Un consensus croissant vis-à-vis du 100 % renouvelables

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D’après pv magazine International

Si l’idée d’un système énergétique alimenté entièrement par des énergies renouvelables n’est pas nouvelle, elle se heurte toujours à un scepticisme formulé haut et fort par une minorité, comme en témoignent les commentaires régulièrement déposés sur le site de pv magazine International.

Toutefois, des publications scientifiques de plus en plus abondantes viennent clairement mettre au jour la faisabilité d’un tel système ainsi que les investissements et les technologies qu’il nécessiterait. Un groupe de chercheurs en énergie, mené par Christian Breyer de l’Université de Lappeenranta en Finlande, s’est livré à un examen poussé de cette littérature, remontant même jusqu’à l’article de Bent Sorenson « Energy and Resources » publié en 1975 dans la revue Science. Le groupe note que depuis 2010, le nombre d’études publiées indiquant qu’un scénario 100 % renouvelables peut être atteint d’ici 2050 est en hausse de 27 % par an.

« Le nombre de chercheurs concluant que la demande énergétique dans son ensemble peut être couverte par les énergies renouvelables est en augmentation rapide, explique Christian Breyer. En fait, un tel scenario sera moins coûteux à long terme tout en permettant de répondre aux exigences en matière de développement durable ».

Récemment publié dans la revue IEEE Access, l’exposé de synthèse « On the History and Future of 100% Renewable Energy Systems Research » retrace les grandes étapes de l’histoire de la recherche jusqu’à maintenant, et cherche à répondre aux principales critiques qui s’élèvent toujours contre ce concept, notamment le coût, l’intermittence de la production, les matériaux ou encore le recours nécessaire à l’énergie fossile pour alimenter aujourd’hui la production d’énergie renouvelable.

Ce document aborde également « l’inertie institutionnelle » des grandes agences, et critique tout particulièrement l’Agence internationale de l’énergie et le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) pour leur lenteur à adopter les dernières recherches démontrant les possibilités apportées par les technologies des énergies renouvelables.

« Selon l’Organisation des Nations unies, plus de 160 entreprises totalisant près de 70 billions d’euros d’actifs œuvrent à décarboner l’économie mondiale, c’est-à-dire l’abandon progressif des énergies fossiles d’ici 2050. Nos travaux ont montré que nous disposons des technologies pour fournir à l’échelle mondiale une énergie fondée exclusivement sur des ressources renouvelables, a déclaré Sven Teske, professeur adjoint à la University of Technology de Sydney. La science montre clairement qu’un approvisionnement en énergie 100 % renouvelable est faisable aussi bien techniquement qu’économiquement. L’étape suivante consiste à faire en sorte que nos recherches soient intégrées dans les rapports d’évaluation du GIEC, lesquels sont actuellement fondés sur des scénarios énergétiques dépassés ».

Le solaire en tête

L’article indique que la plupart des documents sur le 100 % renouvelables privilégient le solaire et l’éolien comme sources de production primaire, bien que les avis divergent en ce qui concerne la part que chacun devrait représenter idéalement.

L’article indique ainsi que « dans la plupart des scénarios de transition, les énergies solaire et éolienne font de plus en plus figure de piliers centraux d’un système énergétique durable, associés à des mesures d’efficacité énergétique. La modélisation de l’optimisation des coûts ainsi que la plus grande disponibilité des ressources tendent à donner l’avantage au photovoltaïque, tandis que la diversification des sources d’énergie prône pour une contribution plus élevée de l’éolien ».

En partant du principe que l’éolien et le solaire sont bien implantés et disponibles, des travaux plus récents se sont penchés sur des domaines moins connus, et notamment les secteurs difficiles à électrifier. « Des études récentes se concentrent sur les défis et les opportunités liés à la congestion du réseau, au stockage de l’énergie, au couplage sectoriel, à l’électrification du transport et de l’industrie à l’aide du power-to-X et de l’hydrogen-to-X, ainsi qu’à l’intégration des processus naturels et des solutions technologiques pour l’élimination du dioxyde de carbone (CDR), explique Christian Breyer. Il en résulte une vision globale de la transition vers une économie à émissions négatives de gaz à effet de serre, laquelle est capable de limiter le réchauffement climatique mondial à 1,5°C, assortie d’un budget carbone défini de manière claire, soutenable, dotée d’un bon rapport coût-efficacité, et fondée sur des systèmes énergétiques, industriels et CDR 100 % renouvelables ».

Si le groupe se félicite des avancées réalisées dans ce domaine depuis son émergence il y a près de 50 ans, il note que beaucoup reste encore à faire, et rappelle à ses lecteurs qu’aucune étude majeure sur un scénario 100 % renouvelables n’a encore intégré les technologies d’élimination du dioxyde de carbone ainsi que les éventuels problèmes de justice sociale, de désaccords des communautés et de dégradation de l’environnement, qui bien souvent ne sont pas pris en compte dans les modélisations.

« Les technologies existent déjà. En outre, les preuves substantielles présentées constituent déjà des preuves empiriques dans plusieurs régions et pays. La capacité à exploiter des synergies entre l’efficacité énergétique, l’électrification, le chauffage urbain et les carburants de synthèse a clairement été démontrée, a ajouté Brian V. Mathiesen de l’Université Aalborg au Danemark. À présent, les décideurs politiques doivent cesser tout nouvel investissement dans les combustibles fossiles et se concentrer sur la création de systèmes énergétiques intelligents basés sur les énergies renouvelables ».

Traduction réalisée par Christelle Taureau.

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