Cette année, les tables rondes européennes de pv magazine, qui se déroulent les 28 et 29 juin, se concentrent sur la stratégie de décarbonation du continent et sur la place que l’industrie solaire photovoltaïque peut prendre dans le futur paysage énergétique. Plus de 60 intervenants abordent pendant ces deux jours et 10 sessions des sujets clés tels que le respect des critères ESG grâce à des normes de fabrication solaire plus strictes, les véhicules électriques solaires, les nouvelles applications et les nouveaux concepts de fabrication des cellules et modules photovoltaïques à haut rendement. Pour ceux qui n’ont pas pu y participer, pv magazine France relate ici le contenu des échanges.
Session 1 – Pour une Europe propre et souveraine
Les sessions ont permis de déterminer s’il est réaliste de rêver d’une Europe propre et verte dans les délais envisagés. Si le rythme record avec lequel l’Union européenne veut déployer le photovoltaïque est compréhensif, au regard de la situation géopolitique, Moritz Borgmann, directeur commercial de Meyer Burger, estime que nous devons également réfléchir à l’endroit où ces panneaux sont fabriqués, et à la manière dont ils le sont. Il souligne ainsi l’ironie de la situation : l’augmentation de la demande solaire en Europe pour des raisons de sécurité énergétique se fait en s’approvisionnant majoritairement en Chine. « Comment sortir de la situation actuelle, où l’industrie photovoltaïque européenne est pratiquement inexistante ?, a-t-il demandé. IL a également reconnu que sa propre usine, basée en Allemagne, est également touchée par les retards de livraison : « Il ne s’agit pas seulement de silicium brut, mais aussi de films [dorsaux], de câbles, de boîtes de jonction… ».
Session 2 – La durabilité dans la pratique : placer la barre plus haut en matière de durabilité des entreprises
Becky Beetz a ouvert la deuxième session de la journée, en examinant ce que de véritables politiques environnementales, sociales et de gouvernance peuvent faire pour améliorer les normes dans l’industrie solaire. Sont-elles une méthode crédible pour améliorer les pratiques de l’industrie ou juste un nouveau greenwashing ?
Adele Zhao, responsable des solutions produits et du marketing pour l’Europe chez Trina Solar a indiqué que l’entreprise a réduit sa consommation de gaz naturel par mégawatt de capacité de production de panneaux solaires fabriqués de 50,92 % entre 2020 et 2021. Sur la même période, la consommation d’eau par mégawatt a également été réduite, de 46,19 %.
Inés Monroy, responsable du développement commercial mondial et de la marque chez l’entreprise allemande STEAG Solar Energy Solutions, a de son côté affirmé que de petites mesures, comme la réduction de la taille des cadres des panneaux solaires, pourraient aussi avoir un impact important.
« Les fabricants tiendront compte de la durabilité dans leur production future », a assuré Alison Lennon, professeur à l’Université de Nouvelle-Galles du Sud (UNSW) à Sydney. Cela s’explique par la menace d’une législation telle que la taxation du carbone, appliquée directement à la source ou par les marchés d’exportation tels que l’UE et le mécanisme d’ajustement aux frontières pour le carbone (Cbam).
Session 3 – Comment réduire l’impact énergétique de l’habitat
Jaron Schaechter, de la société israélienne SolarEdge, spécialisée dans les onduleurs et le stockage d’énergie, a prédit que la révolution de la mobilité débutera d’abord par un déploiement des systèmes de recharge en autoconsommation et que la recharge des voitures électriques depuis le réseau, beaucoup plus complexe, viendra plus tard.
Insan Boy, vice-président des ventes mondiales chez le fabricant chinois Seraphim Solar, nous a donné un aperçu des tendances technologiques que nous pouvons attendre des fabricants de modules dans les mois et années à venir.
À quoi ressembleront les panneaux solaires européens ?
Des représentants des fournisseurs allemands d’équipements de fabrication de panneaux solaires Von Ardenne et Isra Vision ont discuté du type de technologie qui constituera la base des panneaux solaires fabriqués en Europe dans les années à venir. Sebastian Gatz, de Von Ardenne, a ainsi expliqué que les fabricants européens auront du mal à concurrencer leurs rivaux asiatiques parce qu’ils ne disposeront pas des 400 GW par an de capacité de production de plaquettes de silicium disponibles en Chine, à cause du coût de production des cellules PERC, que les fabricants chinois ont réduit les coûts grâce à d’importantes économies d’échelle, et parce que les cellules et modules PERC sont déjà proches de la limite de leur efficacité théorique. C’est pourquoi, a-t-il ajouté, « la technologie de type n entre en jeu ». Interrogé par Jonathan Gifford sur la technologie de type n qui prévaudra en Europe, à savoir l’hétérojonction (HJT) ou le TopCon (oxyde tunnel, contact passivé), Sebastian Gatz a souligné que la première avait une empreinte carbone plus faible.
Nicola Rossi, de l’entreprise énergétique italienne Enel, et Carsten Rohr, de Norsun, a également évoqué l’avancement des projets de lignes de production solaire en Europe.
Session 5 – Le PV sur roues : les véhicules électriques solaires se multiplient et se perfectionnent
Le déploiement réaliste de modules solaires sur les carrosseries des voitures – et de panneaux sur les poids lourds – permet d’augmenter l’autonomie, d’éliminer la frustration potentielle liée à la recherche de la station de recharge la plus proche, et de rendre le voyage plus agréable grâce à la climatisation solaire.
pv magazine souhaite adresser un grand merci à tous les sponsors qui ont contribué à rendre les tables rondes Europe 2022 possibles.
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