aux États-Unis pour les projets installés avant 2025, et 20 % pour les projets éoliens en mer. Le rapport précise que ces exigences passent à 55 % à partir de 2027 pour le marché de l’éolien offshore.
« C’est un enjeu de taille pour les ventes d’équipements américains, les mesures incitatives de l’IRA réduisant de 4 à 30 % le coût de fabrication des panneaux solaires, des équipements de stockage et des éoliennes aux États-Unis, précise Daniel Liu. Ajoutez à cela les droits de douane appliqués à certaines importations, et la fabrication nationale pourra être en mesure de concurrencer les équipements importés ».
Le solaire à grande échelle reste dans le flou
À l’heure actuelle, les États-Unis ne possèdent qu’une capacité intérieure réduite pour soutenir la fabrication de panneaux solaires destinés aux installations à grande échelle ; dans le même temps, les prévisions annoncent une forte croissance des nouvelles capacités solaires. D’après Daniel Liu, si l’élargissement du marché américain du solaire est tel que l’annoncent différents cabinets d’études, dont Wood Mackenzie, il paraît pour le moins incertain que l’offre nationale en panneaux solaires puisse répondre au marché de production à grande échelle.
Les fabricants de panneaux PV font face à des difficultés considérables pour développer une capacité de fabrication capable de couvrir les besoins nationaux, avec des coûts de 16 à 33 % plus élevés que les équipements PV d’importation. Toutefois, le crédit AMPC pourrait représenter un premier pas pour réduire cet écart.
Assimilation dans le code des impôts
L’Administration fiscale américaine (IRS) fournira un guide des conditions à remplir pour être éligible aux crédits d’impôt, lesquelles constitueront un facteur décisif pour les décisions d’investissement du côté des fabricants. « La décision d’investir dans l’élargissement des capacités de fabrication des équipements dépend de l’interaction entre trois facteurs. En premier lieu, le coût de fabrication aux États-Unis par rapport aux importations, en tenant compte des avantages apportés par l’AMPC, explique Daniel Liu. Deuxièmement, le déséquilibre attendu entre l’offre et la demande pour les équipements d’énergie renouvelable, et enfin, les orientations spécifiques de l’IRS sur ce qui constitue “un équipement de fabrication nationale” ».
L’AMPC bénéficie au marché de l’éolien
Le crédit AMPC de l’IRA aidera à court terme les fabricants d’équipement d’origine à inverser la tendance à la baisse des marges bénéficiaires sur les ventes d’équipements, et incitera à investir dans les capacités de fabrication pour le marché américain de l’éolien terrestre. Les États-Unis possèdent une capacité de fabrication suffisante pour couvrir la majeure partie de leur demande intérieure en équipements pour éoliennes d’ici à 2031, bien que le secteur soit confronté à une pénurie à court terme de matériel made in America. Ces conditions créent une conjoncture des prix favorable pour les fabricants, étant donné que tous les développeurs ne seront pas en mesure d’atteindre les seuils fixés par le DCR.
Les développeurs devraient pouvoir respecter les seuils du DCR jusqu’à 2025 avec certains composants d’éoliennes fabriqués aux USA, tels que les fondations, les tours et les équipements auxiliaires. Les pales de rotor leur permettront d’atteindre le seuil des 55 % après 2026. Bien que le marché américain de l’éolien en mer n’en soit qu’à ses début, le pays représente l’un des marchés les plus intéressants pour les fournisseurs d’éolien offshore en raison de ses objectifs ambitieux, de l’absence de filière en place et de la focalisation des appels d’offres sur les composants locaux ainsi que de sa base de clientèle consolidée. « Nous pensons que les fabricants tireront pleinement avantage de l’AMPC, étant donné la capacité de fabrication américaine limitée, les avantages de coûts par rapport aux importations et le besoin d’investir dans la capacité de fabrication nationale », ajoute Daniel Liu.
Le point positif
Malgré le potentiel de l’IRA pour constituer un moteur majeur dans l’élargissement de la capacité de fabrication américaine, l’avenir du secteur ne se dessine pas aussi clairement qu’on pourrait le penser. D’autres facteurs auront des effets significatifs sur le développement des capacités des énergies renouvelables, et notamment :
- les négociations en cours entre l’Union européenne et les États-Unis à propos de ce qui est perçu comme un obstacle au commerce engendré par l’IRA. Les dirigeants de l’UE estiment en effet que cette loi viole les règles de l’OMC, mais des négociations ont lieu actuellement pour éviter un conflit commercial transatlantique ;
- le fait que les fabricants parviennent ou non à baisser leur base de coût à des niveaux concurrentiels avant que l’AMPC ne prenne fin en 2032 ;
- la riposte des fabricants étrangers, qui feront tout pour protéger leurs avantages de coûts actuels ;
- l’interprétation que feront l’IRS et le département du Trésor américain des principales dispositions de la loi.
Traduction assurée par Christelle Taureau.
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