Le Conseil européen a adopté le 27 juin les positions de négociation sur deux propositions législatives qui traitent des aspects énergétiques de la transition climatique de l’Union européenne dans le cadre du paquet “Ajustement à l’objectif 55”: la directive sur les énergies renouvelables et la directive relative à l’efficacité énergétique. Ces accords vont permettre au Conseil d’engager des négociations avec le Parlement européen.
Énergies renouvelables
Le Conseil a convenu de fixer à l’échelle de l’Union européenne un objectif plus contraignant de 40 % d’énergie produite à partir de sources renouvelables dans le bouquet énergétique global d’ici 2030, contre un objectif actuel d’au moins 32 %. Les États membres devront augmenter leurs contributions nationales fixées dans leurs plans nationaux intégrés en matière d’énergie et de climat (PNEC), qui doivent être mis à jour en 2023 et 2024, afin d’atteindre collectivement le nouvel objectif. En outre, afin de faire progresser l’intégration des énergies renouvelables dans les secteurs où leur incorporation a été plus lente, le Conseil a convenu de mesures et d’objectifs sectoriels plus ambitieux. En ce qui concerne les sous-objectifs dans le domaine des transports, le Conseil a introduit la possibilité pour les États membres de choisir entre :
– un objectif contraignant de réduction de 13 % de l’intensité des gaz à effet de serre dans les transports d’ici 2030. Les États membres disposeront de davantage d’options pour atteindre cet objectif, comme la possibilité de fixer un objectif différencié pour le transport maritime, pour autant que l’objectif global soit atteint ;
– ou un objectif contraignant d’au moins 29 % d’énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie dans le secteur des transports d’ici 2030.
Le Conseil a fixé un sous-objectif contraignant pour les biocarburants avancés dans la part des énergies renouvelables fournies au secteur des transports, de 0,2 % en 2022, de 1 % en 2025 et de 4,4 % en 2030, intégrant l’ajout d’un double-compte pour ces carburants. En ce qui concerne les carburants renouvelables d’origine non biologique dans les transports (principalement l’hydrogène renouvelable et les carburants de synthèse à base d’hydrogène), le Conseil a convenu d’un sous-objectif indicatif de 2,6 %, ce qui correspond à 5,2 % avec l’ajout d’un multiplicateur également.
Le Conseil a ajouté un plafond au montant de la consommation finale d’énergie dans le secteur maritime, à inclure dans le calcul des objectifs spécifiques en matière de transport.
A également été décidée une augmentation progressive des objectifs en matière d’énergies renouvelables pour le chauffage et le refroidissement, avec une augmentation contraignante de 0,8 % par an au niveau national jusqu’en 2026 et de 1,1 % entre 2026 et 2030. Le taux annuel moyen minimal applicable à tous les États membres est complété par des augmentations indicatives supplémentaires calculées spécifiquement pour chaque État membre. Pour l’industrie, un objectif indicatif de 1,1 % d’augmentation annuelle moyenne de l’utilisation des énergies renouvelables est fixé. Il est également convenu que, d’ici 2030, 35 % et, d’ici 2035, 50 % de l’hydrogène utilisé dans l’industrie devraient provenir de carburants renouvelables d’origine non biologique. Le Conseil a fixé un objectif indicatif d’au moins 49 % d’énergies renouvelables dans les bâtiments d’ici 2030. Enfin, le Conseil préconise de durcir les critères de durabilité de la biomasse afin de réduire le risque de production bioénergétique non durable. Le Conseil a également ajouté des mesures pour limiter la fraude s’agissant des biocarburants.
Le Conseil a introduit des procédures d’autorisation accélérées pour les projets dans le domaine des énergies renouvelables, conformément aux priorités du plan REPowerEU proposé par la Commission en mai 2022. L’objectif est d’accélérer le déploiement des énergies renouvelables dans le cadre de l’ambition de l’UE de devenir indépendante des combustibles fossiles russes, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Efficacité énergétique
Le Conseil a convenu de réduire la consommation d’énergie au niveau de l’UE de 36 % pour la consommation finale d’énergie et de 39 % pour la consommation d’énergie primaire d’ici 2030. L’objectif clé de 36 % de réduction au niveau européen de la consommation d’énergie finale serait contraignant. Ces objectifs utilisent une nouvelle base de référence et correspondent à un objectif de réduction de 9 % par rapport à 2020. La consommation finale d’énergie représente l’énergie consommée par les utilisateurs finaux, tandis que la consommation primaire d’énergie inclut également ce qui est utilisé pour la production et la fourniture d’énergie.
Il est convenu que tous les États membres contribueront à la réalisation de l’objectif global de l’UE au moyen de contributions et de trajectoires nationales indicatives, fixées par les États membres dans leurs plans nationaux intégrés en matière d’énergie et de climat (PNEC), qui doivent être actualisés en 2023 et 2024. La formule définie à l’annexe I pour le calcul de ces contributions serait indicative, avec la possibilité de s’en écarter de 2,5 %. La Commission calculerait si toutes les contributions permettaient d’atteindre l’objectif de 9 %, et dans la négative, communiquerait des contributions nationales corrigées si les contributions étaient inférieures à ce qu’elles auraient été en utilisant la formule. La formule est fondée, entre autres, sur l’intensité énergétique, le PIB par habitant, le développement des énergies renouvelables et le potentiel d’économies d’énergie.
Le Conseil a également convenu d’une augmentation progressive de l’objectif en matière d’économies d’énergie pour ce qui concerne la consommation finale d’énergie. Les États membres devraient économiser 1,1 % de la consommation finale annuelle d’énergie à partir du 1er janvier 2024; 1,3 % à partir du 1er janvier 2026 ; et 1,5 % à partir du 1er janvier 2028 jusqu’au 31 décembre 2030, avec la possibilité de reporter un maximum de 10 % d’économies excédentaires sur la période suivante. Le Conseil a prévu la possibilité de comptabiliser les économies d’énergie réalisées grâce à des technologies de combustion de combustibles fossiles uniquement dans le secteur industriel dans des cas dûment justifiés, confirmés par des audits énergétiques, dans le calcul visant à déterminer si l’objectif est atteint.
Désormais, le Conseil et le Parlement vont maintenant entamer des négociations interinstitutionnelles afin de parvenir à un accord sur le texte final des deux directives. « L’accord des États membres sur ces deux projets de textes marque une avancée majeure pour la lutte contre le réchauffement climatique. Décarboner nos systèmes énergétiques grâce à un déploiement massif des énergies renouvelables et des efforts importants en matière d’économies d’énergie est essentiel pour atteindre nos objectifs climatiques. Cela nous aidera également à réduire notre dépendance à l’égard de la Russie en matière énergétique, dans le contexte de guerre en Ukraine », a indiqué Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, dans une communication.
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