Quelles sont les catégories de matériels les plus volées lors de la construction, puis de l’exploitation d’une centrale photovoltaïque ?
Daniel Moreno : il existe deux catégories de voleurs. Les petits malfrats tout d’abord qui vont s’intéresser à tout ce qu’ils peuvent transporter à la main ou dans leur voiture : câbles en cuivre, outillages, carburant, batteries des engins, ordinateurs et équipements électriques ou électroniques. Ces méfaits peuvent être assortis de dégradations.
D’un autre côté, il y a les criminels « professionnels » : ils surveillent les activités sur les chantiers et attendent le bon moment pour agir. Le plus souvent, ils peuvent embarquer des utilitaires, des engins de chantier, des groupes électrogènes et/ou une grande quantité de câbles en cuivre. Par exemple, en août dernier, plusieurs bobines représentant 45 kilomètres de câbles en cuivre ont été volées sur le chantier de la centrale photovoltaïque de Folpersviller en Moselle, les voleurs ayant probablement profité de l’isolement du site. Ainsi, selon la Fédération Française du Bâtiment, le préjudice annuel concernant le vol de matériel et d’engins sur les chantiers, tout type confondu, est estimé à plus d’un milliard d’euros, ce qui représente environ 1 % du chiffre d’affaires du secteur.
La phase la plus critique se situe pendant la construction d’un parc, car il a beaucoup de matériels stockés et beaucoup d’intervenants et donc de va-et-vient. En revanche, selon nos observations, les vols de panneaux photovoltaïques sont encore rares car ils sont trop encombrants et fragiles à transporter.
Quelles sont donc les solutions qui peuvent être mises en place ?
Il existe plusieurs technologies modernes, comme les câbles de détection d’intrusion, qui attachés à la clôture, permettent de déclencher une alarme dans un centre de télésurveillance, en cas d’intrusion. Il existe également les systèmes de caméras, certaines sont intelligentes et reliées à des éclairages automatiques et des alarmes qui émettent un son stridant sur le site.
Ces solutions peuvent dissuader une partie des voleurs opportunistes, mais pas les bandes professionnelles. En effet, ces dernières observent toujours en amont le fonctionnement d’un site. S’il n’y a pas de gardiennage humain sur place, elles vont d’abord effectuer quelques intrusions pour repérer les angles morts des caméras ou pour se faire détecter et chronométrer les délais d’intervention d’un agent de sécurité mobile. En zone urbaine et péri-urbaine, nous avons constaté que la police ou les équipes d’intervention peuvent mettre jusqu’à 40 minutes pour arriver sur place. Ce délai peut monter à une heure si le lieu est isolé ou difficile à trouver, ce qui laisse largement le temps pour agir. Enfin, certains voleurs sont équipés pour neutraliser les caméras et alarmes, en les empêchent de transmettre l’alerte à la centrale de vidéosurveillance.
C’est pourquoi nous préférons la présence humaine, afin d’éviter les vols et de réduire les dégradations. Le nombre d’agents à déployer dépendra de la superficie du chantier photovoltaïque et de la configuration du site. Par exemple, nous avons travaillé sur un chantier de 60 hectares en zone péri-urbaine à côté de Bordeaux, qui a nécessité la présence de deux agents la nuit pendant plusieurs mois. Pour un chantier plus petit, d’une vingtaine d’hectares et plus au calme, un seul agent peut suffire. Dans tous les cas, nos employés sont équipés des protections nécessaires : gilet pare-balle, dispositif homme mort, qui permet d’identifier à distance une station horizontale anormale… Enfin, nous conseillons nos clients à rassembler la nuit, quand c’est possible, tous leurs équipements et matériels dans une même zone, afin d’optimiser la surveillance.
Quel est le coût de ces solutions techniques et humaines ?
Le coût de la surveillance humaine se détermine en fonction de la quantité d’agents présents sur le site et de la quantité d’heures de gardiennage effectués, pour une surveillance la nuit et week-ends. Le coût mensuel est d’environ 13 500 euros HT pour un agent, s’il y a déjà tout le nécessaire déjà sur place (base vie avec wc, chauffage…). Notre profession est régie par le Conseil National des activités privées de sécurité (CNAPS), organisme du ministère de l’Intérieur, dont l’une des fonctions est de veiller au respect des barèmes salariaux. En effet, certaines entreprises du secteur n’hésitent pas à proposer des tarifs “low cost” qui ne couvrent même pas les coûts de revient d’un agent de sûreté. Concernant la surveillance 100 % électronique, que nous ne proposons pas, il faut compter entre 600 et 1000 euros pour une tour de surveillance, mais qui ne couvre qu’une surface limitée.
Créée en 2019, la société Alliance Légion Sécurité Privée est spécialisée dans la sécurité privée, la sûreté et le gardiennage de chantiers photovoltaïques et éoliens en construction. Basée dans le Tarn et Garonne, elle emploie entre 2 et 10 personnes selon la saison, souvent d’anciens militaires nous avons entre 2 à 10 employés selon la saison, souvent d’anciens militaires habitués aux sites rustiques et isolés.
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