D’après pv magazine USA
Le président américain Joe Biden a ordonné lundi 6 juin deux mesures d’urgence pour stimuler l’industrie solaire nationale. La première est une exemption pour 24 mois des droits de douane sur les modules solaires fabriqués au Cambodge, en Malaisie, en Thaïlande et au Vietnam, qui représentent actuellement environ 80 % des importations américaines de modules. Il s’agit d’une réponse directe à l’incertitude qui règne dans l’ensemble de l’industrie depuis que le Département du Commerce (DOC) a annoncé le 28 mars qu’il allait lancer une enquête anti-dumping sur d’éventuelles violations commerciales concernant les importations de panneaux solaires provenant d’entreprises chinoises travaillant au Cambodge, en Malaisie, en Thaïlande et au Vietnam, à la suite d’une plainte déposée de la société californienne Auxin Solar. L’enquête du département du Commerce aurait en effet entraîné l’annulation de centaines de projets solaires aux États-Unis, les entreprises craignant de devoir payer des droits de douane rétroactifs. Cette décision vise donc à garantir que les États-Unis aient accès à un approvisionnement suffisant en modules solaires pour répondre aux besoins de production d’électricité pendant que la fabrication nationale augmente.
En effet, Joe Biden a invoqué parallèlement la loi sur la production de défense (Defense Production Act). Promulguée en 1950, celle-ci permet aux présidents d’ordonner à des entreprises privées la production prioritaire de certaines catégories de produits et d’allouer des matériaux, des services et des installations à des fins de la défense nationale. L’ordre a été invoqué deux fois lors de la pandémie de Covid-19 afin d’exiger d’entreprises qu’elles produisent des appareils respiratoires destinés aux hôpitaux et des équipements de protection. Cette fois-ci, elle a pour but d’accélérer la production américaine sur toute la chaîne d’approvisionnement solaire et de réduire la dépendance globale à l’égard du matériel et des matériaux photovoltaïques importés. Les rapports indiquent ainsi que l’objectif de l’invocation de cette loi est de porter la capacité de production solaire nationale à 22,5 GW d’ici 2024.
L’industrie solaire applaudit
L’action du président a déjà été saluée par les défenseurs de l’énergie solaire. La présidente et directrice générale de l’Association des industries de l’énergie solaire (SEIA), Abigail Ross Hopper, a salué cette initiative dans un communiqué. « Nous applaudissons l’approche réfléchie du président Biden pour résoudre la paralysie de la chaîne d’approvisionnement solaire, a-t-elle déclaré. Le président offre à court terme une plus grande sécurité pour les entreprises, qui peut reprendre son déploiement rapide, tout en exploitant la puissance de la Defense Production Act pour préparer l’avenir. Les mesures prises aujourd’hui protègent les emplois existants dans le secteur de l’énergie solaire, conduiront à une augmentation de l’emploi dans ce secteur et favoriseront une base solide de fabrication de produits solaires ici, chez nous. Alors que l’enquête du ministère du Commerce se poursuivra comme l’exige la loi, et que nous restons convaincus que l’examen des faits aboutira à une décision négative, l’action du président est un sursis bien nécessaire à cette enquête qui écrase l’industrie ».
« Maintenant que nous avons un sursis face aux impacts destructeurs de l’enquête du DOC, nous sommes impatients de travailler avec l’administration et nos alliés du Congrès pour garantir l’adoption de politiques qui renforcent notre chaîne d’approvisionnement nationale, comme le paquet fiscal sur l’énergie propre actuellement en cours de négociation, qui prévoit des crédits d’impôt pour la fabrication avancée et des incitations fiscales à long terme pour les énergies renouvelables », a pour sa part indiqué Gregory Wetstone, président et directeur général de l’American Council on Renewable Energy (ACORE) dans un communiqué de presse.
Impact immédiat de l’enquête du DOC
Dans les mois qui ont suivi l’annonce de l’enquête du DOC, la SEIA a abaissé de 46 % ses prévisions d’installations solaires pour 2022 et 2023, prévoyant que l’affaire entraînerait une baisse de 24 GW de la capacité solaire prévue au cours des deux prochaines années, soit plus de solaire que l’industrie n’en a installé sur toute l’année 2021. Toujours selon un sondage réalisé par l’organisation, 83 % des personnes interrogées qui achètent ou utilisent des modules ont signalé des annulations ou des retards dans leurs contrats d’approvisionnement en modules. Dans 13 États, 100 % des personnes interrogées ont déclaré que leur approvisionnement en modules était retardé ou annulé. Ainsi, sur la base des rapports volontaires, les réponses ont indiqué à la SEIA qu’un total de 318 projets à grande échelle, représentant 51 GW de capacité solaire et 6 GWh de stockage sur batterie, ont été annulés ou retardés. Avec une telle perte de capacité, la SEIA a estimé que les États-Unis émettraient 364 millions de tonnes métriques de carbone supplémentaires d’ici 2035. L’enquête de la SEIA se basait sur l’hypothèse de droits de douane de l’ordre de 50 à 250 %, suite à un verdict positif de l’enquête du DOC et une forte restriction de l’offre d’importations de modules en provenance du Cambodge, de la Malaisie, de la Thaïlande et du Vietnam.
Pressions extérieures
Depuis l’annonce de l’enquête, l’administration Biden est coincée entre le marteau et l’enclume, opposant les objectifs de Biden de décarboniser le réseau électrique américain d’ici 2035 et de réduire les émissions nationales de gaz à effet de serre de 50 à 52 % d’ici 2030, par rapport aux niveaux de 2005, à la pression politique existante pour s’opposer aux pratiques économiques et à la dépendance aux produits chinois. Le DOC et l’administration Biden ont été inondés de supplications de la part des défenseurs des énergies renouvelables et des politiciens pour qu’ils abandonnent l’enquête. À ce jour, 22 sénateurs et 19 gouverneurs d’État ont officiellement demandé au DOC de rendre une décision préliminaire rapide et négative.
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