Le Kenya devrait se tourner vers les marchés financiers pour accélérer son développement en faveur de la lutte contre le changement climatique. C’est en tout cas l’objet du récent accord convenu avec le Royaume-Uni et dans lequel les deux pays s’entendent pour accélérer l’investissement britannique dans six projets verts d’une valeur de 500 milliards de schillings kenyans (3,95 milliards d’euros). Le portefeuille de projets couvre l’énergie verte, l’agriculture et les transports et deviendra, selon un communiqué du gouvernement britannique, la figure de proue d’un « accord ambitieux de cinq ans qui libère des avantages mutuels pour le Royaume-Uni et le Kenya ».
L’opération permettra notamment de financer l’extension du parc de Globeleq, Malindi Solar, dont les 52 MW de panneaux solaires ont été connectés au réseau kényan en décembre 2021. Avec la construction d’une nouvelle centrale photovoltaïque de 40 MW pour un investissement de 7,5 milliards de KES (52,2 millions d’euros), l’infrastructure devrait ainsi doubler de taille et de doter d’un système de stockage batterie.
Au titre du nouvel accord de coopération, le nouveau premier ministre britannique Rishi Sunak a annoncé que son gouvernement débloquera 12 milliards de schillings kenyans (94,7 millions d’euros) pour financer des projets durable au Kenya au cours des trois prochaines années, notamment grâce à une collaboration avec le fonds de pension CPF Financial Services et d’autres investisseurs privés. Il engagera également deux milliards de schillings kenyans (15,8 millions d’euros) dans une nouvelle société de garantie pour réduire le risque d’investissement dans le pays.
Sur cette société de garantie, il est accompagné du consortium d’institutions internationales InfraCo Africa et de Cardona Development qui s’engagent dans la nouvelle structure respectivement à 15 millions et 5 millions de dollars (… et … millions d’euros). A leurs côtés, le Private Infrastructure Development Group (PIDG) et l’agence de développement britannique FSD Africa (qui a pour objectif de construire et de renforcer les marchés financiers à travers l’Afrique subsaharienne) apportent leur soutien. Dans un communiqué, InfraCo explique que la nouvelle société de garantie cherchera à émettre jusqu’à 100 millions de dollars de garanties en monnaie locale au cours des prochaines années pour débloquer les investissements dans les infrastructures et projets verts au Kenya.
Sécuriser l’investissement climatique des propriétaires de capitaux
Dans ce cadre, l’objectif sera de soutenir le marché obligataire (autrement dit, les emprunts en dehors du système bancaire) en monnaie locale, notamment via les mécanismes dits de réhaussement de crédit qui permettent de garantir ce type de dette. La particularité de cette stratégie est qu’elle repose quasiment intégralement sur les marchés financiers privés, tout en réduisant les risques pour les propriétaires de capitaux. Côté légal, elles sont aussi organisées pour offrir une responsabilité limitée à leurs membres. « Ce rôle est essentiel dans la mobilisation du financement climatique des propriétaires de capitaux locaux et internationaux vers les économies africaines qui ont besoin de différentes sources de capitaux pour financer leur croissance verte », argumente Mark Napier, le PDG de FSD Afrique.
« Les marchés de capitaux du Kenya se développent rapidement et l’on espère que l’accès aux garanties en monnaie locale permettra aux investisseurs institutionnels tels que les fonds de pension et d’assurance d’investir dans des actifs de haute qualité tout en aidant les entreprises à obtenir les financements dont elles ont besoin pour fournir de nouvelles infrastructures vitales, soutenir le développement économique à travers le pays », a, de son côté, avancé Claire Jarrett, directrice des investissements d’InfraCo Africa.
Plus largement, le PIDG se félicite de déployer ce type de programme dans différents pays en développement, comme le souligne Philippe Valahu, PDG de l’institution, qui affirme que « ce modèle de garanties en monnaie locale s’est avéré un succès au Nigeria – où InfraCredit Nigeria a émis environ 114 milliards de NGN de garanties en monnaie locale au cours de ses cinq premières années d’exploitation – et aussi au Pakistan, où InfraZamin Pakistan a récemment émis sa première garantie ».
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