« Pour nous, l’agrivoltaïsme est avant tout un projet collectif », prône Jean-Michel Lamothe, agriculteur dans les Landes, vice-président de la FFPA (Fédération française des producteurs agrivoltaïques) et adhérent de l’association Pujo Arbouts Territoire Agrivoltaïsme (PATAV). Cette dernière regroupe 35 exploitants agricoles sur six communes des Landes, Castandet, le Vignau, Maurrin, Hontanx, Pujo-le-Plan et Saint-Gein.
« Sur notre zone, des hydrologues ont tracé un périmètre de 1 400 hectares, où l’eau des nappes phréatiques montre une concentration en métabolites de pesticides supérieures à la limite réglementaire de 2 μg/L, explique Jean-Michel Lamothe, lors d’une interview avec pv magazine France. Cette situation est le résultat de l’utilisation intensive qui a été faite par le passé des produits phytosanitaires et des herbicides sur les champs de maïs ». Tandis que le Syndicat Départemental d’Equipement des Communes des Landes (SYDEC) a mis en place en 2018 des mesures curatives et préventives pour améliorer la qualité de l’eau des captages, les agriculteurs portent désormais un projet d’agriculture plus durable, pour ne pas reproduire les mêmes erreurs.
« Nous pouvions partir sur une culture bio, mais c’est difficile en raison de la nature de la terre de notre secteur, poursuit Jean-Michel Lamothe. C’est pourquoi nous avons opté pour une solution en agrivoltaïsme ». En effet, en raison de la problématique de la qualité de l’eau, les exploitants n’ont d’autres choix que de cultiver de nouvelles espèces, qui vont permettre de recréer de la biodiversité, mais qui ne montrent aussi moins productive. « Nous avons décidé de cultiver des plantes riches en omégas-3, qui répondent bien à notre problématique de qualité de l’eau et au climat de la région : lin, chia, cameline, colza et tournesol. Et nous compenserons la baisse de la productivité grâce aux revenus tirés du photovoltaïque ».
Travaillant depuis quatre ans sur le projet Terr’Arbouts, le collectif s’est donc approché du développeur Green Lighthouse Développement (GLHD), avec de concevoir une solution photovoltaïque. L’installation retenue se compose de panneaux photovoltaïques monofaciaux installés sur culture basse et installés sur trackers. « Au plus bas, les panneaux seront à 1,2 mètre du sol et les rangées seront espacées de 9 mètres pour permettre le passage des barres de coupe des moissonneuses sous les panneaux », précise Jean-Michel Lamothe. Et déjà, une première parcelle pilote de un hectare a permis de montrer l’intérêt de la solution pour les plantes. « Pendant le mois de mai, nous avons connu un épisode de forte chaleur et de sécheresse, se souvient l’agriculteur. Sous les panneaux, qui retenaient l’évapotranspiration des plantes, nous avons constaté que les végétaux étaient plus verts et mieux développés qu’entre les rangées. Nous pensons donc que le rendement sera plus élevé que ce que nous avions estimé au départ ».
L’originalité du projet tient aussi dans son modèle économique : lors de la mise en place du projet final, seuls 700 hectares sur les 1 400 hectares de la zone seront équipés de panneaux solaires. « 16 % seront prélevés sur les montants perçus par les exploitants équipés pour la location de leurs surfaces et cet argent sera reversé aux autres agriculteurs installés sur les 700 hectares non équipés, dans le cadre d’une association, décrit Jean-Michel Lamothe, qui ne souhaite toutefois pas préciser le montant perçu au kWh. Notre ambition est en effet de maintenir une activité agricole sur notre terrain, en dépit de la diminution de la qualité de l’eau. Cela passer par une mutualisation des revenus ». Les machines de récolte et les équipements de conditionnement de la production seront également mis en commun.
L’objectif est également de créer de la valeur pour tout le territoire, au travers des taxes reversées aux communes. Par ailleurs, l’association PATAV s’est associée à la start-up Protifly, installée à Mont-de-Marsan, éleveurs d’insectes et qui valorise les résidus organiques en nouvelles ressources (protéine d’insecte, huile d’insecte et amendements agricoles). A l’heure actuelle, les agriculteurs espèrent obtenir les autorisations début 2023, pour un financement finalisé fin 2023-début 2024 et une mise en service début 2025, « au moment où nous devrons passer au “zéro-phyto” sur nos cultures », note Jean-Michel Lamothe.
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J’ai trouvé cet article concernant ce projet très intéressant. Une implantation de panneaux à une hauteur convenable permet de cultiver ces teres tout en restant discrète par rapport aux paysages et en préservant l’espace de vie des riverains. Nous sommes confrontés à un projet semblable dans le lot mais avec une implantation des panneaux entre 5 et 7 m de hauteur !
Pourriez-vous me faire bénéficier de cet article qui pourrait me servir d’argumentaire ?
Merci d’avance.
Jean Pierre jouannic
Ancien maire d’une commune du lot.