Petit pays de 41 530 km2 ayant déjà installé 14 GW de capacités solaires, les Pays-Bas connaissent depuis de nombreuses années le problème de la disponibilité du foncier dans le développement des nouveaux projets photovoltaïques. « C’est pourquoi le gouvernement néerlandais a adopté un cadre réglementaire plus souple, en particulier au niveau des autorisations, pour les projets sur des surfaces artificialisées, comme l’agrivoltaïsme ou le solaire flottant », souligne Maximilian Tegtmeyer, chef de projet AgriPV chez l’Allemand BayWa r.e..
En témoigne l’exploitation de 31 000 pieds de framboises de variété Lagoraï de Piet Albers, agriculteur installé à Babberich tout près de la frontière avec l’Allemagne. Celle-ci fut le premier développement commercial de BayWa r.e. et fait aujourd’hui figure de pionnière. Dès 2019, sa filiale GroenLeven a en effet mis en place un premier parc pilote de 0,3 hectares au-dessus d’une partie des framboisiers de Piet Albers. Deux types de panneaux ont alors été testés, dont des modules semi-transparents spécialement développés pour ce test. A la suite de cette phase d’étude qui a permis à GroenLeven d’étudier les effets de l’agrivoltaïsme sur les plantes et les fruits, la configuration a été étendue en juin 2020 à un format commercial de 3,2 hectares, sur la moitié de l’exploitation.
Dans une atmosphère paisible, au son du bourdonnement des abeilles butinant les fleurs et des chants d’oiseaux, les traditionnels tunnels en plastique ont désormais été remplacés par une structure photovoltaïque de 2,67 MWc, réalisée avec l’aide du structuriste allemand Zimmermann. Les 10 250 panneaux semi-transparents ont une puissance unitaire de 250 Wc, pour un taux de transparence de 35 %. « Auparavant, nous travaillions avec le fabricant chinois BYD et désormais, nous faisons appel à l’entreprise HT/SAAE », détaille Maximilian Tegtmeyer. Orientés est-ouest, les modules PV génèrent une production annuelle de 2 403 MWh/an, intégralement injectée sur le réseau et équivalente à la consommation domestique de 1250 foyers néerlandais moyens. Enfin, des filets blancs ont été ajoutés par Piet Alberts pour atténuer la lumière directe arrivant sur les framboises, ce qui risquerait d’abîmer ces délicats fruits rouges.
Un investissement d’un million d’euros à l’hectare
Un onduleur Huawei de 60 kW est installé au bout de chaque rangée, pour éviter le passage des câbles d’une rangée à l’autre. De fait, les câblages en courant continu serpentent en haut de la structure jusqu’à l’onduleur. De là, les câbles courant alternatif enterrés conduisent l’électricité jusqu’au poste de transformation qui se situe à l’entrée de l’exploitation Albers.
Au total, le coût de l’investissement par hectare (comprenant le développement, la construction et le raccordement) s’est élevé à près d’un million d’euros, ce qui correspond à environ 1,15 €/Wc, contre 0,50 à 0,80 €/Wc pour un projet au sol. « Au niveau du montage financier, BayWa r.e. a signé avec l’exploitant un bail emphytéotique, comme pour tout projet d’énergies renouvelables. De son côté, l’agriculteur a signé un contrat de prêt à usage, de ce fait, les deux flux financiers s’annulent », décrit Thomas Domblides, responsable développement solaire régional chez BayWa r.e. France. Par ailleurs, l’agriculteur, qui produit plus de 200 tonnes de framboises par an pour un rendement d’environ 70 à 80 000 euros à l’hectare, ne touche pas de loyer de la part de l’énergéticien.
Mais il en tire d’autres avantages. Tout d’abord, en raison de la réduction de l’évapotranspiration, les relevés effectués depuis 2020 en partenariat avec l’université de Wageningen University & Research (WUR) montrent une consommation d’eau réduite de 23 %. Autre importance de taille : en période de grosses chaleurs, qui sont amenés à devenir de plus en plus fréquentes en raison du changement climatique, il fait beaucoup moins chaud sous les panneaux photovoltaïques que sous les bâches en plastique grâce à une meilleure circulation de l’air. Les données montrent ainsi un écrêtage des températures jusqu’à – 6°C lors des pics de chaleur et une limitation des baisses de températures en période de gel. D’où un meilleur confort pour les fruits, mais aussi pour les récolteurs.
Enfin, l’entreprise fait des économies de main d’œuvre pour les manipulations des tunnels en plastique, qui doivent être normalement dépliés et repliés chaque saison, une tâche fastidieuse, et qui doivent être changés tous les six ans. Pour ce qui est du rendement, Piet Albers l’affirme, il sera cette année identique entre les framboises poussant sous les panneaux photovoltaïques et celles poussant sous les tunnels. « Ce qu’on peut d’ores et déjà noter, c’est que les fruits sous les panneaux sont moins nombreux par pied, mais ils sont plus gros que les fruits sous les tunnels plastiques, indique Maximilian Tegtmeyer. Les taux de sucre et d’acidité sont quasiment identiques ».
Pour l’heure, la moitié de l’exploitation de Piet Albers se trouve encore sous tunnels en plastique et l’agriculteur souhaiterait étendre la structure agrivoltaïque à l’ensemble de son terrain, mais les conditions financières se sont récemment durcies. « A l’époque de la construction de la première phase de 3,2 hectares, les tarifs de rachat de l’électricité étaient très incitatifs, de l’ordre de 110-120 euros/MWh, souligne Thomas Domblides. Entre temps, les tarifs d’achat de l’électricité ont baissé, ce qui complique le plan de financement ». En outre, les tarifs sont plus intéressants si les fermiers sont actionnaires majoritaires de la société de projet, mais cela rajoute de l’endettement pour les agriculteurs. Le projet est donc encore en cours de réflexion.
Les projets agrivoltaïques de BayWa r.e. en France
Ce contenu est protégé par un copyright et vous ne pouvez pas le réutiliser sans permission. Si vous souhaitez collaborer avec nous et réutiliser notre contenu, merci de contacter notre équipe éditoriale à l’adresse suivante: editors@pv-magazine.com.
2 comments
En transmettant ce formulaire vous acceptez que pv magazine utilise vos données dans le but de publier votre commentaire.
Vos données personnelles seront uniquement divulguées ou transmises à des tierces parties dans une optique de filtre anti-spams ou si elles s’avèrent nécessaires à la maintenance technique du site web. Un transfert de vos données à des tierces parties pour toute autre raison ne pourra se faire que s’il est justifié par la législation relative à la protection des données, ou dans le cas où pv magazine y est légalement obligé.
Vous pouvez révoquer ce consentement à tout moment avec effet futur, auquel cas vos données personnelles seront immédiatement supprimées. Dans le cas contraire, vos données seront supprimées une fois que pv magazine aura traité votre requête ou lorsque le but du stockage des données est atteint.
Pour de plus amples informations sur la confidentialité des données, veuillez consulter notre Politique de Protection des Données.