D’après pv magazine Etats-Unis
D’après un récent rapport de Reuters, plus de 1 000 chargements de composants solaires ont été bloqués dans des ports des États-Unis depuis juin dernier, en raison d’une nouvelle législation interdisant les exportations en provenance de la région de Xinjiang, en Chine, où l’on soupçonne le recours au travail forcé.
Le Xinjiang, en Chine, où environ 50 % du polysilicium mondial est produit, est surveillé de très près en raison des atteintes aux droits de l’homme et du travail forcé des Ouïghours et d’autres minorités ethniques en Chine. À plusieurs reprises, Pékin a démenti les allégations de travail forcé.
La loi américaine contre le travail forcé des Ouïghours (Uyghur Forced Labor Prevention Act, UFLPA) crée une « présomption réfragable » selon laquelle les produits provenant de cette région sont fabriqués en ayant recours au travail forcé, et fait reposer sur les acheteurs la charge de prouver que les marchandises importées ne sont en aucun cas liées au travail forcé. Ainsi, pour respecter l’UFLPA, les entreprises doivent fournir une cartographie complète de leurs filières, la liste détaillée de tous les travailleurs, et la preuve que ces derniers n’ont pas été soumis au travail forcé. De grands groupes tels que Coca-Cola et Nike, dont les filières d’approvisionnement sont intrinsèquement liées à l’économie chinoise, font pression contre cette législation.
Selon Reuters, le bureau des douanes et de la protection des frontières des États-Unis aurait saisi 1 053 chargements d’équipement solaire entre le 21 juin et le 25 octobre. Aucun des chargements n’aurait encore été libéré. Certaines sources de Reuters affirment que les cargaisons comprennent environ 1 GW de panneaux solaires et de cellules polysilicium, fabriqués pour l’essentiel par Trina Solar, JinkoSolar et Longi, qui à eux trois représentent environ un tiers des approvisionnements en panneaux solaires des États-Unis.
En août, ROTH Capital Partners a indiqué que plus de 3 GW de composants avaient été retenus par les douanes américaines, estimant que 9 GW à 12 GW de modules solaires pourraient se voir refuser l’entrée sur le marché des États-Unis d’ici la fin de l’année.
La réaction de la Chine
Lors d’une conférence de presse, Zhao Lijian, porte-parole du ministères chinois des Affaires étrangères, a protesté que les allégations de travail forcé étaient « un tissu de mensonges, monté de toutes pièces par un petit groupe » de personnes opposées à la Chine.
« Les États-Unis devraient cesser immédiatement cette exclusion aberrante des entreprises chinoises de photovoltaïque et libérer les composants de panneaux solaires saisis le plus rapidement possible », a demandé Zhao Lijian.
Les difficultés d’approvisionnement en modules aux États-Unis constituent un problème chronique, exacerbé par les confinements liés à la pandémie, la hausse des coûts du fret, les soucis rencontrés sur la filière des semiconducteurs et l’adoption de l’UFLPA et d’autres lois régissant le commerce et le travail.
L’Agence américaine pour l’information sur l’énergie (EIA) a annoncé que les développeurs de projets solaires aux États-Unis prévoyaient d’installer 17,8 GW de capacité cette année. Toutefois, en six mois, seuls 4,2 GW ont été mis en place. Selon l’EIA, de janvier à juin 2022, environ 20 % de la capacité PV programmée a été reportée. Certains rapports montrent que des installations solaires ont été repoussées de 4,4 GW par mois en moyenne, contre des reports mensuels moyens de 2,6 GW en glissement annuel.
Lors de la Conférence RE+ qui s’est tenue à Anaheim en septembre dernier, les porte-paroles de Trina Solar ont dit à pv magazine être confiants quant au degré de traçabilité élevé des produits de l’entreprise et de ses filières.
« Nous avons pris conscience que les filières ne peuvent pas être centralisées en un seul endroit, et que nos clients veulent aussi une certaine indépendance. Notre stratégie à moyen terme consiste à cloisonner clairement les produits et les marchés, ainsi qu’à diversifier notre chaîne d’approvisionnement sur le plan géographique, a précisé Helena Li, présidente du département Cellules et modules Monde chez Trina Solar. Des marchés différents appellent des filières différentes ».
Par e-mail, JinkoSolar a déclaré travailler avec les services des douanes sur une documentation prouvant que ses marchandises n’ont aucun lien avec le travail forcé et s’est dit « certain que les cargaisons seront validées ».
Marty Walsh, le ministre américain du Travail, a affirmé que « le monde et le peuple américain ne peuvent tolérer la présence dans les filières mondiales de marchandises fabriquées dans les conditions d’exploitation que subissent les Ouïghours et d’autres minorités ethniques ».
Traduction assurée par Christelle Taureau.
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